Arrestation d’une nouvelle fausse victime des attentats du 13-Novembre

Arrestation d’une nouvelle fausse victime des attentats du 13-Novembre
13 février 2018
Article par Fanny Delporte et A. L.
Une femme de 48 ans a été arrêtée dans le Val-de-Marne. Elle s’était fait passer pour une victime des attentats du 13-Novembre au Bataclan.
Elle était même devenue salariée d’une des associations de victimes. Une femme âgée de 48 ans, habitante de Maisons-Alfort (Val-de-Marne), a été arrêtée ce mardi par la police. Elle s’était fait passer pour une victime des attentats du 13-Novembre au Bataclan et avait touché 25 000 euros à ce titre.
La quadragénaire, qui a reconnu les faits, n’est pas à sa première escroquerie. Elle a été déjà condamnée à trois reprises pour des faits similaires. La femme sera jugée en comparution immédiate ce mercredi.
Les investigations ont commencé « parce que son téléphone n’a jamais borné près du Bataclan le soir des faits », explique le parquet de Créteil. Autre élément, il a pu être démontré que les factures d’achat de ses billets pour le concert le soir de l’attentat avaient en réalité été falsifiées.

Elle travaillait dans une association de victimes

Au lendemain des attentats, la femme s’était engagée au sein de l’association Life for Paris. Présidée par Arthur Dénouveaux, elle est l’une des principales associations de victimes, revendiquant sur son site Internet 450 membres. D’abord bénévole, la quadragénaire en était devenue une employée, en CDD, depuis mars 2017.
L’association Life for Paris, interrogée par l’AFP, s’est dite « victimes » de la tromperie et a mis en cause les autorités. « L’escroc faisait partie de la liste unique (de victimes, ndlr) du parquet, qui n’a pas fait les vérifications nécessaires. C’est Life For Paris qui a fait le travail de contrôle que l’Etat aurait dû faire », a déclaré Arthur Dénouveaux.

Les 25 000 euros étaient une provision

C’est grâce à son action au sein de l’association que la fausse victime a pu construire son histoire et mensonge. « Elle a fabriqué de faux documents à partir de documents de l’association grâce auxquels elle a pu obtenir des avantages réservés aux victimes des attentats », explique le parquet de Créteil.
Le Fonds de garantie des victimes de terrorisme et d’autres infractions (FGTI), qui indemnise les victimes, devrait se porter partie civile. Les 25 000 € touchés par la Val-de-Marnaise correspondaient à « une provision sur l’indemnisation totale », précise le FGTI.

Treize personnes déjà condamnées

Cette fausse victime n’est pas la première. Entre le 21 novembre 2016 et le 1er décembre 2017, onze personnes ont été condamnées pour tentative d’escroquerie et deux pour escroquerie. En décembre, un homme qui s’était fait passer pour une fausse victime du Bataclan, jusqu’à témoigner dans les médias, avait écopé de six mois de prison ferme.
Les attentats du 13-Novembre 2015, à Paris et Saint-Denis, ont fait 130 morts et plusieurs centaines de blessés.

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Pour vivre notre deuil, nous avons besoin de silence, de pudeur, de dignité, de respect…


Diffusion d’un téléfilm sur les attentats du 13 novembre retardé par France 2 suite à une pétition.
par Lucille Bion

« Pour vivre notre deuil, nous avons besoin de silence, de pudeur, de dignité, de respect… Et non d’une fiction romanesque destinée à réveiller l’audimat de votre chaîne de télévision. »

Il y a un mois, France 2 démarrait le tournage de Ce soir-là,un téléfilm romantique qui a en fait l’intention de retracer l’attaque terroriste du 13 novembre 2015. Jour où, on le sait, 130 personnes ont perdu la vie.
Immédiatement, ce projet a hérissé les poils de nombreux Français qui ont lancé une pétition en ligne contre la production de cette fiction, réalisée par Marion Laine (Un cœur simple, À cœur ouvert) et avec, dans les premiers rôles, Sandrine Bonnaire (La Cérémonie) et Simon Abkarian (Kaboul Kitchen).
Les auteurs de la pétition expliquent que ce projet intervient d’abord trop tôt dans le processus de deuil, et dénonce également les intentions malsaines de France 2 privilégiant toujours, selon eux, le sensationnalisme à l’art :

« Ce projet nous blesse, nous heurte, nous choque… Nous sommes scandalisés qu’un tel projet audiovisuel puisse voir le jour si peu de temps après cet événement aussi violent. Quel intérêt pour nous, familles endeuillées, victimes et proches de victimes, de revivre ainsi cet événement dans le cadre d’un téléfilm ?
Pensez-vous réellement que ce projet est de nature à rendre hommage à nos morts, à nos chers disparus ? Souhaitez-vous que l’on vous raconte la nuit d’horreur que nous avons vécue entre le 13 et le 14, bien loin de l’histoire d’amour que vous imaginez ?
Pour vivre notre deuil, nous avons besoin de silence, de pudeur, de dignité, de respect… Et non d’une fiction romanesque destinée à réveiller l’audimat de votre chaîne de télévision. Ne pouvez-vous donc pas trouver d’autres sujets de fiction pour attirer vos téléspectateurs, sans raviver nos douleurs et notre deuil ?
L’art peut certes avoir une fonction réparatrice et consolatrice, mais de mais, de grâce, n’osez pas, ici, nous parler de projet artistique. »

Ces quelques lignes sont directement adressées à France 2 et à Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, qui ont répondu dans un communiqué de presse :

« Le film étant en cours de montage, il n’a pas encore été visionné par la direction de la chaîne. France 2 a pris la décision d’ajourner ce projet tant que la production du téléfilm n’aura pas consulté largement l’ensemble des associations des victimes. »

Les associations, toujours présentes

La plus connue des associations de victimes, Life for Paris, comprend aujourd’hui des personnes de plus de 25 nationalités différentes et est toujours aussi active et soucieuse d’aider les victimes du traumatisme des attentats. L’association s’est d’ailleurs exprimée sur la conception de Ce soir-là.

« Ce qui a choqué les membres de Life For Paris, c’est d’abord le fait que ce soit une fiction, qui plus est sous l’impulsion du service public. Beaucoup d’entre nous ont le sentiment que cela intervient trop tôt. Les attentats de Paris appartiennent dorénavant à l’histoire avec un grand H.
À partir de là, cela peut faire l’objet de récupération, que ce soit politique, médiatique ou artistique. Évidemment, votre propre histoire vous échappe et je pense que c’est ça qui est très difficile pour les victimes et leurs proches. »

Si France 2 a expliqué qu’aucune date de diffusion n’avait été établie, Alexis Lebrun, porte-parole, aurait tout de même cru entendre que la chaîne « compte diffuser ce téléfilm l’année prochaine, à l’occasion des trois ans des attentats du 13-Novembre ». Selon lui, « un plateau avec des invités pour débattre est prévu à la suite de la diffusion du film ».


Le tournage, qui a démarré lundi 27 novembre, s’achèvera le 22 décembre. Si ce projet se concrétise deux ans après les évènements et qu’aucune date de diffusion n’est annoncée pour le moment, il semble qu’elle interviendra toujours trop tôt.

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