« Je suis inquiète pour la santé des enfants niçois »

Logo Le Monde« Je suis inquiète pour la santé des enfants niçois »
12.09.2016
Propos recueillis par Gilles Rof
Chef du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent au CHU Lenval de Nice, la professeure Florence Askenazy a vu passer plus de 900 patients dans ses services depuis l’attentat qui a fait 86 morts le soir du 14 juillet sur la promenade des Anglais. Après la mobilisation d’urgence, elle appelle à la mise en place de moyens supplémentaires pour en limiter les conséquences sanitaires.

Peut-on déjà mesurer l’impact de l’attentat du 14 juillet chez les jeunes Niçois ?

Florence Askenazy : Il est trop tôt pour faire un bilan psychologique de ce qu’il s’est passé, mais je pressens que les conséquences sur la santé des enfants et des adolescents seront lourdes. Il faut prendre en compte que, depuis 1945, c’est l’acte de guerre qui a touché le plus d’enfants en France. Depuis deux mois, nos équipes ont vu plus de 900 personnes. Des enfants, des adolescents, qui viennent avec leurs parents. Des consultations assez longues qui laissent place au récit de ce qu’il s’est passé. Trois composantes ressortent : l’extrême violence de l’acte, sa longueur, avec des enfants qui ont vu leurs parents se cacher, fuir dans la panique, porter secours à des blessés… Enfin, le fait que, directement ou par capillarité, c’est l’ensemble de Nice qui est touché. Tout l’écosystème de la ville est ébranlé. C’est pour cela que je suis assez inquiète pour l’évolution de la santé des enfants et des adolescents niçois.

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Les proches des victimes des attentats essaient de faire face

nouveau-logo-la-croixpng-289134Les proches des victimes des attentats essaient de faire face
Isabelle Demangeat, le 09/09/2016
Si les attentats ont pu provoquer chez une partie de nos contemporains une prise de conscience de leur propre finitude, les proches des victimes, eux, tentent avant tout de survivre.
Fatiguée, Nadine Ribet-Reinhart souffle au téléphone  : « Ma mort, je m’en fiche. » « Je n’y pense même pas », confie-t-elle après avoir contrôlé des sanglots. Pas le temps, pour cette mère habitée par l’envie de continuer à faire vivre son fils aîné, Valentin, mort au Bataclan, le 13 novembre, en créant notamment une fondation pour lutter contre l’illettrisme (1). Pas l’idée non plus. « C’est déjà trop difficile, même sur le plan intellectuel, d’envisager la perte de son enfant, d’un sujet jeune, au terme d’un acte de guerre, explique-t-elle. Cela fait déjà tellement d’éléments que nous tentons, peu à peu, d’affronter et de digérer pour apprendre à continuer d’avancer différemment… » L’horizon de sa propre mort, la prise de conscience de sa finitude, n’ont ni l’espace ni le temps d’apparaître.
Ce médecin de 55 ans, mère de deux autres enfants, n’a pas d’autre choix que d’agir en termes de priorités. Le plus important aujourd’hui : « Montrer à nos autres enfants que nous sommes là, avec mon mari, pour eux ; que nous sommes encore debout, même s’il y a des moments de faiblesse. Nous essayons de faire en sorte qu’ils puissent franchir cette épreuve, très difficile à vivre pour eux qui n’ont pas notre maturité ni notre expérience. » Il s’agit de les préserver, de se préserver, de se protéger beaucoup. Et de survivre.

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