Pour être un héros, il faut d’abord s’intéresser aux autres

logo-mariannePour être un héros, il faut d’abord s’intéresser aux autres
Samedi 13 Août 2016

…/…
Guillaume Dezecache, docteur en sciences cognitives et chercheur postdoctorant à l’université de Neuchâtel, en Suisse, mène une étude sur les réactions à la menace au cours de l’attentat du Bataclan à Paris, le 13 novembre dernier. Son travail, qui n’en est encore qu’aux prémices, vise à identifier les « ingrédients » qui amènent les gens à faire preuve de comportements « prosociaux », c’est-à-dire à s’aider les uns les autres. « Il y a avant tout une question d’opportunité, on a plus de chance d’être héroïque en ville qu’à la campagne, note-t-il. Mais l’éducation joue un rôle important. Le fait d’avoir été bénévole, par exemple, augmente la probabilité d’acte héroïque. »

Première leçon, basique mais cruciale : pour être un héros, il faut d’abord s’intéresser aux autres. Les témoins interrogés par Marianne confessent tous une propension à intervenir dans les situations délicates qu’ils peuvent rencontrer au quotidien. « Pas du genre à détourner le regard », dit Arnaud Gonnet, qui a empêché le viol d’une de ses collègues de travail ; une « tendance à ne pas avoir peur de grand-chose », pour Christian Souillé, qui a risqué sa peau pour sauver une vieille dame d’un incendie. « C’est vrai que je suis du genre à mettre mon grain de sel quand je vois quelqu’un se faire embrouiller dans la rue, reconnaît Pierre, rescapé de la fusillade du Carillon, qui a organisé les premiers soins aux victimes autour de lui. Je fais attention à ce qui se passe autour de moi. »

Pour lire l’article, cliquez sur le logo de Marianne

14 Juin 2016 – Victimes du terrorisme : Le suivi psychothérapique en question

Logo AlfestVICTIMES DU TERRORISME :
Le suivi psychothérapique en question

Colloque
Mardi 14 juin 2014

La prise en charge dans la durée des patients présentant des troubles psychiques consécutifs aux attentats de Paris en 2015 interroge notre clinique et notre pratique à la mesure du caractère inédit de la situation.
Nonobstant nos mécanismes de défense, force nous est de convenir de l’entrée dans une nouvelle ère d’une menace terroriste ubiquitaire et indéfinie dans sa durée.
Chacun s’arrange de cette situation dans la mesure de sa capacité de méconnaissance du risque.
Beaucoup n’ont rien changé dans leur mode de vie.
D’aucuns, en proie à une conscience plus vive du danger, restreignent leurs déplacements, évitent les transports en commun.
Les victimes des attentats souffrent, quant à elles, d’une forme de « lucidité aigüe » vis-à-vis du risque, une « lucidité exacerbée » peut-on dire si l’on veut concéder cette rationalisation de la menace.
Cette lucidité, qualifiable en tout cas d’inopportune, réalise une entrave non seulement à leurs déplacements mais aussi à une évolution clinique favorable.
Leur esprit est envahi de scénarii imaginaires d’attaques sanglantes dans toutes les situations de la vie publique.
La menace de mort ne s’arrête pas au seuil de leurs maisons.
Leur vie privée est effractée par la répétition traumatique.
C’est bien ce qui spécifie la situation actuelle que de nous placer sous l’influence d’une menace pérenne, une menace qui ne passe pas, indéfiniment actualisée.
Une des marques du traumatisme est de figer temporellement le sujet dans l’instant traumatique quelle que soit la distance prise avec la menace vitale.
Une visée de suivi psychothérapique est à contrario de conférer un statut de souvenir à ce passé traumatique qui refuse de passer.
Dans la situation actuelle comment prendre quelque distance avec ce trauma incessamment actualisé lorsque la menace, elle, ne cesse pas, insiste et resurgit dans sa concrétude ?
Pour les patients dont les coordonnées du traumatisme sont circonscrites à une situation, un passé, révolus, ce qui constituait jusqu’alors l’essentiel de notre pratique, il est courant d’observer un déclin des questionnements liés au trauma au profit de l’advenue au premier plan de la scène clinique d’une problématique personnelle.
Tel s’interroge sur sa position de sacrifice dans la relation à autrui ; pour un autre il apparaît que sa dynamique de vie était régie par une impossibilité de s’engager.
Dans une telle configuration, de l’instauration de ce travail sur soi et d’une distance de sécurité prise avec la menace de mort, la question traumatique, elle, s’estompe, se dilue.
Il n’en va pas ainsi pour les victimes des attentats de 2015.
Si, dans la prise en charge, une problématique singulière est le plus souvent dégagée, la répétition traumatique insiste avec son caractère bruyant, envahissant, intimement déstabilisant.
Le praticien doit faire face et tenir, sans faillir, dans la durée face à l’irruption inexorable de ce réel.
Il doit également tenir compte des nouvelles dispositions judiciaires et indemnitaires qui engagent le patient dans un parcours de procédures administratives et expertales qui ne sont pas sans influer, favorablement ou défavorablement, sur sa symptomatologie.
La pérennité de la menace de mort dans la réalité désempare les sujets psycho-traumatisés, non seulement en raison de la « perte d’illusion d’immortalité », mais aussi et surtout par la « perte de l’illusion de maîtrise », de maîtrise de la contingence, du hasard de la « mauvaise rencontre ».
Le risque est maîtrisable.
C’est un fait indubitable, particulièrement dans les circonstances qui sont les nôtres.

Jean-Philippe RONDIER


8 h 45

Accueil des participants et ouverture

Présidence : Humbert Boisseaux
9 h 00

Introduction

Carole Damiani

Etienne Vermeiren

La ministre , Carole Damiani, Humbert Boisseaux : ouverture colloque

Ck5RjpnWkAA9ZV_
9 h 15

Bertrand Lahutte

(Psychiatre, Professeur agrégé du Val de grâce, Paris)  :
« Psychothérapie et terrorisme »
suivi psychothérapique

10 h 00

Virginie Vautier

(Psychiatre des armées, HIA Toulon.)
« Prise en charge familiale de victimes du terrorisme »

10 h 45

Pause-café

Présidence : Étienne Vermeiren (vice président de l’Alfest)
et Marc-Paul Sebastiao (trésorier de l’Alfest)

11 h 15

Jean-Jacques Chavagnat

(Psychiatre, Président de la Fédération Nationale Trauma)
suivi psychothérapique


14 h 00
Présidence et introduction :
Présidence : Carole Damiani

Etienne Vermeiren

(Psychologue clinicien, Cliniques Universitaires Saint Luc, Bruxelles) :
« Dispositif d’accueil et de prise en charge des victimes, impliqués et familles, lors des attentats de Bruxelles »
suivi psychothérapique

15 h 00

Anne Decung

(juriste, Paris Aide aux Victimes)
« Le parcours pénal et indemnitaire d’une victime de terrorisme »

16 h 00

Humbert Boisseaux

(Psychiatre, Professeur agrégé du Val de Grâce, Paris) & un magistrat
« Que vient dire un certificat ? ».

16 h 45
Synthèse
17 h 15
Informations diverses


 

Etienne Vermeiren expose le travail impressionnant réalisé à Bruxelles depuis les attentats
Ck5eULGWsAAfkWb