Une enquête pour évaluer les séquelles traumatiques du 13 novembre

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Lancée en juillet dernier par l’organisme Santé publique France, l’enquête épidémiologique pour évaluer l’impact traumatique des attentats du 13 novembre va prendre fin le 28 octobre prochain… 
17.10.2016
Par H.S.

Évaluer les conséquences psycho traumatiques des attentats de Paris et Saint-Denis du 13 novembre 2015, voilà l’objectif d’une étude (« ESPA 13 novembre ») lancée le 7 juillet dernier par l’organisme Santé publique France, en partenariat avec l’université Paris 13. Depuis trois mois, près huit cents personnes ont participé à cette enquête directement inspirée des travaux menés au lendemain des attentats de janvier à Paris.

Un accompagnement des victimes

Jusqu’au 28 octobre, « sur la base du volontariat, les personnes concernées de plus de 16 ans pourront participer à cette enquête, en renseignant un questionnaire en ligne portant sur leur exposition aux événements, le retentissement sur leur quotidien et l’impact psychologique des événements, leur recours aux soins et l’accompagnement reçu » précise l’organisme. Blessés, proches de victimes, témoins, professionnels de secours, policiers, salariés des services de la ville de Paris directement impliqués sont concernés par l’enquête.

« Actuellement 500 professionnels et 300 civils environ ont répondu à nos questions. Pour participer, il suffit d’aller sur le site, de s’assurer que vous êtes concernés puis vous recevez un code numérique par téléphone pour intégrer la plateforme en ligne. Toutes les données sont protégées et anonymes », tient à préciser le docteur Philippe Pirard, coordinateur de l’étude à Santé publique France. Les données permettront non seulement d’évaluer l’impact épidémiologique du traumatisme mais ont aussi pour objectif d’évaluer la prise en charge des victimes des attentats.

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C’ dans l’air – Hommage à Nice

Le 14 juillet 2016, un homme lançait son camion à vive allure sur la Promenade des Anglais, à Nice, alors qu’une foule dense était rassemblée pour célébrer la Fête nationale. L’attentat a fait 86 morts et près de 400 blessés, l’acte terroriste le plus meurtrier après les attaques du 13 Novembre à Paris et à Saint-Denis.

« Il faut qu’on reste debout, il ne faut pas qu’on ait peur », ajoute-t-il. Sur le plateau du Soir 3, Hélène Romano explique que la faculté à se remettre de tels événements dépend des ressources de chaque personne. Pour certains, des troubles peuvent s’installer et ressurgir « même six mois ou six ans après ».

« Il y a d’autres ressources pour aller mieux »

Le rôle des psychologues est de développer « des stratégies pour éviter que les images reviennent, pour essayer de continuer de vivre ». « Par contre, si ça devient trop envahissant, il faut pouvoir être aidé », ajoute-t-elle. Les personnes victimes de traumatismes peuvent trouver la force de les dépasser autrement qu’avec la psychiatrie. L’entourage personnel et professionnel peut être un atout. « Il y a d’autres ressources pour aller mieux. C’est important que les gens reprennent confiance en leurs propres compétences », précise celle qui déplore le manque de psychologue mais aussi une tendance très française à trop se tourner vers la psychiatrie et les anxiolytiques.


Hommage : Nice plaies des anges #cdanslair 15-10-2016

romanoheleneHélène Romano
Psychothérapeute spécialisée dans le psychotraumatisme
Docteur en psychopathologie clinique, spécialisée dans le psychotraumatisme, experts auprès des tribunaux, Hélène Romano a coordonné pendant onze ans la cellule d’urgence médico-psychologique du Val-de-Marne.
Elle participe à de nombreuses recherches cliniques dans le domaine du psychotraumatisme et a en particulier contribué aux travaux de l’Inserm menés sur les morts inexpliquées de nourrissons.
Elle assure également des formations sur la prise en charge des enfants victimes de maltraitance auprès de différentes institutions et de nombreux professionnels : médecin, psychologue, infirmier, assistant social, éducateur, magistrat, officier de police judiciaire, enseignant.
Enfin, elle est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Accompagner le deuil en situation traumatique, publié chez Dunod en 2015, et L’enfant face au traumatisme, paru aux éditions Dunod en 2013.


