Roman de Genoudet – Il était une fois le 13 novembre

Roman – Il était une fois le 13 novembre
28/09/2017
Par Sabine Audrerie
ROMAN Convoquant images, regards et imaginaires, Adrien Genoudet tresse de son expérience au Bataclan le 13 novembre 2015 un conte salvateur.
L’Étreinte, d’Adrien Genoudet, Inculte, 134 p., 16,90 €

Quel baume assez puissant inventer pour dépasser un événement tel que celui vécu collectivement le 13 novembre 2015 au Bataclan  ? L’historien Adrien Genoudet suggère une piste en creux et en pratique dans son premier texte  : la littérature comme étreinte salvatrice. Ce jeune homme de 29 ans compose un roman où se tressent imaginaire et réflexion, qui entrent en résonance pour offrir des déflagrations plus belles que celles des balles de kalachnikov.

Chercheur en histoire visuelle, Genoudet sait la force des images, imprimées sur les rétines, rapportées dans les magazines ou animées des films. Décortiquer les jeux de trompe-l’œil est au cœur de son projet littéraire, balisé par des extraits signifiants de contes ou de poèmes (Lamartine, Verlaine, Roubaud, Perrault…) « L’événement, comme nous l’appelons tous du haut de notre balcon des curiosités, n’est finalement qu’un long entrelacement d’images qui nous habitent et que l’on refuse. »

En avril 2015, Patrick Boucheron et Mathieu Riboulet publiaient Prendre dates. Paris, 6 janvier-14 janvier 2015 (Verdier), réagissant par la contextualisation et la sédimentation des sentiments personnels et collectifs aux attentats de Paris. « On n’écrit pas pour autre chose  : nommer et dater, cerner le temps, ralentir l’oubli, notaient-ils. Prendre dates c’est aussi entrer dans l’obscurité de cette pièce sanglante et y mettre de l’ordre. » On peut lire le texte sensible d’Adrien Genoudet comme une réponse au geste de ses aînés, à qui il dédie son livre. Avec le même but : replacer le « je » au sein du « nous », dans un mouvement libérateur.

Pour lire l’article, cliquez sur le logo de La Croix

Conférence : Du temps social au temps subjectif du traumatisme lors des attentats terroristes

temps traumatisme

Du temps social au temps subjectif du traumatisme lors des attentats terroristes
en partenariat avec l’Association Chrysalides (Nice)

30 septembre 2017 – 10 heures

Lieu : Espace des Associations – Amphi Vira Souleù –
12ter place Garibaldi – Nice 06

PROGRAMME MATINÉE

Discutant :Thierry Roth, psychologue clinicien, psychanalyste (ALI)

10h, Anne Videau, professeur à l’Université ParisNanterre, Directeur conseil de l’EPhEP : Présentation

10h10-10h30, Christine Dura Tea, psychologue clinicienne, psychanalyste (ALI), Fondatrice Association Chrysalides: Introduction : «Honorer la vie»

10h30-11h, Dr Frédéric Jover, psychiatre, référent Cellule d’Urgence Médico-Psychologique 06, Docteur en philosophie rattaché au Laboratoire CRHI Université Côte d’Azur, Dép. Philosophie: «Développement des Cump en 2017 et clinique victimaire»

11h-11h30, Christophe-Hassen Djerrah, chef de service de la Maison pour l’Accueil de la Victime (Nice): «‘Une situation d’urgence’. L’articulation des dispositifs de prise en charge ET les victimes»

11h30-11h45 Pause

11h45-12h15, Charles Delors, docteur en psychologie clinique, psychologue de la CEPU Nice Sophia Antipolis : «Rencontre de la mort et de l’image dans les attentats de Nice»

12h15-12h45, Serge Lesourd, professeur de psychopathologie à l’Université de Nice, psychanalyste (Espace Analytique): «Il n’est de traumatisme qu’après-coup»

APRÈS MIDI

Discutante : Christine Dura Tea, psychologue clinicienne, psychanalyste (ALI), Fondatrice Association Chrysalides

14h-14h30, André Quadéri, professeur des Universités en Psychologie, psychothérapeute en EMDR : «Du trauma dit simple à l’amalgame traumatique»

14h30-15h15, Samira Adda, juriste, chef de service et Julien Spella, psychologue clinicien : Présentation de l’Espace d’Information et d’Accompagnement des victimes d’attentats : Focus sur la prise en charge psychologique des victimes de l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice

15h15-15h45, Choula Emerich, psychologue clinicienne, DEA psychopathologie, psychanalyste (ALI) : «Le traumatisme est-il toujours dans l’après coup ?»

