Livre – Nos 14 novembre de Aurélie Sylvestre

Nos 14 novembre
Aurélie Silvestre
Date de parution : 09/11/2016
Editeur : JC Lattès
ISBN : 978-2-7096-5926-0
EAN : 9782709659260
Format : Grand Format
Présentation : Dos carré collé
Nb. de pages : 274 pages
Poids : 0.324 Kg
Dimensions : 13,0 cm × 20,5 cm × 2,3 cm


Résumé
« L’homme de ma vie et le père de mes enfants est mort sous les balles des terroristes. Je viens de passer une nuit avec cette nouvelle dont je ne sais que faire. Je me rends à l’Ecole militaire, où l’on reçoit les familles. Mon fils dort encore, je pose la main sur mon ventre pour sentir ma fille. Le soleil se lève sur la ville, toute la beauté du monde n’a pas disparu. Je me redresse, j’essuie les larmes qui coulent sur mes joues.
Les suivantes ne sont déjà plus les mêmes, qui doucement font naître la décision la plus importante de mon existence : je vais continuer à vivre. Je lui dois bien ça, je nous dois bien ça. Nous serons heureux. »

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Victimisation : Ces conduites dissociantes sont des conduites à risques et de mises en danger

trauma-resilience-2012Mémoire traumatique et conduites dissociantes
 
Dr Muriel Salmona, 

in Traumas et résilience, Dunod, 2012

Ces conduites dissociantes sont des conduites à risques et de mises en danger : sur la route ou dans le sport, mises en danger sexuelles, jeux dangereux, délinquance, consommation de produits stupéfiants, violences contre soi-même comme des auto-mutilations, violences contre autrui (l’autre servant alors de fusible grâce à l’imposition d’un rapport de force pour disjoncter). Rapidement ces conduites dissociantes deviennent de véritables addictions. Elles sont alors utilisée non seulement pour échapper à la mémoire traumatique mais aussi pour prévenir tout risque qu’elle survienne. Ces conduites dissociantes provoquent la disjonction et l’anesthésie émotionnelle recherchées, mais elles rechargent aussi la mémoire traumatique, la rendant toujours plus explosive et rendant les conduites dissociantes toujours plus nécessaires, créant une véritable addiction aux mises en danger et/ou à la violence. Ces conduites dissociantes sont incompréhensibles et paraissent paradoxales à tout le monde (à la victime, à ses proches, aux professionnels), elles sont à l’origine chez la victime de sentiments de culpabilité et d’une grande solitude. Elles représentent un risque très importants pour sa santé (accidents, maladies secondaires aux conduites addictives, maladies liées au stress), elles rendent vulnérables à d’autres violences (risque de re-victimisation) et peuvent être à l’origine de nouvelles violences.

Ces mécanismes psychotraumatiques permettent de comprendre les conduites paradoxales des victimes et le cycle infernal des violences. Ils sont malheureusement méconnus, et les médecins qui ne sont pas formés à la psychotraumatologie ne vont pas relier les symptômes et les troubles des conduites que présentent les victimes aux violences qu’elles ont subies et donc ne pas les traiter spécifiquement. A la place ils peuvent utiliser des traitements qui sont en fait dissociants. Ces traitements (comme l’enfermement, la contention, les camisoles chimiques, l’isolement, les chocs électriques, voire la lobotomie qui est encore utilisée dans certains pays….) sont « efficaces » pour faire disparaître les symptômes les plus gênants et anesthésier les douleurs et les détresses les plus graves, mais ils aggravent la mémoire traumatique des patients.  La violence a la triste capacité de traiter de façon transitoire mais très efficace les conséquences psychotraumatiques, tout en les aggravant. Elle est sa propre cause et son propre antidote. Mais à quel prix ! Si la violence est paralysante et dissociante pour la victime, elle est pour l’auteur un outil de domination et une drogue anesthésiante. La violence est un formidable outil pour soumettre et pour instrumentaliser des victimes dans le but d’obtenir une anesthésie émotionnelle de l’agresseur. Elle devient ainsi une usine à fabriquer de nouvelles victimes et de nouvelles violences (Organisation Mondiale de la Santé, 2010).
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