Livre – Le jour où j’ai mangé mon flingue – Pourquoi policiers et gendarmes se suicident

Le jour où j’ai mangé mon flingue – Pourquoi policiers et gendarmes se suicident
Alain Hamon
Date de parution : 08/10/2015
Editeur : Hugo doc
ISBN : 978-2-7556-2246-1
EAN : 9782755622461
Présentation : Dos carré collé
Nb. de pages : 261 pages
Poids : 0.375 Kg
Dimensions : 15,0 cm × 22,0 cm × 2,1 cm

Résumé

« Ce dont je me souviens c’est du goût de mon arme dans ma bouche. On se souvient toujours de ce goût. Il est resté ».

Le témoignage de cette jeune femme flic est glaçant. »Manger son flingue ». A l’origine, l’expression est apparue dans la littérature policière américaine ces dernières décennies. Harry Bosch, le héros récurrent du maître du polar Michael Connelly croisait souvent des policiers qui finissaient, pour une raison ou pour une autre, par se donner la mort avec leur arme de service.
En France, le blues des flics n’est pas nouveau.
• En 1997, un article du Monde évoquait déjà les dérives de certains policiers qui choisissaient le suicide plutôt que le harcèlement moral de leur supérieur ou, à tout le moins, la charge de travail trop lourde à supporter.
• L’année 2014 a atteint des records avec la mort volontaire de 55 policiers. Et les gendarmes ne sont pas en reste !
• En 2013, vingt trois d’entre eux s’étaient suicidés.
• En avril 2015, le plan Vigipirate et son lourd dispositif faisait virer au rouge la situation des policiers Français.
Dans les Compagnies républicaines de sécurité (CRS) la révolte gronde. Dans certaines régions les gardiens de la paix affectés en CRS expriment leur ras-lebol avec la seule arme qu’ils ont, puisque leur statut spécial leur interdit le droit de grève : l’arrêt maladie. Des dizaines de policiers se font porter pâle.
Certains sont au bord du burn-out et de l’irréparable. Des décennies durant, l’administration et les ministres de l’Intérieur qui se sont succédés à la tête de la police française ont préféré, à chaque suicide de policier (et de gendarme) mettre en avant des « problèmes personnels ». Manuel Valls aura été le premier à évoquer la relation entre les rudesses du métier, celle de certains responsables de la hiérarchie et les vagues de suicides toujours plus préoccupantes au sein des forces de l’ordre.
Il en profita pour dénoncer la politique du chiffre instaurée par Nicolas Sarkozy, politique qui n’a jamais vraiment été abandonnée dans les commissariats et les différents services de police. D’où le malaise de plus en plus profond dans les rangs des exécutants. Bernard Cazeneuve, qui a succédé a Manuel Valls, a lancé un « plan antisuicides » en janvier 2015. Mais il n’a pas mis fin à la politique du chiffre, même s’il s’en défend.
Et surtout, contrairement à son prédécesseur, il rechigne à mettre en cause certains membres de la hiérarchie policière, désignés comme les réels responsables du mal-être des policiers.


Biographie d’Alain Hamon

Ce grand reporter spécialisé police-justice (entre autre pour I Télé, Zone Interdite, Envoyé spécial) est déjà l’auteur de plusieurs ouvrages dont Dossier P…comme police, éditions Alain Moreau 1983 ; Action directe, du terrorisme français à l’euroterrorisme, Le Seuil, 1986; et plus récemment Police : l’envers du décor, J.C Gawsewitch, 2012.

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Les mêmes problèmes il y a plus de 20 ans… La cause serait-elle struturelle ?

En 1995, Erik Blondin, gardien de la paix, décrit son quotidien… Son témoignage semble pourtant toujours contemporain…
Par Marie-Dominique Arrighi
8 novembre 1995
Journal d’un policier sous Vigipirate
Gardien de la paix dans le XIVe arrondissement à Paris, Erik Blondin a 39 ans. Entré dans la police en 1983, il a travaillé dans de nombreux services : 1er district, Bac (brigade anticriminalité) de jour comme de nuit. Et même CGE (compagnie de gardes de l’Elysée), à « jouer les plantes vertes » : une sanction pour avoir dénoncé des propos racistes ou certaines attitudes équivoques avec des prostituées.
Représentant syndical, il vient de fonder le SPN (Syndicat de la police nationale), jugé encore non représentatif par le ministère de l’Intérieur. En octobre 1995, Erik Blondin a tenu un journal de bord. Malaise révélateur de l’état d’esprit des flics de base, peu avant le grand meeting policier prévu au palais des Congrès, le 23 novembre.

«Il est 3h50. La sonnerie du réveil retentit. D’un geste nerveux, je la stoppe. Je ne voudrais pas réveiller ma petite famille. J’ai quarante minutes pour avaler mon petit déjeuner et me préparer. Ensuite, mon véhicule m’emmène jusqu’à la gare de Rambouillet pour prendre le train de 4h55. Une heure pour parcourir les cinquante kilomètres qui me séparent de la gare Montparnasse. Je me dis qu’en habitant Paris ou sa très proche banlieue, je pourrais dormir une heure de plus. Mais les loyers sont si chers, et nous avons déjà tant de difficultés à boucler les fins de mois. Vivement la mutation en province !

…/…

« Comment terminer cet état des lieux sans évoquer un dernier effet pervers de Vigipirate ? Il faudrait des instructions et une « formation pédagogique adaptée pour que l’action sur le terrain serve la lutte antiterroriste sans générer d’autres problèmes. Ainsi, des contrôles répétés, qui ne sont motivés par aucune infraction ni élément suspect, sont effectués sur des personnes connues. L’interpellé se sent harcelé et se révolte contre les forces de l’ordre qui, en toute bonne foi, interprètent son comportement comme du racisme anti-flic. Les antagonismes sont exacerbés, les incidents se multiplient, les drames surviennent. De part et d’autre.

Ce qui m’inquiète aussi, ce sont les policiers auxiliaires, de plus en plus nombreux, à qui l’on confie des tâches réservées aux policiers nationaux. Les polices municipales qui gagnent du terrain, les sociétés privées qui petit à petit viennent occuper le créneau qui doit rester celui de la police d’Etat, dans les cités par exemple. Il y a aussi la « police de la RATP ». Tout cela est inquiétant. Il y a aussi les Bac qui sont remises en tenue, surtout pour être vues du public et non dans un esprit d’efficacité. Il y a l’affaire de Belleville, les propos de Skyrock, les paroles du groupe de rap Ministère amer… Et puis certains de nos officiers, qui sembleraient avoir pour mission prioritaire de nous inspirer la crainte qui, elle-même, doit engendrer l’obéissance aveugle, la soumission totale et muette. Cela m’inquiète. »

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