Le 13 novembre, sa vie est devenue un puzzle dont il doit aujourd’hui recoller les morceaux. Franck Coste était au Bataclan. Pour ce musicien, la reconstruction passera par un concert hommage, qu’il organise le
8 janvier à Vieux-Condé.
Sur ce qu’il a vécu au Bataclan, Franck Coste préfère rester discret.
« Par respect pour les gens », résume-t-il. Tout juste dira-t-on qu’il a été au cœur de l’action : « J’ai fait des choses que je ne pensais pas faire un jour, j’ai vu des choses que ne pensais jamais voir. »
De Vieux-Condé où il habite, il avait fait spécialement la route pour voir les Eagles of Death Metal. Car Franck Coste – Cap’tain boogy, pour les intimes – est aussi musicien. Il joue du blues.
« On reste debout »
De fait, lorsqu’il a été question pour lui de se reconstruire, il a tout de suite pensé à ce qu’il savait faire : « Très vite, je me suis dit que j’allais organiser un concert. » Grâce à l’aide de nombreux bénévoles,
« Ter tous debout » se tiendra le 8 janvier à Vieux-Condé. « On reste debout, c’est ça le sens », précise Franck Coste.
L’hommage, le musicien tient à ce qu’il soit aussi rendu aux secours, aux policiers et aux militaires. « On ne pense pas assez à eux, précise-t-il. Ils sont les premiers à être arrivés et malgré la situation qui sortait de l’ordinaire, ils sont restés professionnels. » Aussi, Franck Coste se souvient que, « quand une rafale a éclaté, un pompier a fait barrage de son corps pour me protéger. Il n’a pas été blessé ». L’intégralité des bénéfices de « Ter tous debout » sera reversée aux orphelins des pompiers.
Le musicien le sait, organiser un concert ne suffira pas à faire table rase. « Il suffit d’un bruit, même des cris d’enfants », note-t-il, avant de poursuivre : « Ce soir-là, j’ai perdu une partie de moi dans cette salle. Au début on ne se rend pas compte. Puis il y a le contrecoup. En principe, je suis plutôt du genre grande gueule. Mais j’y ai laissé un truc. Des amis m’ont dit que quelque chose manquait dans mon regard. »
Des aides
Du soutien, Franck Coste en a. Beaucoup. « Je suis dunkerquois d’origine et musicien, ça aide ! », plaisante-t-il. Sans compter les aides psychologiques de l’État. « On est chouchouté par les institutions. » Mais comment partager l’inimaginable avec ceux qui ne l’ont pas vécu ? Franck l’avoue : « Je n’arrive à bien en parler qu’avec ceux qui y étaient. C’est tellement hors normes, eux seuls peuvent comprendre. »
Le concert est limité à 700 places.
Par Benoît Fabiszak