Les intervenants d’aide de deuxième ligne face aux victimes d’attentat

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Un article d’Evelyne Josse, novembre 2015

 Les intervenants d’aide de deuxième ligne

Nous l’avons vu dans un article précédent [1], il existe deux niveaux d’intervention auprès des victimes d’attentat. La première ligne implique les aidants en contact direct avec les victimes en situation de crise et dans son décours immédiat. La deuxième ligne concerne les professionnels intervenant dans un second temps, à distance de la crise, en institution ou en cabinet. Parmi ceux-ci, on compte les psychologues et les psychiatres, les avocats, les magistrats, les agents de police de commissariat, etc.

Une souffrance spécifique

Les ondes de choc du trauma
On peut se représenter le traumatisme comme un tremblement de terre dont l’attentat terroriste constitue l’épicentre. Les ondes de choc se propagent en cercles concentriques à partir de l’événement traumatisant tout en diminuant d’intensité à mesure qu’elles s’en éloignent. La victime directe se situe dans le foyer du séisme et les ondes de choc bouleversent progressivement son entourage. Les ondes de choc bouleversent aussi les intervenants qu’elle rencontre durant et après la crise.

La traumatisation tertiaire : le traumatisme vicariant et la fatigue de compassion
Rappelons que la traumatisation secondaire constitue la première onde de choc du traumatisme et concerne les aidants de première ligne en contact direct avec la victime[2]. La seconde onde de choc touche les intervenants de deuxième ligne en relation avec les victimes directes et leurs proches en détresse. Parmi ceux-ci, on compte, au niveau professionnel :
• les policiers de commissariat,
• les enquêteurs,
• les avocats,
• les magistrats,
• les professionnels de la santé mentale (psychothérapeutes, psychologues, psychiatres) exerçant en cabinet ou au sein d’institutions, etc.

La traumatisation vicariante

Les intervenants de deuxième ligne n’ont pas vécu ni été témoins des actes terroristes mais ils sont concernés par eux et/ou par leurs conséquences du fait de leur proximité émotionnelle avec les victimes directes et avec leurs proches. En s’engageant auprès d’eux, ils sont confrontés à la souffrance mystérieuse des victimes, à leurs témoignages poignants ou à leur silence persistant. Ces situations qui leur font éprouver des émotions intenses peuvent induire chez eux une souffrance psychologique, plus ou moins intense et plus ou moins tardive, appelée traumatisation vicariante ou traumatisme vicariant. Lorsqu’ils souffrent de tels troubles, les intervenants sont considérés comme des victimes tertiaires.

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Attentats de Paris : « Mon livre n’est pas une thérapie » – Vous n’aurez pas ma haine

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Attentats de Paris : « Mon livre n’est pas une thérapie » – Vous n’aurez pas ma haine

05 avril 2016

Antoine Leiris a perdu sa femme, Hélène Muyal-Leiris, morte sous les balles des terroristes le 13 novembre au Bataclan. Aujourd’hui, le père de Melvil sort un livre « pour faire taire tous les mots qu’il a en tête ».

La femme d’Antoine Leiris, Hélène Muyal-Leiris est morte le 13 novembre au Bataclan sous les balles des terroristes. Aujourd’hui, il sort un livre Vous n’aurez pas ma haine. C’est aussi le nom du billet qu’il avait posté sur Facebook trois jours après les attentats de Paris et qui avait été très partagé. Le père de Melvil, qui avait 17 mois lorsque sa maman est morte, était l’invité d’Europe 1 mardi matin.

« Il faut lutter contre la colère avec la pensée et la réflexion ». « Je m’empêche de céder à la colère. La colère, c’est un instinct et il y a quelque chose d’animal en elle. Il faut lutter contre cela avec la pensée et la réflexion. Dans une société, si on laisse tous parler nos instincts, ce serait invivable. C’est pour cela que je résiste. C’est un refus de la faiblesse », a-t-il expliqué. Et près de cinq mois après les attentats, Antoine Leiris raconte « son quotidien, « le même que celui de tous les gens qui ont des enfants. Je n’ai pas encore repris le travail donc j’ai plus de temps. Je dépose mon enfant à la crèche et je ne fais que des choses de papa ».

« Ce livre n’est pas une thérapie »

Dans son livre, chargé d’émotions, Antoine Leiris se livre beaucoup car il avait « un besoin et une envie d’écrire ». Un geste qui lui est venu naturellement, pour « faire taire » tous les mots qu’il a en tête. Antoine Leiris l’assure, « avec ou sans ce livre, Hélène est avec nous et le rapport intime que j’ai avec elle et le plaisir que j’ai à ressentir le chagrin que j’ai pour elle est plus fort que ce livre ». Un livre « qui n’est donc pas une thérapie » mais « l’écriture offre des espaces de liberté immenses dans des moments où nous sommes dans le noir, dans le brouillard, perdu et isolé ».

Melvil « n’a plus les petits plats de sa maman »

Dans Vous n’aurez pas ma haine, Antoine Leiris parle également de son fils, Melvil, « qui n’a plus les petits plats de sa maman ». Un fils de presque deux ans maintenant, dont Antoine Leiris, « ne sait pas s’il a compris ce qu’il s’était passé ». Mais il en est certain, « la compréhension de ces événements va grandir avec lui ». Antoine Leiris va donc accompagner son fils « pour qu’il comprenne les événements avec un esprit libre ».

« Que justice soit faite »

Les attentats de Bruxelles ont récemment fait une douloureuse piqûre de rappel aux attentats de Paris et des nombreuses interpellations ont suivi. « Je suis ces événements comme tous les concitoyens et je ressens beaucoup de tristesse pour la Belgique, j’ai beaucoup de chagrin », a-t-il raconté. Il n’a donc maintenant qu’un souhait : « que justice soit faite ». Et justement, Salah Abdeslam, le dernier membre du commando du 13 novembre sera prochainement transféreé en France pour y être jugé. « La société doit lui adresser un message. Et j’espère qu’après un procès équitable, cette personne sera punie à hauteur de sa faute ».

« On s’est remis à rire »

A la question « comment ça va ? », Antoine Leiris répondait, laconique, le 20 novembre : « comme ça peut aller dans ces moments-là ». Aujourd’hui, il l’assure, « ça va mieux ». « Je me suis rendu compte qu’on allait mieux qu’avant quand, il y a quelques jours, on s’est remis à rire exactement comme avant. On est en train d’avancer ».


Antoine Leiris souhaite « un procès équitable… par Europe1fr

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