Une proposition d’art-thérapie adaptée à la culture de femmes réfugiées syriennes : le potentiel de la broderie pour l’expression du traumatisme

A Proposal for Culturally Informed Art Therapy With Syrian Refugee Women: The Potential for Trauma Expression Through Embroidery
(Une proposition d’art-thérapie adaptée à la culture de femmes réfugiées syriennes : le potentiel de la broderie pour l’expression du traumatisme)
Alexandra Hanania
Toronto Art Therapy Institut
08 Dec 2017
https://doi.org/10.1080/08322473.2017.1378516

ABSTRACT

With the increase in Syrian refugees entering Canada, there is a growing need to provide appropriate mental health care to meet specific requirements for support and practical assistance. There have been art therapy groups designed to accommodate the mental health needs of Syrian refugee children at COSTI Immigrant Services (COSTI, 2013 COSTI. (2013). Art therapy program for refugee children. Retrieved from and Turtle House (Turtle House Art Play Centre, 2016 Turtle House Art Play Centre. (2016), located in Toronto, Ontario, and at the Saskatoon Open Door Society (Issa, 2016 Issa, O. (2016, December 22). Syrian kids adapt to new life in Canada through art therapy. based in Saskatoon, Saskatchewan. However, there are few art therapy groups designed for the refugee population of Syrian women. If art therapy groups are designed and implemented in a way that is culturally informed, they have the potential to impact positively on participants’ mental health. Embroidery is an example of an art medium that is culturally appropriate for Syrian women, and if used as a therapeutic tool, its cultural relevance could be conducive to a positive adjustment period and the reduction of trauma symptoms. This paper discusses the importance of culturally informed art directives, the potential of embroidery as a therapeutic medium for Syrian refugee women, and the apparent lack of existing art therapy groups for Syrian women in Canada.

RÉSUMÉ

Avec l’augmentation du nombre de réfugiés syriens arrivant au Canada, la nécessité de fournir des soins de santé mentale appropriés pour répondre aux besoins en matière de soutien et d’aide concrète s’accentue elle aussi. Des groupes d’art-thérapie ont été mis sur pied pour répondre aux besoins des enfants réfugiés syriens en matière de santé mentale, notamment à Toronto par le COSTI Immigrant Services (COSTI, 2013 COSTI. (2013). Art therapy program for refugee children et la Turtle House (Turtle House Art Play Centre, 2016 Turtle House Art Play Centre. (2016). Syrian Refugee Pilot Project. et à Saskatoon, en Saskatchewan, par la Saskatoon Open Door Society (Issa, 2016 Issa, O. (2016, December 22). Syrian kids adapt to new life in Canada through art therapy. Toutefois, les groupes d’art-thérapie qui s’adressent aux femmes réfugiées syriennes sont peu nombreux. Lorsque les groupes d’art-thérapie sont conçus de façon qui soit bien adaptée culturellement, ils peuvent avoir un effet positif sur la santé mentale des participants. La broderie est un exemple de moyen d’expression artistique culturellement approprié pour les femmes syriennes. Utilisée comme outil thérapeutique, sa pertinence culturelle pourrait faciliter leur processus d’adaptation et réduire leurs symptômes de traumatisme. Cet article aborde l’importance des modalités artistiques adaptées à la culture, le potentiel de la broderie en tant que moyen thérapeutique pour les femmes réfugiées syriennes et le manque apparent de groupes d’art-thérapie pour les femmes syriennes au Canada.

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Soigner les traumatismes des réfugiés de guerre


Bruno catalano – Les mains
06/10/2017
ledailypsy
Depuis six ans, plus de cinq millions de Syriens fuient la guerre qui a fait des centaines de milliers de victimes dans leur pays. Lorsque certains se résignent à se réfugier dans un foyer d’un territoire voisin, d’autres risquent leurs vies en traversant la mer afin d’atteindre les côtes européennes. De nombreuses associations et équipes de bénévoles se mobilisent pour offrir aux exilés une aide de base, mais cela suffit-il à soigner leurs blessures de guerre, tant physiques que psychologiques ?
Dans son reportage La santé mentale des réfugiés, un problème négligé en Europe, datant du 9 mars 2016, le service de nouvelles et d’analyses humanitaires IRIN constate que, malgré la présence d’équipes de psychologues et de conseillers bénévoles accueillant les réfugiés syriens, la mise en place de ces structures restent rares et rencontrent plusieurs difficultés à soigner les traumatismes des patients. Au manque de temps et d’argent s’ajoutent les barrières linguistique et culturelle qui empêchent d’appliquer fondamentalement les moyens thérapeutiques pour travailler avec les réfugiés. Et pourtant, pratiquement tous sont victimes de névroses traumatiques.

