Les proches des victimes des attentats essaient de faire face

nouveau-logo-la-croixpng-289134Les proches des victimes des attentats essaient de faire face
Isabelle Demangeat, le 09/09/2016
Si les attentats ont pu provoquer chez une partie de nos contemporains une prise de conscience de leur propre finitude, les proches des victimes, eux, tentent avant tout de survivre.
Fatiguée, Nadine Ribet-Reinhart souffle au téléphone  : « Ma mort, je m’en fiche. » « Je n’y pense même pas », confie-t-elle après avoir contrôlé des sanglots. Pas le temps, pour cette mère habitée par l’envie de continuer à faire vivre son fils aîné, Valentin, mort au Bataclan, le 13 novembre, en créant notamment une fondation pour lutter contre l’illettrisme (1). Pas l’idée non plus. « C’est déjà trop difficile, même sur le plan intellectuel, d’envisager la perte de son enfant, d’un sujet jeune, au terme d’un acte de guerre, explique-t-elle. Cela fait déjà tellement d’éléments que nous tentons, peu à peu, d’affronter et de digérer pour apprendre à continuer d’avancer différemment… » L’horizon de sa propre mort, la prise de conscience de sa finitude, n’ont ni l’espace ni le temps d’apparaître.
Ce médecin de 55 ans, mère de deux autres enfants, n’a pas d’autre choix que d’agir en termes de priorités. Le plus important aujourd’hui : « Montrer à nos autres enfants que nous sommes là, avec mon mari, pour eux ; que nous sommes encore debout, même s’il y a des moments de faiblesse. Nous essayons de faire en sorte qu’ils puissent franchir cette épreuve, très difficile à vivre pour eux qui n’ont pas notre maturité ni notre expérience. » Il s’agit de les préserver, de se préserver, de se protéger beaucoup. Et de survivre.

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Un rescapé du Bataclan : « Je ne vois pas en quoi je mérite une médaille »

Logo-BFMTVUn rescapé du Bataclan : « Je ne vois pas en quoi je mérite une médaille »
Par Ju. B.
06/09/2016
cet insigne de reconnaissance devrait être remise par décret aux victimes du terrorisme. Emmanuel Domenach, rescapé du Bataclan, a exprimé son mécontentement ce mardi sur BFMTV.
« Ce n’est pas une médaille qui va réparer ça, c’est un gadget ». Selon l’un des rescapés des attaques terroristes du 13-Novembre, qui témoigne ce mardi sur BFMTV, il est « désespérant de voir à quel point on peut être rapide pour faire certaines choses qui sont complètement accessoires et être lent sur les sujets de fond ». « Les victimes du 13-Novembre et du 14-Juillet sont dans des difficultés très concrètes, il y a besoin d’une aide permanente », a-t-il estimé.
Le vice-président de l’association « 13-Novembre: fraternité et vérité » se sent « mal à l’aise » car il ne voit pas en quoi il « mérite une médaille pour avoir échappé au mal ». Pour lui, il est « assez bizarre, voire glauque, que toutes les victimes soient récompensées d’une décoration ».
Une médaille créée spécialement pour ça ?
Les parents de victime qui ont perdu un proche reçoivent une médaille. Je trouve ça très surprenant.


Une médaille nationale de reconnaissance pour les victimes du terrorisme a été créée par décret, le 12 juillet 2016.

La médaille nationale de reconnaissance aux victimes du terrorisme se porte directement après l’ordre national du Mérite, qui lui même prend place, par ordre d’importance protocolaire, derrière : l’ordre national de la Légion d’honneur, l’ordre de la Libération, la médaille militaire. Ce qui fait de cette reconnaissance aux victimes du terrorisme la cinquième décoration la plus importante dans l’ordre de port protocolaire des décorations françaises. Elle arrive ainsi juste devant les croix de guerre (1914-1918, 1939-1945, Théâtres d’opérations extérieures, Valeur militaire, médaille de la Gendarmerie nationale avec citation) qui récompensent l’octroi d’une citation par le commandement militaire pour conduite exceptionnelle ou une action d’éclat au feu ou au combat. Ces croix sont prises en compte en vue de l’obtention de l’un des deux ordres nationaux – la Légion d’honneur et du Mérite national – en qualité de « fait de guerre ».

La décoration nationale de reconnaissance aux victimes du terrorisme se positionne donc aussi devant les croix et médailles qui ont la qualité de « titre de guerre » individuel en vue de l’obtention de l’un des deux ordres nationaux : les croix du combattant volontaire, la médaille de la Résistance française, la médaille des évadés.

Enfin, cette décoration arrive devant les trois ordres ministériels qui n’ont pas disparu lors de la création de l’ordre national du Mérite : ordre des Palmes académiques, ordre des Arts et des Lettres, ordre du Mérite maritime.