Peut-on se souvenir et parler d’une expérience traumatique ?

Peut-on se souvenir et parler d’une expérience traumatique ?
Par Eric Calamotte
Cahiers de psychologie clinique
2016/2 (n° 47)
Pages : 260
ISBN : 9782807390157
DOI : 10.3917/cpc.047.0225
Éditeur : De Boeck Supérieur


Résumé

L’auteur montre comment les expériences traumatiques ne peuvent pas se constituer en souvenirs, ni être communiquées par le langage verbal. Atomisé par l’expérience désastreuse, le sujet tente avant tout de survivre et de ne pas perdre sa capacité de penser. Vouloir reconstituer trop rapidement une scène traumatique et/ou criminelle est ainsi souvent illusoire.
Les traces de ces expériences se découvrent le plus souvent dans la négativité, mais aussi dans les efforts du sujet pour les communiquer à un thérapeute secourable, avec lequel il pourra construire et partager une expérience qui ne s’est pas réellement produite pour lui.
Le clinicien doit donc se présenter comme humain et secourable avant d’interpréter, pour ne pas être de connivence avec l’expérience traumatique et le crime.


Plan de l’article

L’expérience traumatique, essai de définition : la terreur de perdre la représentation. Survivre avant de se souvenir
Traumatisme et mémoire, la qualité des traces paradoxales
Dispositifs et techniques thérapeutiques
La position de témoin, le thérapeute comme personne secourable
Construction et interprétation
Pour conclure


L’expérience traumatique Clinique des violences sexuelles
Éric Calamote
Collection: Psychismes, Dunod
2014 – 264 pages – 155×240 mm
EAN13 : 9782100701094

Ce livre propose une approche clinique du traumatisme sexuel et de ses effets destructeurs dans la psyché. Il envisage aussi ses issues organisatrices, au-delà du désastre créé, des distorsions de l’expérience. Éric Calamote propose un modèle de soin psychique pour les sujets ayant subi de telles catastrophes ou ayant été auteurs de telles violences.
À partir de l’étude des spécificités des contextes de violence sexuelle, l’ouvrage développe une théorisation originale et nouvelle du traumatisme, de son inscription topique, de ses formes, du travail psychique qu’il impose et que paradoxalement il permet. Au-delà des violences sexuelles, les observations et la modélisation se transposent ici à l’ensemble des contextes traumatiques.
Un dispositif de soin psychique particulier est étudié, dispositif en double écoute particulièrement adapté au traitement des caractéristiques de ce type d’expériences.
L’approche psychanalytique est ici fondamentalement intersubjective, dynamique et considère le traumatisme comme une expérience dont la forme doit se déployer et se partager.

13 onze 15 – Prise en charge des soins en lien avec l’attentat

Prise en charge des soins en lien avec l’attentat
Prise en charge de l’intégralité des soins en lien avec l’attentat sans limitation dans le temps et pour toutes les victimes

Constat

La prise en charge à 100 % des soins1 des victimes des attentats doit s’inscrire dans la durée pour les victimes. Actuellement l’attestation de prise en charge est valable un an avec renouvellement.
Ce renouvellement n’est pas nécessaire et fait peser une incertitude inutile sur le remboursement des soins.
Par ailleurs, la prise en charge n’est pas tout à fait intégrale pour les victimes :
• Les médicaments prescrits à la suite du 13/11 aux proches de personnes décédées ne sont pas remboursés
• Les séances de soin chez certains psychologues ne sont pas remboursées dans les faits, or la prise en charge psychologique joue un rôle majeur, en particulier dans la prise en charge du syndrome post-traumatique.

Proposition
La prise en charge des soins à 100 % doit être garantie pendant tout le temps nécessaire sans qu’il soit besoin de fournir de nouvelles attestations.
Si l’Assurance Maladie a un doute, elle peut saisir le médecin à l’origine des prescriptions sans passer par l’intermédiaire du malade. Cette prise en charge doit être complète (consultations, médicaments prescrits etc.) et doit s’appliquer aux victimes directes et à leur proches (victimes indirectes) jusqu’à ce qu’elles soient totalement remises des effets physiques et psychologiques de l’attentat.
Par ailleurs, en cas de rechute ou d’apparition de nouveaux symptômes en lien avec les attentats, même quelques années plus tard, la victime doit pouvoir demander à nouveau une prise en charge intégrale de ses soins en lien avec les symptômes causés par l’acte terroriste.
Enfin les séances assurées par tous les psychologues, diplômés et reconnus par l’État, doivent être prises en charge par l’assurance maladie.

1 Prise en charge au-delà du plafond de la sécurité sociale et en incluant les dépassements d’honoraires praticiens