Souffrance au travail, qui peut intervenir ?

Souffrance au travail : qui peut intervenir ?
27/04/2018
Reportage de Catherine Petillon
Alors que les risques psychosociaux, autrement dit la souffrance au travail, n’épargnent plus aucun secteur, certains acteurs de la santé au travail s’inquiètent des moyens d’une réelle prévention.
La santé au travail est un « investissement social mais aussi économique », expliquait il y a quelques semaines devant l’Assemblée nationale la ministre du Travail Muriel Pénicaud. Elle a d’ailleurs, conjointement avec la ministre de la Santé Agnès Buzyn, lancé une mission sur la santé au travail, dont les résultats sont attendus fin mai. Si ce qu’on appelle désormais les « risques psychosociaux » sont connus depuis longtemps, les situations de souffrance au travail restent encore très nombreuses. Et les acteurs de la santé au travail s’inquiètent, en dépit des déclarations, des menaces qui pèsent sur certains d’entre eux. Réponse individuelle ou collective : qui peut aider les travailleurs ?
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Réagir individuellement ou collectivement ?

« Les salariés sont souvent isolés, en compétition entre eux. Quand ils se retrouvent en difficulté, beaucoup ont du mal à trouver à qui s’adresser », constate Marie Pascual, médecin du travail

« Ceux à qui les salariés devraient s’adresser, ce sont, en premier lieu, leurs collègues, et en priorité les représentants du personnel. Or, seule une minorité sait faire ça. Majoritairement les gens ne pensent pas à leurs collègues, ne comptent pas sur eux ou n’ont pas confiance. Et ils ne vont pas expliquer leurs difficultés sauf quand ils s’effondrent, éclatent en sanglots ou font une attaque de panique. A ce moment là, tout le monde s’affole un peu. Même si depuis des mois ils venaient au travail avec la boule au ventre, ils n’en parlent pas forcément. »

L’autre interlocuteur, c’est le médecin du travail. Mais pour Marie Pascual, les salariés, en général, ignorent sa vraie mission.

« Ils vont attendre un conseil individuel sur leur santé – qu’ils vont d’ailleurs avoir en général : le médecin du travail renvoie vers le médecin de soin pour prendre du repos ou des médicaments. Alors que la mission du médecin du travail c’est d’intervenir auprès de l’employeur et des représentants du personnel pour alerter sur des conditions de travail qui peuvent être dangereuses. »

Or, pour Marie Pascual, les médecins du travail le font peu au regard des missions qui leur sont confiées par le Code du travail.

« C’est plus difficile d’intervenir dans une situation qui va être forcément conflictuelle avec l’employeur, plutôt que d’apporter une réponse individuelle à un salarié. L’une des solutions c’est que les salariés sollicitent collectivement la médecine du travail. Encore faudrait-il qu’ils connaissent cette dimension de leur mission. Or bien souvent ils l’ignorent car ils ne l’ont jamais vue. »

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Petits chefs

Petits chefs 1/2 : les repentis

18/01/2018
Hatice et Frédéric ont été des petits chefs incompétents, autoritaires, pervers ou perdus.
Ils reviennent aujourd’hui sur ces méthodes de management qui faisaient pleurer leurs subordonnés.
Chanson de fin : « You and your heart » par Jack Johnson – album : « To the sea » (2010) – label : Jack Johnson LP5
Reportage : Lucia Sanchez
Réalisation : Emmanuel Geoffroy

Production

Sonia Kronlund

C’est une histoire que j’ai lue dans le quotidien belge « Le Soir », j’ai trouvé des traces dans « Les Inrocks » et aussi sur le site topito, à l’intérieur d’un top 10 des pires procédures de licenciement qu’on ait jamais connues : licencié par sms, licence par disparition soudaine de l’entreprise, licencié par Facebook et même en directe à la télévision. Drôle de classement, mais bon !
Nous sommes pour l’instant à Singapour, il est 16 heures dans cette entreprise qui emploie 5000 personnes, lorsque l’alarme incendie retentit, forçant les employés à évacuer les lieux rapidement. Suivant la procédure habituelle, ils se retrouvent à l’extérieur du bâtiment et attendent sagement de pouvoir rentrer reprendre leurs tâches.
Une dizaine de minutes plus tard, voici qu’ils entendent à travers un haut-parleur, un message qui leur est adressé par un agent de sécurité de l’entreprise, voici le message :

« Chers employés,
c’est avec émotion que je vous annonce que pour beaucoup d’entre vous, c’était la dernière évacuation. A cause de la crise, nous devons nous séparer d’environ la moitié des effectifs. En rentrant si votre badge ne fonctionne pas, c’est que vous faites partie de cette moitié et vos affaires vous seront renvoyées par courrier demain. Nous avons agi de la sorte pour éviter de remplir les boites aux lettres de mails d’adieux par milliers et aussi pour éviter des disputes dans les locaux.
Nous vous souhaitons une bonne poursuite de carrière.
S’il vous plaît, entrez et tenter votre chance. »

A la suite de quoi, les employés quoique sidérés obtempères et tentent leur chance. Une bonne nouvelle concluent certains récits : il y a 2500 personnes qui ne seront pas licenciées.
Je précise que cette histoire est présentée, par le site du quotidien Belge de la façon suivante : « Un licenciement est une épreuve toujours difficile à surmonter, mais certains employeurs ne font vraiment preuve d’aucun scrupule dans leurs méthodes. »
Tu m’étonnes ! me dis-je en moi-même, sauf que poussant un peu les recherches, estomaquée que je me trouve par une telle folie, je découvre que nous sommes face à ce qu’on appelle très exactement : une légende urbaine, un hoax, une rumeur qui sous diverses formes, en réalité depuis 1994 dans les réseaux, pas encore sociaux, et sur le net depuis 2009 à l vitesse d’un éclair. En regardant de plus près, que la légende, bien écrite par les spécialistes réapparaît à chaque fois dans des lieux en crise ou en voie de désindustrialisation et à des époques de récession, comme en 2008 ou 2009. Le fait même que des lecteurs, des journalistes, des rédacteurs en chef aient pu lire, écrire ou imprimer cette incroyable fable de licenciement et y croire, en dit aussi long sur la déshumanisation du monde de l’entreprise, sa violence et la folie des manageurs, sans parler de leur lâcheté, de leur cruauté et j’en passe en dit aussi long dis-je que n’importe quelle histoire vraie.
Aujourd’hui dans « Les pieds sur terre », on parle donc de la violence en entreprise, mais en mode plus ordinaire, plus insidieux, plus dur, avec deux histoires de vrais petits chefs qui ont pour originalité de s’être repenti, enfin c’est ce qu’ils disent et qu’ils ont raconté à Lucia Sanchez sur France Culture.


Petits chefs 2/2 : les victimes

19/01/2018
Charlotte, Anne et Pascal ont vécu des relations singulières avec leurs managers.
Trois histoires de petits chefs incompétents, autoritaires, pervers ou perdus. Au choix.
Chanson de fin : « Quizas, quizas, quizas » par Nat King Cole – Album : »The World of Nat King Cole » (1951) – Label : Capitol Records.
Reportage : Lucia Sanchez
Réalisation : Clémence Gross

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