Libération – 13 novembre vivre avec
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Ce besoin de collectif, après des moments d’horreur parfois vécus de façon solitaire, est si prégnant que, pour nombre de rescapés, il est devenu central dans le processus de reconstruction. Cédric Rey était à la terrasse du café du Bataclan le 13 novembre, pour boire une bière avec deux amis. Il a tout vu. Quand il raconte, il parle d’abord du bruit des coups de feu. « Ça ne ressemble pas à des pétards, comme on l’a beaucoup dit. C’est beaucoup plus sec, comme un bruit de caisse claire, se rappelle-t-il en tapotant sur une table basse le rythme des tirs. J’étais en train d’appuyer sur la plaie d’un blessé qui s’était effondré sur le boulevard quand j’ai relevé la tête. J’ai vu un type devant l’entrée du Bataclan se retourner. Il avait sa kalachnikov en bandoulière, elle était pointée vers moi. Au même moment, une femme est passée entre nous en courant : elle a pris les balles. » Quelques instants plus tard, devant les victimes qui agonisent près de la sortie de secours de la salle de concerts, Cédric « a commencé à buguer : mon cerveau s’est mis à déconner ».
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