La BD comme thérapie : survivant de l’attentat du Bataclan

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Vendredi, 28 octobre 2016
Le 13 novembre 2015, Fred Dewilde*, 49 ans, graphiste, père de trois enfants, est dans la salle de spectacle parisienne Le Bataclan. Il vient entendre le groupe rock américain Eagles of Death Metal. Lorsque des terroristes islamistes font irruption dans la salle et tirent sur les spectateurs à bout portant, Fred Dewilde se jette au sol parmi les blessés et les cadavres.
Pour survivre, il fait semblant d’être mort. L’horreur durera deux heures. Ce soir-là, 89 personnes seront tuées.
Presque un an plus tard, ce survivant d’une des pires attaques terroristes en territoire français publie une bande dessinée intitulée Mon Bataclan (Lemieux Éditeur).
Nous l’avons joint cette semaine, à sa résidence parisienne.

Pourquoi était-ce important, pour vous, de faire ce livre ?

Pour moi, c’était un exutoire, une manière de dire ce que je n’avais pas réussi à dire auparavant. J’avais le film en ­permanence dans ma tête. Et je sais très bien que le dessiner était le seul moyen pour m’en sortir.

Vous avez choisi de représenter les terroristes comme des squelettes avec des faces blanches. Pourquoi ?

Les représenter comme des animaux, ça aurait été trop insultant pour les animaux. J’ai pensé à une gravure du XVe siècle de Dürer, représentant les cavaliers de l’Apocalypse comme des squelettes. Je me suis dit que le squelette était une façon de dire qu’ils étaient sortis de l’humanité. Ils étaient déjà morts.

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Faites-vous encore des cauchemars en pensant au Bataclan ?

Maintenant, quand je repense au Bataclan­­, je vois ma BD. Je vois ce que moi j’en ai reconstruit. Je ne vois quasiment plus les vraies images. Ce que j’ai retranscrit, c’est vraiment pour moi une réappropriation. J’ai fait de ce Bataclan, de cette horreur, « mon » Bataclan, « mon » horreur, avec ma représentation.

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Arnaud, rescapé de l’attentat du Bataclan : « J’ai envie de vivre, même sans mes jambes »

logo-closerArnaud, rescapé de l’attentat du Bataclan : « J’ai envie de vivre, même sans mes jambes »
Par Lola Vauban
Le 23 août 2016

Le commissaire Arnaud Beldon, devenu paraplégique après avoir reçu une balle lors de l’attentat du Bataclan, a reçu, en juin, la légion d’honneur. Avec sa compagne Bérangère, il se bat pour se reconstruire.

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Il a encouragé les personnes à fuir alors qu’il restait au sol

21 heures, le concert commence. Les gens sont heureux. Les couples se tiennent par la main. Bérangère regarde son portable. Il est 21h37. « Arnaud m’enlace. C’est la dernière fois que je le vois à mes côtés [debout, NDLR] mais ça, je ne le sais pas encore. Je lui dis merci et l’embrasse. Puis soudain, des coups de feu retentissent », poursuit-elle. Les gens commencent à hurler. Arnaud ordonne à sa femme de se coucher. Il lui dit qu’il faut sortir d’ici. Les terroristes rechargent leurs armes et tirent à nouveau. « Arnaud me dit qu’il est touché, qu’il ne sent plus ses jambes. Je ne raisonne plus. Il me dit qu’il m’aime, et qu’il faut que je me tire de cet endroit. Il me demande de me mettre sous lui mais j’ai du mal à le concevoir comme bouclier humain. Je le serre fort contre moi. »

Au moment où les terroristes montent à l’étage, Arnaud ordonne à Bérangère de partir. Elle fonce vers la sortie. « Je l’ai laissé seul, avec un sentiment d’abandon qui ne m’a toujours pas quittée. J’ai cru que je ne le reverrais plus jamais. » Des heures plus tard, elle apprend que son compagnon a été évacué, conscient.
Pour s’en sortir, il a rampé sur les corps, soulevant ses jambes comme il le pouvait jusqu’aux portes battantes de la sortie. Il a encouragé toutes les personnes qui l’entouraient à fuir, alors que lui-même restait au sol. Uni par ce drame, le couple se reconstruit ensemble. « Il a autant besoin de moi que moi de lui pour avancer, explique Bérangère. Je suis fière de tous les progrès qu’il fait. » Dès qu’il le pourra, Arnaud reprendra le travail. Il sera le premier commissaire en fauteuil roulant. « Ce que je veux, c’est qu’on ne voit plus le fauteuil roulant mais qu’on me voit moi », dit-il.

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