L’art-thérapie au secours des rescapés du Bataclan

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L’art-thérapie au secours des rescapés du Bataclan

Derrière les jeux de scène, les collages, les modelages et les peintures, il est en fait question de lien, de peur, de colère, d’identité ou de syndrome du survivant.
13/11/2016 07:00 CET

Florence Amalou florence-amalou Responsable Marketing dans une entreprise et assiste bénévolement le Collectif 13 Or de Vie

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Elles étaient au Bataclan. Elles ont perdu un enfant ou un parent. Elles ont aidé les victimes. Toutes ont vécu, directement ou indirectement, l’effroyable vendredi 13 novembre 2015 à Paris. Engagées sur la voie de la résilience, l’expression créative entre dans leur vie avec 13 ateliers d’art-thérapie proposés par le Collectif 13 Or de Vie, depuis octobre à Paris.

Dès janvier 2016, les associations de victimes ont largement pris en charge l’accompagnement juridique et administratif de ces blessés du Bataclan, mais les plaies à l’âme ne sont pas soignées. Isolées, effrayées, perturbées par des angoisses qui les handicapent, les victimes des attentats envisagent avec difficulté le retour à une « vie normale ». Peut-on se reconstruire à partir du processus créatif? C’est le pari que fait le Collectif 13 Or de vie qui propose jusqu’en janvier des séances d’écriture, d’arts plastiques, de danse, de théâtre ou de marionnettes à heures et à jours fixes dans des lieux tenus secrets afin de préserver l’intimité des victimes. « Au cours de ces derniers mois, les personnes victimes ont été suivies mais les mots n’ont peut-être pas suffi », explique Emmanuelle Cesari, art-thérapeute, titulaire d’un Master d’Art-Thérapie et d’un diplôme universitaire de victimologie (Paris V). Elle est à l’origine, avec quelques autres, de cette initiative. « Nous proposons de dénouer ce qui est encore figé, d’exprimer l’indicible par le biais de l’art qu’il soit dessiné, dansé ou mis en scène dans un cadre bienveillant. »

Derrière les jeux de scène, les collages, les modelages et les peintures, il est en fait question de lien, de peur, de colère, d’identité ou de syndrome du survivant. L’art-thérapie ne se résume pas à un processus créatif destiné à faciliter l’expression d’une douleur enfouie. C’est une réelle médiation thérapeutique. Emmanuelle Cesari, venue à l’art-thérapie pour l’aider à lutter contre un cancer récidiviste et destructeur, témoigne: « Comment tenir debout avec un trou dans la colonne vertébrale? Je me suis offert une dizaine d’ateliers avec une de mes consœurs, je fais ça à chaque attaque de traumatisme ou maladie ».

L’art thérapie contribue à apaiser et transformer les souffrances physiques et psychiques par l’expression de la créativité artistique. « Dans un contexte de prise en charge post-attentat, c’est un relais des plus précieux pour permettre aux impliqués de redevenir acteurs de leur vie », explique le Docteur en psychopathologie, Hélène Romano qui soutient la démarche du Collectif.
Ici, la personne est considérée dans sa globalité et la médiation thérapeutique suit des séquences destinées à, in fine, la soulager, la libérer. Chaque art-thérapeute a sa propre démarche mais le socle, quelle que soit la médiation artistique utilisée, reste commun. Après le temps de l’accueil, viennent les temps de la production puis de l’échange. Chacun s’exprime sur son travail artistique et ce qu’il a vécu pendant la séance. Il est alors possible pour chacun de faire émerger un sens à partir de ce qui vient de se vivre dans l’ici et maintenant.
Comme souvent dans les processus de reconstruction, le temps est un ami. L’accompagnement en art-thérapie s’inscrit donc dans la durée, avec dix séances au minimum, et dans un cadre défini et sécurisant. Le Collectif 13 Or de vie est soutenu par la Fondation de France et l’INAVEM (Fédération Nationale d’Aide aux Victimes et de Médiation).

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Atelier de Claudia Cavicchia – samedi 29 octobre 2016 – Dramathérapie

Dramathérapie et stress post-traumatique

Le principe de la méthode de Robert Landy, fondateur de la dramathérapie à l’Université de New York, est que chaque être humain exprime des tendances contradictoires dans ses comportements (nos différents personnages, ou nos rôles). Cette multiplicité, Landy l’appelle le ‘système de rôles’ d’une personne, qui représente l’ensemble de notre personnalité. En mettant en dialogue tous les différents personnages qui composent notre personnalité dans l’espace dramatique, nous essayons de les intégrer à fin de rééquilibrer notre vie. Landy évoque l’importance de gérer et cultiver un système de rôles suffisamment flexible pour supporter et contenir notre expérience de vie.
Si cette multiplicité de rôles est vraie pour tout un chacun dans notre vie normale et quotidienne, indépendamment de notre structure psychique ou de chaque histoire de vie, cela devient d’autant plus parlant quand il s’agit d’expériences de vie qui nous amènent, par le choc, à figer les différents rôles qui composent notre personnalité en personnages qui ne communiquent pas entre eux.
La fonction de la dramathérapie, dans ce cadre de personnages « figés », est de rétablir la communication entre nos personnages isolés dans leurs bulles, afin de se protéger. Pour que les fragments se (ré)unissent dans un tout, avec ses ambivalences et contradictions tout à fait naturelles. Recréer le lien entre ce qui a été fragmenté par le choc : telle est notre fonction de dramathérapeutes.
L’objectif d’un traitement dramathérapeutique est d’aider l’individu à trouver un compromis entre des rôles souvent contradictoires, tels celui de victime, de bourreau et de survivant, et d’apprendre à vivre avec les ambivalences de ces rôles.
Pour cela, nous empruntons le cheminement du voyage du Héros, fondé sur la mythologie universelle, proposé par Landy, qui a appliqué cette méthode auprès des témoins de l’attentat du 11 septembre au World Trade Center à New York.
Cette approche de la dramathérapie peut s’ajuster aussi bien à la prévention qu’à la remédiation des phénomènes de dissociation post-traumatiques qu’on retrouve souvent chez les personnes victimes d’événements de violence extrême.