Guillaume Valette – † 19 novembre 2017


La famille du rescapé du Bataclan qui s’est suicidé veut rétablir la vérité
« La seule chose que mon frère ait refusé, c’est d’adhérer à une association de victimes », confie le frère de Guillaume Valette au « HuffPost ».
27/11/2017

Annabel Benhaiem Journaliste, responsable de la rubrique Ça Marche

 

ATTENTATS – « Mon frère a bien été suivi médicalement et soutenu par sa famille depuis deux ans », tempête le frère de Guillaume Valette. Ce dernier est le jeune homme rescapé de l’attentat du Bataclan, qui s’est suicidé dans la semaine du 13 novembre 2017.
La colère du frère, qui souhaite rester anonyme, trouve son origine dans un communiqué publié sur Facebook par l’association de victimes 13onze15 – Fraternité et vérité. On pouvait y lire:

« Guillaume était âgé de 31 ans, il était présent au Bataclan lors de l’attaque terroriste et n’avait souhaité se faire aider ni par sa famille, ni par l’une des associations de victimes (« 13onze15 – Fraternité et Vérité » ou « Life For Paris »), il voulait rester seul. »

« Nous avons été là depuis le début »

« Cette phrase a été reprise dans de nombreux médias, précise le frère de la victime au HuffPost, c’est dur pour mes parents, mon autre frère et moi, pour tout le monde. Nous avons été là depuis le début pour Guillaume. Nous l’avons accompagné à l’hôpital le lendemain de l’attentat pour l’aider à sa prise en charge médicale. Pareil lorsqu’il a rechuté en septembre. Nous étions proches de lui. Bien sûr, c’était un adulte, il en disait sûrement plus à sa thérapeute qu’à nous, mais cela ne signifie pas qu’il refusait l’aide de sa famille. »

Se justifier sur ce point, l’exercice est insoutenable pour cette famille endeuillée… D’autant plus que l’association s’est trompée une première fois, en écrivant que le jeune homme avait refusé tout soin.

« J’ai dû appeler pour rectifier avant que nous nous rendions à la cérémonie d’hommage devant le Bataclan samedi 25 novembre. »

Le frère de Guillaume appelle alors avec France victimes, son unique interlocuteur, qui a organisé l’hommage. France victimes, avec qui Le HuffPost s’est entretenu, promet de relayer la rectification auprès de 13onze15. Cette dernière publie une note à son communiqué, mais elle est encore erronée.
Contactée par le Le HuffPost, 13onze15 plaide pour une incompréhension au moment du relais d’information.

La seule chose que mon frère ait refusé, c’est d’adhérer à une association de victimes

Les médias continuent de publier ces mauvaises informations sur l’histoire de Guillaume, n’imaginant pas que l’association, seule entité à avoir annoncé le décès, ait pu se tromper.

« Note : 25/11. Ce message a été modifié à la demande de la famille de Guillaume qui souhaite préciser qu’il était suivi par psychologue et psychiatre et que le refus de soutien portait plus sur les associations et la famille (sans doute pour la protéger). »

Là encore, le frère de Guillaume tique devant cette phrase : « Le refus de soutien portait plus sur les associations et la famille (sans doute pour la protéger) ».
« La seule chose que mon frère ait clairement refusé, précise le frère au HuffPost, c’est d’adhérer à une association de victimes. Je crois qu’il ne voulait pas se retrouver avec les autres victimes, c’était trop dur pour lui. »

« Et de leur famille »

L’objectif de la famille de Guillaume Valette n’est pas de susciter un conflit avec les associations, mais de prévenir des risques de la diffusion de fausses informations.
Comme l’évoquait le frère de Guillaume dans son discours lors de l’hommage devant le Bataclan, « la tragédie qui nous réunit doit servir de témoignage pour que des moyens adaptés et efficaces soient mis en place pour soigner les plaies à la fois physiques et psychologiques des victimes, des rescapés et de leur famille. » Et de leur famille.

Pour lire l’article, cliquez sur le logo du HuffingtonPost