Terrorisme : comment la peur s’insinue-t-elle en nous ?

Logo-Slate-fr01.08.2016
Aude Lorriaux

Être exposé à des attentats de manière répétée affecte l’être humain en profondeur.

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Habituellement, les symptômes du stress liés à des événements tragiques disparaissent pour la plupart des individus au bout de six mois. Le professeur de psychologie Mooli Lahad, auteur d’une étude à paraître sur la population israélienne, me le précise et m’a décrit son étude. La même chose est observée après des catastrophes naturelles. Les habitants reviennent sur place généralement six mois plus tard, m’explique l’historien Frédéric Chauvaud.

Six mois

« Les sociologues se sont rendus compte, que dans les pays qui ne sont pas en guerre mais qui subissent un attentat, il faut 6 à 8 mois à la population touchée pour se préoccuper d’autre chose » rapportait récemment au Figaro Gérôme Truc. Gérôme Truc est sociologue et auteur de Sidérations. Avec le rythme des attentats depuis un an et demi, la population ne peut donc jamais revenir à un état normal.

Sensibilité à la violence

Même si un petit nombre de personnes est touché, les attentats peuvent affecter psychologiquement un grand nombre de personnes. « J’ai des patients qui ont un passé tel qu’ils ont une plus grande sensibilité à la violence, et ils sentent une montée de cette violence en ce moment », confie Muriel Salmona. Elle est psychiatre, formatrice en psychotraumatologie et présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologie. Seulement 1,5% des Israéliens étaient directement impliqués dans la dernière vague de violence israélo-palestinienne, selon l’étude de Mooli Lahad. Cette vague de violence avait débuté à l’automne 2015, près de 30% des Israéliens ont manifesté des effets psychologiques.

Comment vivre avec la situation pesante que traverse le pays ?

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Anna Pereira

publié le

Nice, Saint-Etienne-du-Rouvray… Comment vivre avec l’idée d’un danger qui plane en permanence ?

Comment vivre avec la situation pesante que traverse le pays depuis l’attaque de Charlie Hebdo en janvier 2015 ? Voici ce que conseille un expert en psychiatrie des catastrophes.

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Comment continuer à vivre avec l’idée d’un danger qui plane en permanence ? Comment gérer ses angoisses au quotidien ? Peut-on s’habituer aux annonces régulières de drames meurtriers aussi proches ? Pour essayer d’éclairer la question, francetv info a interrogé Christian Navarre, psychiatre responsable de la cellule d’urgence médico-psychologique du centre hospitalier de Rouen, auteur de Psy des catastrophes (éditions Imago).

Francetv info : Faut-il changer notre façon d’envisager le monde, face aux derniers évènements ?

Christian Navarre : La première chose à intégrer est un changement de notre société sur le long terme. Auparavant, la France était considérée comme un sanctuaire, quand bien même les derniers attentats ne dataient que de 1995. C’est une forme de déni par rapport à ce qui se passe depuis déjà des années à l’international. On parle là d’une notion en particulier : « l’oubli à mesure », c’est-à-dire ne pas voir ou ne pas vouloir intégrer le principe de réalité.

Il faut donc commencer par essayer d’appréhender ce nouveau climat qui s’installe en profondeur, est donc d’intégrer la réalité. Il faut prendre conscience, « accepter » la situation, pour pouvoir ensuite dépasser l’état initial de choc et d’incompréhension. Nous sommes maintenant dans un monde de tensions permanentes, qui entraînent des ripostes à long terme. Mais nous avons tendance, après chaque attentat, avec le temps qui passe, à oublier que ça pourrait se reproduire. Nous pensons que nous ne sommes pas encore un pays où des attentats récurrents peuvent devenir la norme.

Mais nous ne sommes pas dans la même situation que des pays où des attentats ont lieu quasiment tous les jours…

Ces pays, qui nous paraissent lointains, sont eux déjà habitués et ont appris a gérer cette situation. Eux ont déjà intégré ce nouveau paradigme. Pour nous, ce n’est pas encore le cas. Les Français doivent aussi commencer à l’appréhender comme étant notre nouvelle réalité.
Le conflit à l’origine de ces attentats est mondialisé, c’est une guerre asymétrique, il faut cesser de s’étonner des actions haineuses attisées par Daech. N’importe qui, surtout une personne fragile, peut désormais s’investir dans une mission de moine-soldat, séduit par l’idéologie du groupe terroriste. C’est bien malheureusement notre nouvelle réalité, c’est seulement en l’assimilant que l’on pourra réapprendre à vivre consciemment et aller de l’avant.

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