Notes de transcription de l’interview
Najah Albukai : Avec le départ du régime syrien, certainement on va exposer.
Elisabeth Quin : Est-ce que votre dessin qui est très funèbre, qui est noir, a retrouvé un peu de couleur depuis que vous êtes en France, depuis deux ans ou toujours pas ?
Najah Albukai : En fait, dans cet esprit des prisons, je n’arrive pas à dépasser le bleu, maximum quand c’est clair, ou le brou de noix.
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Quand j’ai été transféré grâce à ma femme et ma famille qui ont payé une somme d’argent, transféré dans les droits communs, j’ai eu le droit d’avoir un bout de papier, un crayon un stylo, donc j’ai commencé à reprendre la main. Mais dessiner le sujet d’une prison c’est impossible. J’ai commencé à faire des petits dessins, des petits croquis pour des prisonniers alors que c’était interdit parce que peut-être que s’ils veulent sortir leur photo…
Quelques dessins qui représentaient des corps des hommes, j’ai essayé de les exfiltrer de prison.
Claude Askolovitch : Donc la liberté c’est maintenant avec les cauchemars ?
Najah Albukai : Oui, malheureusement !
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Elisabeth Quin : Comment avez-vous gardez votre humanité ?
Najah Albukai : Rentrer dans une prison et penser à des tableaux, peut-être c’est du luxe ce que je dis…
Claude Askolovitch : Vous pensiez à des tableaux ?
Najah Albukai : Je pensais aux tableaux de Géricault, le radeau de la méduse par exemple, cette affreuse scène où les gens se tuent pour rester en vie. C’est cette idée en fait dans les chambres de trois mètres sur cinq où il y a 70 personnes. Donc, je ne dis pas que c’est de l’art-thérapie mais un petit peu.
Peintre et dessinateur syrien Najah Albukai, est réfugié politique exilé en France.
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