Des séquelles psychologiques ancrées dans leurs corps

Arrivée sur l’Île de Lesbos, Hayat, une jeune femme syrienne, ne comprend pas pourquoi ses mains sont paralysées. Ce syndrome de stress post-traumatique se retrouve chez d’autres réfugiés, se manifestant de différentes manières.
Altération de la mémoire, cauchemars, flashbacks, insomnies, délires de persécution, phobies, obsessions, dépression, modification du caractère et de la personnalité, inhibition intellectuelle, perturbation neurovégétative… les symptômes traumatologiques sont divers et s’aggravent à mesure que le patient n’est pas pris en charge. Et pourtant, lorsque la possibilité d’apporter des soins psychologiques aux réfugiés se présente, ces derniers refusent parfois catégoriquement d’en recevoir.

Ne pas vivre, mais survivre

Pour leur article intitulé Liban : soigner les blessures psychologiques des enfants réfugiés syriens, publié le 9 janvier 2017, les journalistes Rime Abdallah et Constance Léon rencontrent la psychologue Monette Kraitem qui travaille avec les réfugiés syriens des camps situés dans la zone de Zahlé, au Liban. La spécialiste affirme que de nombreux réfugiés rejettent les aides psychothérapeutiques qu’on leur propose car ils préfèrent d’abord se nourrir correctement avant de s’occuper de leur état mental, négligé par plusieurs d’entre eux. Pour Jean-Baptiste Pesquet, chercheur à l’Institut Français du Proche-Orient, spécialiste des réfugiés syriens au Liban :

« Accepter un soutien psychologique signifie reconnaître que les réfugiés ne sont pas de bons parents. D’une part, parce qu’ils ne parviennent pas à offrir ce dont leur enfant a besoin et d’autre part, parce que reconnaître que son enfant a des “problèmes” revient à dire que ce sont eux, les parents, qui lui ont transmis et qu’ils ont donc, eux-mêmes, des problèmes psychologiques ».

D’autres réfugiés, à la recherche d’un travail et débordés par les problématiques bureaucratiques dans leur pays d’accueil, ne parviennent pas à se consacrer du temps pour entamer un travail psychothérapeutique.

Un manque de confiance

Il est difficile pour la plupart des réfugiés de se confier à des inconnus, dans un pays qui n’est pas le leur. Certains d’entre eux se sentent même persécutés au point de penser que si ils parlent, ils se mettent en danger de mort. Ce refus de soutien psychologique pousse certains réfugiés à nier leur traumatisme.
Le manque de confiance ne provient pas seulement des Syriens, mais également des habitants des territoires voisins qui accueillent les réfugiés de guerre. Au Liban, les campements se situent dans des villes pauvres. Les habitants libanais ont du mal à accepter d’apporter de l’aide aux réfugiés lorsqu’eux-mêmes sont, pour la plupart, confrontés aux problèmes de chômage et de précarité. Ce rejet de leur part incite les Syriens à se refermer davantage sur eux-mêmes et à renforcer leurs sentiments d’impuissance et de solitude, ce qui ne favorise pas la communication et aggrave par surcroît leur santé mentale.
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De nouvelles méthodes pour travailler avec les patients

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D’autres organismes mettent en place des moyens thérapeutiques non spécifiques au traitement des traumatismes, comme par exemple à Outremont, au Canada, où l’organisme Hay Doun a fait découvrir cette année l’art-thérapeutique à des enfants réfugiés syriens afin qu’ils apprennent à exprimer leurs émotions ressenties pendant la guerre à travers l’art. Lorsque les mots manquent, les images sont toujours là…

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