…/… La désorientation, spatiale et temporelle, traduit la paralysie des diverses temporalités du sujet par le trauma. Il est sorti de son histoire chronologique, celle qui se donne sous la forme de représentations spatiales — passé, présent, futur de la flèche du temps : la « représentation vulgaire du temps, celle d’un continuum ponctuel et homogène », a été littéralement accidentée dans le trauma et n’est plus que désordre.
Le sujet vit dans un passé confondu au présent. Cet irreprésentable limite sa continuité d’être. Ce n’est pas seulement de la temporalité qu’il s’agit, mais également d’une impossibilité d’un éprouvé du temps, d’une durée qualitative du présent. Celle-ci, dans le trauma, se trouve engouffrée dans la dépression et s’abîme dans son immobilité.
La désorientation dont on parle n’est nullement de l’ordre de la confusion mentale, propre à certaines psychoses ou dégénérescences, elle est de l’ordre du trauma. Il en est de même pour un autre symptôme très spécifique : la dissociation. Une partie de l’esprit débordé des patients est entièrement happée par la violence qui a paralysé les réponses émotionnelles adaptées. Le reste fonctionne machinalement dans une réalité que le sujet n’intègre pas et traverse sans en être ? Rien ne vient animer une psyché effractée. La réalité est vécue dans une Forme de dédoublement, comme si le patient n’y adhérait pas…/…
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Editeur : Albin Michel
ISBN : 978-2-226-40259-2
EAN : 9782226402592
Livre – La voix de ceux qui crient – Rencontre avec des demandeurs d’asile
La voix de ceux qui crient – Rencontre avec des demandeurs d’asile
Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky
Date de parution : 07/03/2018
Editeur : Albin Michel
ISBN : 978-2-226-40259-2
EAN : 9782226402592
Format : Grand Format
Présentation : Broché
Nb. de pages : 317 pages
Poids : 0.434 Kg
Dimensions : 14,6 cm × 22,5 cm × 2,5 cm
Résumé :
Si des hommes et des femmes demandent l’asile à la France, c’est parce qu’ils cherchent un lieu inviolable où se réfugier. En danger de mort, ils ont dû quitter leur pays après avoir été pourchassés, persécutés, emprisonnés, torturés. Désormais, ils vivent auprès de nous, et nous ne connaissons pas leur histoire. Autour d’eux comme en eux règne un désert de parole : personne ne prend le temps de les écouter et s’ils crient dans leurs cauchemars ou lorsque leurs tragédies surgissent à leur conscience, leur voix singulière est perdue, étranglée de violence, de peur et de fatigue.
Depuis 2010, à l’hôpital Avicenne de Bobigny, Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky rencontre ces hommes et ces femmes à bout de souffle. Elle rapporte ici les paroles qui lui ont été confiées dans le vif de la consultation. Elle révèle comment, dans ce cadre, les demandeurs d’asile se mettent en quête de retrouver leur voix. Conquérant peu à peu la capacité de raconter leur vie, ils regagnent alors celle d’en avoir une…
Le migrant n’est pas une figure transitoire de notre société. Sa présence questionne la mise en pratique de nos valeurs. Par son ampleur éclairante, la pensée de l’anthropologue et psychologue clinicienne s’impose pour aborder la question du lien social et politique et celle de la place de l’étranger dans la France du XXIe siècle.
Biographie de Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky :
Normalienne, diplômée d’HEC et agrégée de sciences sociales, Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky est professeur d’anthropologie de l’Inde à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco) de Paris et psychologue clinicienne. Depuis 2010, elle reçoit en consultation des migrants de toutes origines orientés vers l’hôpital Avicenne de Bobigny lorsqu’ils n’arrivent plus à faire face à leurs traumatismes.