Epidémie de suicides dans la police : témoignage et analyse


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Zone Libre
Thierry Ardisson
Franz-Olivier Giesbert
50 : c’est le nombre de policiers qui ont mis fin à leurs jours l’année dernière.
Une épidémie, pour Giles-William Goldnadel. Il tire le signal d’alarme dans Les Terriens du Dimanche. #LTD


Après des chiffres alarmants sur le taux de suicide dans le milieu de la police (entre 30 et 55 policiers chaque année), l’équipe des Terriens du dimanche a abordé le sujet en interviewant un policière ayant tenté de mettre fin à ses jours. Le but étant de comprendre les raisons qui engendre ce fléau qui touche de plus en plus les policiers. Et le témoignage poignant de Virginie qui explique ce qu’elle a vécu au travail, mettant en cause sa hiérarchie, et comment elle a pris la décision de mettre fin à ses jours a beaucoup ému les chroniqueurs de l’émission. Mais c’est surtout Thierry Ardisson qui a semblé être très touché en retour plateau au point de verser quelques larmes.

« Le dédain dont j’ai fait l’objet de la part de ma hiérarchie m’a donné envie de mourir clairement »

c’est par ces mots que Virginie, 45 ans, traduit la souffrance qu’elle subit au travail. Dans la police depuis 26 ans, cette brigadier chef raconte avoir fait deux tentatives de suicides. Expliquant « ne plus se reconnaître dans cette police avec cette politique du chiffre qui est une catastrophe », Virginie donne pour pour exemple des situations du quotidien dans lesquelles les commentaires de sa hiérarchie tendent au harcèlement.
Et pour elle, s’il y a une grande vague de suicides dans la police depuis quelques temps c’est très simple :

« On laisse pourrir ces situations et quand elles explosent on a des dépressions, des tentatives de suicides (…) Ils m’ont complètement bousillée, ils m’ont abimée gratuitement pour pas qu’il y ait de vagues et ça je leur pardonnerai jamais ».

Un long silence pesant envahit alors le plateau en retour du sujet avec un Thierry Ardisson sans voix, très ému et les yeux remplis de larmes.

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Souffrance au travail, qui peut intervenir ?

Souffrance au travail : qui peut intervenir ?
27/04/2018
Reportage de Catherine Petillon
Alors que les risques psychosociaux, autrement dit la souffrance au travail, n’épargnent plus aucun secteur, certains acteurs de la santé au travail s’inquiètent des moyens d’une réelle prévention.
La santé au travail est un « investissement social mais aussi économique », expliquait il y a quelques semaines devant l’Assemblée nationale la ministre du Travail Muriel Pénicaud. Elle a d’ailleurs, conjointement avec la ministre de la Santé Agnès Buzyn, lancé une mission sur la santé au travail, dont les résultats sont attendus fin mai. Si ce qu’on appelle désormais les « risques psychosociaux » sont connus depuis longtemps, les situations de souffrance au travail restent encore très nombreuses. Et les acteurs de la santé au travail s’inquiètent, en dépit des déclarations, des menaces qui pèsent sur certains d’entre eux. Réponse individuelle ou collective : qui peut aider les travailleurs ?
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Réagir individuellement ou collectivement ?

« Les salariés sont souvent isolés, en compétition entre eux. Quand ils se retrouvent en difficulté, beaucoup ont du mal à trouver à qui s’adresser », constate Marie Pascual, médecin du travail

« Ceux à qui les salariés devraient s’adresser, ce sont, en premier lieu, leurs collègues, et en priorité les représentants du personnel. Or, seule une minorité sait faire ça. Majoritairement les gens ne pensent pas à leurs collègues, ne comptent pas sur eux ou n’ont pas confiance. Et ils ne vont pas expliquer leurs difficultés sauf quand ils s’effondrent, éclatent en sanglots ou font une attaque de panique. A ce moment là, tout le monde s’affole un peu. Même si depuis des mois ils venaient au travail avec la boule au ventre, ils n’en parlent pas forcément. »

L’autre interlocuteur, c’est le médecin du travail. Mais pour Marie Pascual, les salariés, en général, ignorent sa vraie mission.

« Ils vont attendre un conseil individuel sur leur santé – qu’ils vont d’ailleurs avoir en général : le médecin du travail renvoie vers le médecin de soin pour prendre du repos ou des médicaments. Alors que la mission du médecin du travail c’est d’intervenir auprès de l’employeur et des représentants du personnel pour alerter sur des conditions de travail qui peuvent être dangereuses. »

Or, pour Marie Pascual, les médecins du travail le font peu au regard des missions qui leur sont confiées par le Code du travail.

« C’est plus difficile d’intervenir dans une situation qui va être forcément conflictuelle avec l’employeur, plutôt que d’apporter une réponse individuelle à un salarié. L’une des solutions c’est que les salariés sollicitent collectivement la médecine du travail. Encore faudrait-il qu’ils connaissent cette dimension de leur mission. Or bien souvent ils l’ignorent car ils ne l’ont jamais vue. »

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