attentats 13 novembre ont changé la psychologie en France
11 novembre 2016
Par Anna Moreau
Avec les attentats du 13 novembre 2015, le terme « stress post-traumatique » est devenu récurrent dans les discussions, dans les médias. Le soir des attentats, de nombreux psychologues étaient sollicités pour minimiser les effets de ce traumatisme chez les victimes. Et, des mois plus tard, certaines personnes en souffrent encore. S’il y a sans conteste un avant et un après-13 novembre pour les victimes et la société française, il en est de même pour la psychologie en France. Entretien avec Marion Fareng, psychologue à l’Institut de victimologie, et Francis Eustache, neuropsychologue impliqué dans le programme de recherche « 13 novembre ».
L’art-thérapie au secours des rescapés du Bataclan
L’art-thérapie au secours des rescapés du Bataclan
Derrière les jeux de scène, les collages, les modelages et les peintures, il est en fait question de lien, de peur, de colère, d’identité ou de syndrome du survivant.
13/11/2016 07:00 CET
Elles étaient au Bataclan. Elles ont perdu un enfant ou un parent. Elles ont aidé les victimes. Toutes ont vécu, directement ou indirectement, l’effroyable vendredi 13 novembre 2015 à Paris. Engagées sur la voie de la résilience, l’expression créative entre dans leur vie avec 13 ateliers d’art-thérapie proposés par le Collectif 13 Or de Vie, depuis octobre à Paris.
Dès janvier 2016, les associations de victimes ont largement pris en charge l’accompagnement juridique et administratif de ces blessés du Bataclan, mais les plaies à l’âme ne sont pas soignées. Isolées, effrayées, perturbées par des angoisses qui les handicapent, les victimes des attentats envisagent avec difficulté le retour à une « vie normale ». Peut-on se reconstruire à partir du processus créatif? C’est le pari que fait le Collectif 13 Or de vie qui propose jusqu’en janvier des séances d’écriture, d’arts plastiques, de danse, de théâtre ou de marionnettes à heures et à jours fixes dans des lieux tenus secrets afin de préserver l’intimité des victimes. « Au cours de ces derniers mois, les personnes victimes ont été suivies mais les mots n’ont peut-être pas suffi », explique Emmanuelle Cesari, art-thérapeute, titulaire d’un Master d’Art-Thérapie et d’un diplôme universitaire de victimologie (Paris V). Elle est à l’origine, avec quelques autres, de cette initiative. « Nous proposons de dénouer ce qui est encore figé, d’exprimer l’indicible par le biais de l’art qu’il soit dessiné, dansé ou mis en scène dans un cadre bienveillant. »
Derrière les jeux de scène, les collages, les modelages et les peintures, il est en fait question de lien, de peur, de colère, d’identité ou de syndrome du survivant. L’art-thérapie ne se résume pas à un processus créatif destiné à faciliter l’expression d’une douleur enfouie. C’est une réelle médiation thérapeutique. Emmanuelle Cesari, venue à l’art-thérapie pour l’aider à lutter contre un cancer récidiviste et destructeur, témoigne: « Comment tenir debout avec un trou dans la colonne vertébrale? Je me suis offert une dizaine d’ateliers avec une de mes consœurs, je fais ça à chaque attaque de traumatisme ou maladie ».