Conférence – Bordeaux – Semaine de la mémoire

semaine-de-la-memoire

Mémoire et traumatisme

Bordeaux » Mémoire et traumatisme

22 sep 2016

19:30 – 21:00
TnBA – Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine – Bordeaux
Conférence – tout public
Complet
Avec le soutien de 
Après la parution d’un ouvrage commun, Mémoire et traumatisme, en 2012, l’historien Denis Peschanski, et le neuropsychiatre Boris Cyrulnik offriront leurs regards croisés sur ce sujet au cœur de l’actualité.

Ils échangeront sur les dynamiques cérébrales de la mémoire et l’articulation de ces dynamiques individuelles avec la mémoire collective. Comment se construit la mémoire individuelle ? Comment interagit-elle avec les grands récits construits par la société et relayés, aujourd’hui, par la télévision, la radio, les livres ou les musées ? Plus qu’un récit à deux voix, la rencontre entre Denis Peschanski et Boris Cyrulnik est une clé pour mieux comprendre les questions mémorielles. Deux voix qui témoignent de l’urgence d’une approche pluridisciplinaire pour comprendre les dynamiques de la mémoire.

Conférence de Boris Cyrulnik (neurologue, psychiatre, ethnologue et psychanalyste) et Denis Peschanski (Historien spécialiste de la Seconde Guerre Mondiale, Directeur de recherche au CNRS, membre du Conseil scientifique de l’Observatoire B2V des Mémoires).

Animateur de la conférence : Francis Eustache (Neuropsychologue, Directeur d’Études à l’École Pratique des Hautes Etudes (EPHE), Directeur de l’Unité de recherche U1077 de l’INSERM l’Université de Caen Normandie et Président du Conseil scientifique de l’Observatoire B2V des Mémoires).

La sidération : pour aller plus loin

logo Mémoire traumatique et victimologieMise en ligne le 15 août 2016

Souvent comparée à un « court-circuit du cerveau », la sidération touche particulièrement les victimes de violences sexuelles. En les paralysant, elle les empêche de se défendre ou de fuir leur agresseur.

Définition

Il s’agit de mécanismes psychologiques et neurobiologiques exceptionnels de sauvegarde exceptionnels qui se mettent en place lors du traumatisme. Les traumatismes qui sont susceptibles d’être à l’origine de ces mécanismes psychotraumatismes sont ceux qui sont vont menacer l’intégrité physique (confrontation à sa propre mort ou à la mort d’autrui) ou l’intégrité psychique . Il s’agit des situations terrorisantes par leur anormalité, leur caractère dégradant, inhumain, humiliant, injuste, incompréhensible. (L’horreur de la situation va être à l’origine d’un état de stress dépassé représentant un risque vital).

Quand sont mis en place ces mécanismes psychotraumatiques ?

Ces mécanismes psychotraumatiques sont mis en place par le cerveau pour échapper à un risque vital intrinsèque cardiovasculaire et neurologique. Ce risque est induit par une réponse émotionnelle dépassée et non contrôlée. Cela se produit quand la situation stressante ne va pas pouvoir être intégrée corticalement. On parle alors d’une effraction psychique responsable d’une sidération psychique.

Qui est responsable de cette effraction psychique ?

Le non-sens de la violence, son caractère impensable sont responsables de cette effraction psychique. Ce non-sens envahit alors totalement l’espace psychique et bloque toutes les représentations mentales. La vie psychique s’arrête, le discours intérieur qui analyse en permanence tout ce qu’une personne est en train de vivre est interrompu. Il n’y a plus d’accès à la parole et à la pensée, c’est le vide… il n’y a plus qu’un état de stress extrême qui ne pourra ni être calmé, ni être modulé par des représentations mentales qui sont en panne.

Les conséquences du stress extrême

Le stress extrême entraîne un risque vital pour l’organisme, et comme dans un circuit électrique en survoltage. Le cortex va faire disjoncter le circuit émotionnel par l’intermédiaire de mécanismes neurobiologiques de sauvegarde exceptionnels. Ils vont être responsables d’une déconnexion du circuit de réponse au stress qui s’apparente donc à un court-circuit pour protéger les organes comme le cerveau, le cœur et les vaisseaux. Cette disjonction entraîne une mémoire traumatique et une dissociation avec anesthésie psychique et physique.

La disjonction du circuit émotionnel , pour échapper au risque vital crée par le survoltage émotionnel, ne se déclenche que si les représentations mentales face à la violence sont en échec. Elles sont aussi dans l’incapacité de moduler ou d’éteindre la réponse émotionnelle et d’empêcher ainsi un survoltage émotionnel.

Ces mécanismes psychotraumatiques sont à l’origine des conséquences les plus graves et les plus fréquentes des violences et d’un état de souffrance permanent. Si ces conséquences ne sont pas prises en charge elles risquent de transformer la vie des victimes en “un enfer”. C’est “un état de guerre permanente”, « sans espoir de s’en sortir ».
Ce sont des conséquences normales de situations anormales.

Pour lire l’étude, cliquez sur le logo de Mémoire traumatique et victimologie