Les troubles psychiques des migrants : « Je me dis que si je meurs ce sera pareil »

Les troubles psychiques des migrants : « Je me dis que si je meurs ce sera pareil »
19 juin 2018
Les plus fragiles sont les mineurs non accompagnés, soulignent Médecins du Monde et le Centre Primo Levi, qui dénoncent « l’urgence » oubliée de la santé mentale des réfugiés.

« Il fait froid, je dors debout, je n’ai pas d’avenir, ma vie n’a pas de sens. Je ne sais pas pourquoi je suis là, pour quoi je vis, je me dis que si je meurs ce sera pareil. »

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« Troubles psychiques graves »

« Les violences multiples qui ont causé leur départ, les ruptures souvent brutales que cela a occasionnées et le parcours d’exil lui-même semé de violences et de pertes peuvent générer des troubles psychiques graves », soulignent notamment les organisations. Omar Guerrero, psychologue clinicien au Centre Primo Levi, témoigne au sujet d’une femme qui était alors atteinte de graves troubles de la mémoire :

« La première fois qu’elle m’a parlé de ses enfants, elle m’a dit le prénom du premier, puis du deuxième. Mais au troisième, elle s’est arrêtée, incapable de s’en souvenir. Comme ça ne lui revenait pas, je l’ai rassurée et lui ai demandé le prénom du suivant. Même blanc. Celui du cinquième, en revanche, lui est venu tout de suite. Elle a fondu en larmes. »

Il poursuit : « Quelques semaines et quelques consultations plus tard, je me suis aperçu que les deux enfants dont Madame B. avait oublié les prénoms étaient précisément ceux qui avaient été témoins des violences qu’elle avait subies, cinq ans auparavant. Ça n’était donc pas ce qu’on appelle un ‘trou de mémoire’, mais au contraire une trace de son inconscient. »

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Livre – La voix de ceux qui crient – Rencontre avec des demandeurs d’asile

La voix de ceux qui crient – Rencontre avec des demandeurs d’asile
Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky
Date de parution : 07/03/2018
Editeur : Albin Michel
ISBN : 978-2-226-40259-2
EAN : 9782226402592
Format : Grand Format
Présentation : Broché
Nb. de pages : 317 pages
Poids : 0.434 Kg
Dimensions : 14,6 cm × 22,5 cm × 2,5 cm


Résumé :
Si des hommes et des femmes demandent l’asile à la France, c’est parce qu’ils cherchent un lieu inviolable où se réfugier. En danger de mort, ils ont dû quitter leur pays après avoir été pourchassés, persécutés, emprisonnés, torturés. Désormais, ils vivent auprès de nous, et nous ne connaissons pas leur histoire. Autour d’eux comme en eux règne un désert de parole : personne ne prend le temps de les écouter et s’ils crient dans leurs cauchemars ou lorsque leurs tragédies surgissent à leur conscience, leur voix singulière est perdue, étranglée de violence, de peur et de fatigue.
Depuis 2010, à l’hôpital Avicenne de Bobigny, Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky rencontre ces hommes et ces femmes à bout de souffle. Elle rapporte ici les paroles qui lui ont été confiées dans le vif de la consultation. Elle révèle comment, dans ce cadre, les demandeurs d’asile se mettent en quête de retrouver leur voix. Conquérant peu à peu la capacité de raconter leur vie, ils regagnent alors celle d’en avoir une…
Le migrant n’est pas une figure transitoire de notre société. Sa présence questionne la mise en pratique de nos valeurs. Par son ampleur éclairante, la pensée de l’anthropologue et psychologue clinicienne s’impose pour aborder la question du lien social et politique et celle de la place de l’étranger dans la France du XXIe siècle.


Biographie de Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky :
Normalienne, diplômée d’HEC et agrégée de sciences sociales, Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky est professeur d’anthropologie de l’Inde à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco) de Paris et psychologue clinicienne. Depuis 2010, elle reçoit en consultation des migrants de toutes origines orientés vers l’hôpital Avicenne de Bobigny lorsqu’ils n’arrivent plus à faire face à leurs traumatismes.

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