13 onze 15 – Prise en charge des soins en lien avec l’attentat

Prise en charge des soins en lien avec l’attentat
Prise en charge de l’intégralité des soins en lien avec l’attentat sans limitation dans le temps et pour toutes les victimes

Constat

La prise en charge à 100 % des soins1 des victimes des attentats doit s’inscrire dans la durée pour les victimes. Actuellement l’attestation de prise en charge est valable un an avec renouvellement.
Ce renouvellement n’est pas nécessaire et fait peser une incertitude inutile sur le remboursement des soins.
Par ailleurs, la prise en charge n’est pas tout à fait intégrale pour les victimes :
• Les médicaments prescrits à la suite du 13/11 aux proches de personnes décédées ne sont pas remboursés
• Les séances de soin chez certains psychologues ne sont pas remboursées dans les faits, or la prise en charge psychologique joue un rôle majeur, en particulier dans la prise en charge du syndrome post-traumatique.

Proposition
La prise en charge des soins à 100 % doit être garantie pendant tout le temps nécessaire sans qu’il soit besoin de fournir de nouvelles attestations.
Si l’Assurance Maladie a un doute, elle peut saisir le médecin à l’origine des prescriptions sans passer par l’intermédiaire du malade. Cette prise en charge doit être complète (consultations, médicaments prescrits etc.) et doit s’appliquer aux victimes directes et à leur proches (victimes indirectes) jusqu’à ce qu’elles soient totalement remises des effets physiques et psychologiques de l’attentat.
Par ailleurs, en cas de rechute ou d’apparition de nouveaux symptômes en lien avec les attentats, même quelques années plus tard, la victime doit pouvoir demander à nouveau une prise en charge intégrale de ses soins en lien avec les symptômes causés par l’acte terroriste.
Enfin les séances assurées par tous les psychologues, diplômés et reconnus par l’État, doivent être prises en charge par l’assurance maladie.

1 Prise en charge au-delà du plafond de la sécurité sociale et en incluant les dépassements d’honoraires praticiens

Victimisation : Ces conduites dissociantes sont des conduites à risques et de mises en danger

trauma-resilience-2012Mémoire traumatique et conduites dissociantes
 
Dr Muriel Salmona, 

in Traumas et résilience, Dunod, 2012

Ces conduites dissociantes sont des conduites à risques et de mises en danger : sur la route ou dans le sport, mises en danger sexuelles, jeux dangereux, délinquance, consommation de produits stupéfiants, violences contre soi-même comme des auto-mutilations, violences contre autrui (l’autre servant alors de fusible grâce à l’imposition d’un rapport de force pour disjoncter). Rapidement ces conduites dissociantes deviennent de véritables addictions. Elles sont alors utilisée non seulement pour échapper à la mémoire traumatique mais aussi pour prévenir tout risque qu’elle survienne. Ces conduites dissociantes provoquent la disjonction et l’anesthésie émotionnelle recherchées, mais elles rechargent aussi la mémoire traumatique, la rendant toujours plus explosive et rendant les conduites dissociantes toujours plus nécessaires, créant une véritable addiction aux mises en danger et/ou à la violence. Ces conduites dissociantes sont incompréhensibles et paraissent paradoxales à tout le monde (à la victime, à ses proches, aux professionnels), elles sont à l’origine chez la victime de sentiments de culpabilité et d’une grande solitude. Elles représentent un risque très importants pour sa santé (accidents, maladies secondaires aux conduites addictives, maladies liées au stress), elles rendent vulnérables à d’autres violences (risque de re-victimisation) et peuvent être à l’origine de nouvelles violences.

Ces mécanismes psychotraumatiques permettent de comprendre les conduites paradoxales des victimes et le cycle infernal des violences. Ils sont malheureusement méconnus, et les médecins qui ne sont pas formés à la psychotraumatologie ne vont pas relier les symptômes et les troubles des conduites que présentent les victimes aux violences qu’elles ont subies et donc ne pas les traiter spécifiquement. A la place ils peuvent utiliser des traitements qui sont en fait dissociants. Ces traitements (comme l’enfermement, la contention, les camisoles chimiques, l’isolement, les chocs électriques, voire la lobotomie qui est encore utilisée dans certains pays….) sont « efficaces » pour faire disparaître les symptômes les plus gênants et anesthésier les douleurs et les détresses les plus graves, mais ils aggravent la mémoire traumatique des patients.  La violence a la triste capacité de traiter de façon transitoire mais très efficace les conséquences psychotraumatiques, tout en les aggravant. Elle est sa propre cause et son propre antidote. Mais à quel prix ! Si la violence est paralysante et dissociante pour la victime, elle est pour l’auteur un outil de domination et une drogue anesthésiante. La violence est un formidable outil pour soumettre et pour instrumentaliser des victimes dans le but d’obtenir une anesthésie émotionnelle de l’agresseur. Elle devient ainsi une usine à fabriquer de nouvelles victimes et de nouvelles violences (Organisation Mondiale de la Santé, 2010).
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