Charlie Hebdo 7 janvier 2015
Par Stéphanie Marteau
27 décembre 2019
Le 7 janvier 2015, leur existence a basculé. Depuis les rescapés et proches des victimes de l’attentat contre « Charlie Hebdo » tentent de se reconstruire. En publiant des livres, ou en prenant le large. Mais ils restent marqués à jamais. Et le procès prévu à partir de mai 2020 n’y changera rien.
Sigolène Vinson gare son vieux 4 × 4 à Sausset-les-Pins, une petite station balnéaire des Bouches-du-Rhône. Cheveux emmêlés, K-way et pull marin, elle fixe les vagues grises qui éclatent sur la jetée. En temps normal, la romancière, chroniqueuse à Charlie Hebdo, serait allée surfer. Mais, comme quelques autres membres ou ex-membres du journal, elle a accepté de replonger dans ce qui l’a amenée dans le Sud il y a cinq ans.
Charlie Hebdo 7 janvier 2015, de raconter, dans un flot de mots entrecoupés de silences et de larmes, le monde parallèle dans lequel elle vit désormais. Cette femme de 45 ans jamais lassée de regarder la mer se trouvait assise à côté de Charb dans la salle de rédaction du journal où les frères Kouachi ont fait irruption le 7 janvier 2015, à 11 h 33. Avec le journaliste Laurent Léger, elle est la seule de la pièce à s’être relevée (physiquement) indemne, rescapée d’un massacre qui a fait douze morts et quatre blessés. Elle est celle à qui Saïd Kouachi a dit : « Je t’épargne et, puisque je t’épargne, il faudra que tu lises le Coran. »
Elle a appelé les pompiers, a épongé avec un torchon le front de son collègue évanoui Fabrice Nicolino, touché aux jambes, a conseillé à Philippe Lançon, dont une balle avait emporté la mâchoire, de ne pas parler, est restée à côté du dessinateur Riss, blessé à l’épaule. Après cela, Sigolène Vinson n’a plus jamais été la même.
Laisser un commentaire