Trop de victimes minorent leur traumatisme et refusent de consulter, pensant avoir « échappé au pire ».
Nice : deux mois après, le combat des psys
Selon les professeurs Benoit et Askenazy, trop de victimes minorent leur traumatisme et refusent de consulter, pensant avoir « échappé au pire ».
Par Jérôme Cordelier
Publié le 24/09/2016
…/…
« Beaucoup pensaient que le choc passerait tout seul, avec le temps, note l’un des psychologues qui les reçoivent, Serge Ricaud. Ils sont restés dans une phase d’attente, et on les trouve en pleurs. Ils ont encore du mal à verbaliser ce qui leur est arrivé. Ils nous parlent des cris, d’images de membres découpés, de corps projetés… Si, en plus, ces gens ont vécu des accidents, des pertes de proches au cours de leur enfance, le traumatisme fait écho à ce passé. »
…/…
Nous essayons toujours de détecter, dépister, aider ceux qui ne vont pas bien. Pas facile : beaucoup encore ne consultent pas. Etre anxieux, hanté par des images, mal dormir, vivre replié sur soi les premiers jours, c’est compréhensible. Mais chez certains ces symptômes persistent. Il faut s’en inquiéter ; or trop d’entre eux ne le font pas. Ils se disent : J’ai échappé au pire. Certains peuvent éprouver de la culpabilité, de la honte à consulter, pensant : Il y a eu plus grave que moi. Or, je le dis avec force, il ne faut pas banaliser. »