Dionysos pour reconstruire un regard sur le tragique

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« Une chambre en Inde » d’Ariane Mnouchkine : la force du théâtre face aux attentats
Par Culturebox (avec AFP) @Culturebox
Publié le 17/11/2016

Cartoucherie – Théâtre du Soleil , Paris
Du 05 novembre au 29 décembre 2016
Durée : 4 heures avec un entracte

C’est en Inde qu’Ariane Mnouchkine a trouvé la force de parler – et de rire – des attentats de Paris et du chaos du monde dans « Une chambre en Inde », la dernière création du Théâtre du Soleil.
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Pétage de plombs

La pièce se déroule donc dans « une chambre en Inde », dans un magnifique décor où d’immenses persiennes filtrent la rumeur de la rue et où de grands ventilateurs brassent la moiteur ambiante. Une troupe de théâtre est coincée en Inde. Son directeur, « Monsieur Lear », désemparé, a « pété un plomb » après les attentats de novembre à Paris. Le voilà qui déchire son passeport et se lance nu à l’assaut de la statue de Gandhi. Son assistante Cornélia tente de construire une pièce tandis que Cassandre lui casse le moral: Cornélia n’a jamais rien fait, elle n’a aucune « vision ».
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Théatre épique et théâtre comique
La pièce, qui aligne jusqu’à 34 comédiens sur le plateau, alterne le théâtre épique et haut en couleur que sait si bien fabriquer Ariane Mnouchkine avec de courtes saynètes comiques. On voit ainsi sept talibans négocier le nombre de vierges auquel pourra prétendre le kamikaze qu’ils envoient se faire sauter sur une position américaine, comme de vulgaires marchands de tapis. « J’aime bien l’idée de faire rire des méchants », lance Cornélia. « Mais ça ne suffit pas… »

Ariane Mnouchkine, qui a su par le passé s’engager, face à la guerre en Yougoslavie ou au drame des sans-papiers, semble aujourd’hui désemparée devant la barbarie islamiste, et signe une pièce plus inquiète que comique. Elle appelle au secours les « dieux du théâtre », convoquant en chair et en os sur scène Shakespeare et Tchekhov. Le barde anglais affirme qu’il voulait écrire des comédies, tout comme l’auteur des « Trois sœurs », désespéré que ses pièces soient traitées sur un mode aussi « triste ». Le rire serait donc l’arme ultime face au désespoir, et c’est à Charlie Chaplin que revient l’honneur de conclure avec le discours humaniste de la fin du « Dictateur ». Sauf qu’aujourd’hui, Chaplin n’endosse plus le costume de Hitler mais celui d’un imam à longue barbe pour appeler à s’unir contre la barbarie.

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