Votre psy doit-il lire ce que vous postez sur les réseaux sociaux ?

Logo-Slate-fr23.03.2016

Certains psychothérapeutes avouent consulter internet pour en savoir plus sur leurs patients. Une pratique que questionne la profession.

L’essor d’internet touche toutes les professions, y compris celle de psychothérapeute. Selon une étude autrichienne publiée début 2016 et repérée par le site Motherboard, 40% de ces professionnels de la santé mentale avouent avoir jeté un œil au profil Facebook ou Twitter de leur patient. Un chiffre conséquent, alors que le lien qui unit le thérapeute à son patient est censé se baser sur la confiance et le rapport humain.

Les 60% qui ne mêlent pas web et thérapie remettent en question la fiabilité des informations que l’on trouve sur la toile. Certains se montrent même bien plus critiques vis-à-vis de ce qu’ils considèrent être une violation de la vie privée.

C’est l’avis que partage Mayura Deshpande, présidente du comité de pratique et d’éthique professionnels au Royal College of Psychiatrists, principale organisation professionnelle regroupant les psychiatres britanniques. Elle explique à Motherboard ne pas voir le métier de psy de cette façon : « Notre travail n’est pas de constituer un dossier sur une personne, mais de travailler avec les informations que le patient nous donne. »

Psychologie numérique

Certains praticiens, à l’inverse, assument totalement ces recherches Google. À l’heure où les chefs d’entreprise font fréquemment appel aux réseaux sociaux pour se renseigner sur un futur employé ou pour vérifier l’hygiène de vie d’un de leurs salariés, des psychothérapeutes considèrent que ces recherches sont un moyen comme un autre d’avoir accès à des informations personnelles. «Quiconque met en ligne ses informations personnelles donne implicitement la permission à n’importe qui de les consulter», se défend l’un d’eux dans l’étude autrichienne.

Et puis notre façon de nous exprimer et d’agir sur internet ne reflète-t-elle pas une partie de notre personnalité, plus immergée en société ? Ne faudrait-t-il pas l’étudier ? Si, selon Alice Ashby, psychiatre et auteure d’une tribune dans le British Journal of Psychiatry Bulletin sur l’éthique de ce renseignement numérique, mais avec une certaine distance et en respectant la vie privée de ses patients. « Je n’aime pas l’idée, éthiquement, de se renseigner sur quelqu’un en ligne sans son consentement. Cela s’apparente à une transgression. Pour autant, cela ne devrait pas clore le débat », dit-elle à Motherboard.

Selon elle, la psychologie va devoir s’aventurer à sa manière sur la toile : « Je pense qu’il est aussi important de questionner les patients au sujet de leurs interactions sur internet qu’au sujet de leurs relations dans la vraie vie. »

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