ericfottorinoEric Fottorino
Écrivain et journaliste
Journaliste et romancier, Eric Fottorino est aujourd’hui directeur de l’hebdomadaire Le 1 qu’il a fondé. Il a été auparavant directeur du quotidien Le Monde de 2007 à 2010. Auteur de vingt-cinq ouvrages, il a publié, aux éditions Gallimard, Rochelle, Nordeste, Un territoire fragile, Caresse de rouge  (prix François-Mauriac de l’Académie française), Korsakov, Baisers de cinéma (prix Femina 2007), Petit éloge de la bicyclette, L’homme qui m’aimait tout bas et Questions à mon père.


pellouxPatrick Pelloux
Praticien hospitalier en médecine d’urgence exerçant au SAMU de Paris, basé à Necker, Patrick Pelloux est également président des médecins urgentistes de France. Il a longtemps collaboré comme chroniqueur à Charlie hebdo. Il est l’auteur de Toujours là, toujours prêt, publié au Cherche Midi.


Gérard Chemla
Avocat au barreau de Reims
Avocat associé au Cabinet ACG, Gérard Chemla représente plusieurs victimes de l’attentat de Nice.
Anciechemlan bâtonnier du barreau de Chalons-en-Champagne, membre du Conseil de l’ordre du barreau de Reims, il a fondé, en 2003, avec Stéphane Bourgoin, l’association Victimes en série.
Il a co-écrit avec Vincent Durtette Chanal, la justice impossible, paru aux éditions Michalon en 2004, et avec Stéphane Bourgoin, Les clès de l’affaire Fourniret, publié aux éditions Pascal-Galodé.


Le 14 juillet 2016, un homme lançait son camion à vive allure sur la Promenade des Anglais, à Nice, alors qu’une foule dense était rassemblée pour célébrer la Fête nationale. L’attentat a fait 86 morts et près de 400 blessés, l’acte terroriste le plus meurtrier après les attaques du 13 Novembre à Paris et à Saint-Denis. Trois mois après, un hommage national a lieu ce samedi en présence du chef de l’Etat dans la ville toujours meurtrie.

Une cérémonie très attendue par beaucoup de victimes et de proches des 86 personnes tuées. Elle marquera « peut-être le début d’une rémission pour certains d’entre nous », espère le président de l’association Promenade des Anges, Vincent Delhomel-Desmarest. « Les familles sont encore en recherche de reconnaissance », assure de son côté l’avocate Olivia Chalus-Pénochet, qui représente près d’une dizaine de victimes. « Ce sont des familles qui sont désespérées, désemparées et encore en état de sidération, pour la plupart ».

Et ils ne sont pas les seuls. Quatre-vingt-douze jours après l’inconcevable, le souvenir de l’attentat est partout. Nice, cité hédoniste et solaire, qui déroulait sa promenade aux joggeurs, plagistes, fêtards du monde entier, reste à vif et le traumatisme demeure important notamment chez de nombreux enfants. Près de mille familles ont sollicité depuis trois mois l’aide du service de pédopsychiatrie du Centre hospitalier de la cité. Pour répondre aux besoins en soin de victimes et assurer un suivi des personnes traumatisées, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé ce mercredi la création de vingt-quatre nouveaux postes dans les hôpitaux de Nice et d’Antibes – soit une enveloppe de 1,4 million d’euros.

Après l’urgence, le dispositif de prise en charge est-il bien adapté ? Si l’on sait que le chemin de la résilience est long, pourquoi certaines personnes sont-elles brisées par les traumatismes tandis que d’autres parviennent à renaître ? Comment font-elles ?