Qu’est-ce que la médiocratie ?

En politique comme dans les entreprises, “les médiocres ont pris le pouvoir”
Propos recueillis par Michel Abescat
07/12/2015
Sous le règne de la médiocratie, la moyenne devient une norme, le compromis domine : idées et hommes deviennent interchangeables. Il faut résister à la révolution anesthésiante, alerte le philosophe Alain Deneault.
C’est d’une « révolution anesthésiante » qu’il s’agit. Celle qui nous invite à nous situer toujours au centre, à penser mou, à mettre nos convictions dans notre poche de manière à devenir des êtres interchangeables, faciles à ranger dans des cases. Surtout ne rien déranger, surtout ne rien inventer qui pourrait remettre en cause l’ordre économique et social.
« Il n’y a eu aucune prise de la Bastille, rien de comparable à l’incendie du Reichstag, et l’Aurore n’a encore tiré aucun coup de feu, écrit le philosophe Alain Deneault qui enseigne la pensée critique en science politique à l’Université de Montréal. Pourtant, l’assaut a bel et bien été lancé et couronné de succès : les médiocres ont pris le pouvoir. »

Qu’entendez-vous par « médiocratie » ?

En français, il n’existe pas d’autre mot que celui de « médiocrité » pour désigner ce qui est « moyen ». « Supériorité » renvoie à ce qui est supérieur, « infériorité » à ce qui est inférieur, mais « moyenneté » ne se dit pas. Il y a pourtant une distinction sémantique entre la moyenne et la médiocrité, car la moyenne relève le plus souvent d’une abstraction : revenu moyen, compétence moyenne, c’est-à-dire une place au milieu d’une échelle de valeurs. La médiocrité, en revanche, est la moyenne en acte.
La médiocratie désigne ainsi un régime où la moyenne devient une norme impérieuse qu’il s’agit d’incarner. C’est l’ordre médiocre érigé en modèle. Il ne s’agit donc pas pour moi de stigmatiser qui que ce soit, mais plutôt de comprendre la nature de cette injonction à être médiocre qui pèse aujourd’hui sur des gens qui ne sont pas forcément enclins à l’être.

Pour joindre l’article, cliquez sur l’image

Epidémie de suicides dans la police : témoignage et analyse


My Canal
Zone Libre
Thierry Ardisson
Franz-Olivier Giesbert
50 : c’est le nombre de policiers qui ont mis fin à leurs jours l’année dernière.
Une épidémie, pour Giles-William Goldnadel. Il tire le signal d’alarme dans Les Terriens du Dimanche. #LTD


Après des chiffres alarmants sur le taux de suicide dans le milieu de la police (entre 30 et 55 policiers chaque année), l’équipe des Terriens du dimanche a abordé le sujet en interviewant un policière ayant tenté de mettre fin à ses jours. Le but étant de comprendre les raisons qui engendre ce fléau qui touche de plus en plus les policiers. Et le témoignage poignant de Virginie qui explique ce qu’elle a vécu au travail, mettant en cause sa hiérarchie, et comment elle a pris la décision de mettre fin à ses jours a beaucoup ému les chroniqueurs de l’émission. Mais c’est surtout Thierry Ardisson qui a semblé être très touché en retour plateau au point de verser quelques larmes.

« Le dédain dont j’ai fait l’objet de la part de ma hiérarchie m’a donné envie de mourir clairement »

c’est par ces mots que Virginie, 45 ans, traduit la souffrance qu’elle subit au travail. Dans la police depuis 26 ans, cette brigadier chef raconte avoir fait deux tentatives de suicides. Expliquant « ne plus se reconnaître dans cette police avec cette politique du chiffre qui est une catastrophe », Virginie donne pour pour exemple des situations du quotidien dans lesquelles les commentaires de sa hiérarchie tendent au harcèlement.
Et pour elle, s’il y a une grande vague de suicides dans la police depuis quelques temps c’est très simple :

« On laisse pourrir ces situations et quand elles explosent on a des dépressions, des tentatives de suicides (…) Ils m’ont complètement bousillée, ils m’ont abimée gratuitement pour pas qu’il y ait de vagues et ça je leur pardonnerai jamais ».

Un long silence pesant envahit alors le plateau en retour du sujet avec un Thierry Ardisson sans voix, très ému et les yeux remplis de larmes.

Pour voir la vidéo, cliquez sur l’image