15h45-16h15, Brigitte Giraud, psychanalyste  (ALI Draguignan): «Entre dette et traumatisme»

16h15-16h30 Pause

16h30-17h, Fernando Bayro-Corrochano, psychanalyste, enseignant à l’Université Paris Diderot, Centre Médical Spécialisé de l’Enfant et de l’Adolescent Bastille: «La ‘figuration du choc traumatique», une pertinence psychothérapeutique face au terrorisme»

17h-17h30, Dr Charles Melman, psychiatre, psychanalyste, Doyen de l’EPhEP, fondateur de l’ALI : «Le traumatisme dans la vie ordinaire» Conclusion

Lectures prpoposées en préparation à la journée :

>> Charles Melman : Qu’appelle t-on traumatisme psychique

>> Charles Melman: Les demoiselles de Freud

>> Charles Melman : Le désir de l’analyste

>> Charles Melman : Scène transférentielle du traumatisme


Par Christine Dura Tea
La date du 14 juillet 2016 est désormais inscrite dans la mémoire collective de la ville de Nice. Cette année la commémoration a initié un devoir de mémoire, avec ce que le droit à l’oubli lui doit. Cette Journée de l’EPhEP y participe. Nous pensions la question du traumatisme dans le XXe siècle, après les deux grandes guerres et celles que l’on ne nomme pas, avec la Shoah ou avec les génocides en Arménie, au Cambodge, au Rwanda, et tout n’a pas encore été dit. Comment ne pas entendre le retour de ce refoulement dans la violence et la destructivité des attentats du XXIe siècle, conséquence certaine des traumatismes du XXe siècle. Dans son Au-delà du principe de plaisir, Freud fait ce triste constat : «Que ce n’est pas la mort qui est un accident, mais la vie». Le colloque Incidences subjectives et sociales actuelles du traumatisme psychique à Tel Aviv en février 2016 a ouvert les débats, nous poursuivrons. Car, depuis, il y a eu les attentats à Paris, Bruxelles, Berlin, Londres, Istanbul, la Syrie. La même barbarie, les mêmes modes opératoires, le même effroi, les mêmes images ont envahi l’Europe faisant vaciller la culture de notre civilisation. Le traumatisme est devenu un des symptômes de notre lien social. Sa prise en charge est désormais autrement inscrite. Serions-nous désormais dans une culture du traumatisme et de sa prise en charge? Le traumatisme s’est peut-être bien déplacé : d’un « biological damage » et d’un excès d’excitation comme Freud nous le propose au début de son enseignement, à un fantasme qui porterait la frappe sexuelle traumatique pour un sujet, à l’effroi d’un Réel vidé de toute humanité, comment penser aujourd’hui les traumatismes de masse auquel le terrorisme nous convoque ? En effet les attentats terroristes illustrent autrement la prise en charge du traumatisme dans la mise en place sociale, politique, médicale, juridique des dispositifs et des temps qu’elle implique et jusque dans les modalités thérapeutiques qui requièrent une certaine invention dans l’accueil, la mise en place du transfert, l’arrimage imaginaire du sujet, ainsi que son rapport à la parole. Articuler le temps social au temps subjectif constitue l’accompagnement des victimes pour les réinscrire dans les dispositifs et dans leur histoire. Des professionnels de la ville de Nice, de Paris : psychologues, psychiatres, psychanalystes, juristes, policiers, travailleurs sociaux, enseignants ont manifesté au moment des attentats leur solidarité et leur présence auprès des victimes. Ils ont accepté pour cette journée de mettre ce Réel au travail.