Livre – L’étonnante histoire des noms des mammifères


Date de parution : 31/07/2014
Editeur : Robert Laffont
ISBN : 978-2-221-12194-8
EAN : 9782221121948
Format : ePub
Nb. de pages : 522 pages
Caractéristiques du format ePub
Pages : 522
Taille : 20 776 Ko
Protection num. : Digital Watermarking


Les animaux sont partout et leurs noms réservent bien des surprises… Sous chevron et sous chimère, il y a le nom de la chèvre. Sous cynisme et sous canicule, celui du chien. La vache se cache dans le mot vaccin, et le boeuf dans bucolique… On peut aussi retrouver le lion couché dans les hiéroglyphes de Cléopâtre, le nom de l’ours dans celui de l’océan Arctique (arktos en grec) ou encore la tête d’un taureau dans le dessin de la première lettre de l’alphabet.
En évoquant le loup, on se prend même à rechercher les liens qui existent entre les noms de Louvois, de Lope de Vega et de Virginia Woolf. Cet ouvrage sans équivalent n’est ni un dictionnaire, ni une encyclopédie, ni un manuel de zoologie, ni un quiz de culture générale – mais un peu tout cela à la fois. C’est surtout un fascinant bestiaire étymologique qui offre d’inattendus prolongements vers la géographie, la mythologie, l’histoire, la botanique, la littérature et même les constellations.
Amis des bêtes et amateurs de mots pourront ainsi s’émerveiller de cette étonnante histoire, écrite dans une langue simple et distrayante, des noms de quelque trois cents mammifères.


Ancien élève de l’École polytechnique, ingénieur au corps des Mines, Pierre Avenas a été directeur de la recherche et développement dans l’industrie chimique. Il s’est également intéressé aux sciences naturelles et, passant de la nature aux mots employés pour la décrire, il a eu l’idée qui, après sa rencontre avec Henriette Walter, a abouti à un livre en 2003 sur les noms des mammifères et à l’ouvrage présenté aujourd’hui.
Henriette Walter, professeur émérite de linguistique à l’université de Haute-Bretagne, membre du Conseil supérieur de la langue française, a publié chez Robert Laffont de nombreux essais, dont Le Français dans tous les sens, L’Aventure des langues en Occident, Honni soit qui mal y pense, L’Aventure de la langue arabe en Occident, L’Étonnante Histoire des noms de mammifères et La Fabuleuse histoire du nom des poissons.

 Pour acquérir le livre, cliquez sur la couv.

Livre – Symbole de la Chauve-souris

Chauve-souris
page 294

Ackermann, Diane, La Nuit des baleines : et autres aventures parmi les chauves-souris, les crocodiles, les manchots et les baleines, trad. A Kalda. Grasset, Paris, 1993./ Schutt, Bill, « The Curious, Bloody Lives of Vampire Bats ». Natural History (novembre 2008).

Des broderies sur un manteau impérial chinois montrent des chauves-souris voletant agilement au-dessus de vagues qui s’élèvent et tournoient dans un même mouvement ascendant de joie. Ce vêtement de femme était porté pour les « grandes occasions » tels que des anniversaires ou des commémorations. Les chauves-souris y représentent la longévité et le bonheur.

Les chauves-souris sont des mammifères uniques à plus d’un titre. Elles ne se contentent pas de planer mais sont capables d’un vol soutenu et puissant. Elles se suspendent la tête en bas par leurs orteils crochus pour dormir, somnoler et même pour donner naissance à leurs petits et les nourrir. Celles qui se dirigent par écholocalisation volent la gueule ouverte et les dents dénudées, émettant des ultrasons concentrés et modifiés par un sonar prenant la forme d’une feuille, de pointes ou d’une lance qu’elles portent bizarrement sur leur museau ou leur bouche. Baptisées chiroptera (« mains ailées »), leurs doigts fins sont allongés pour accueillir la membrane souple et le tissu vivant qui forment l’aile de ces gargouilles en chair et en os. Elles possèdent un « pouce » opposable crochu et des connexions cérébrales comparables à celles des primates mais ont conservé un corps de rongeur. Elles volent comme des oiseaux, en battant leurs ailes, mais n’ont pas les plumes d’un oiseau ni d’un ange.
Les chauves-souris attirent nos projections d’un ordre « inversé » qui entraîne de force notre perspective nocturne, les enfers et les profondeurs caverneuses du psychisme. La sortie de chauves-souris par milliers, voire millions, à la tombée de la nuit pour se nourrir incarne les forces primordiales cachées du monde souterrain s’échappant dans une expansion libératoire.  L’imagination a associé la chauve-souris à la nouvelle lune, la pleine lune et le royaume des esprits, et donc à la sorcellerie, à l’enchantement et à la magie noire. Les petites chauves-souris suceuses de sang originaires d’Amérique Centrale et du Sud ont été associées aux mystères de la mort liés aux cycles éternels du renouveau, ainsi qu’aux terreurs de la lycanthropie et du vampirisme. Leurs dents tranchantes comme des rasoirs évoquaient le couteau silex qui immolait la victime sacrificielle. Zotz, le démon chauve-souris aveuglant, était censé avaler la lumière du jour et la « Maison de la chauve-souris » était l’un des couloirs qu’il fallait traverser pour rejoindre le monde des morts (DoS 71). Néanmoins, le vol apparemment erratique des chauve-souris au crépuscule, que nous comparons à des pensées « lunatiques », n’a en réalité rien d’hésitant mais est guidé par un sonar, de même qu’il existe une cohérence instinctuelle dans l’apparente incohérence des frémissements obscurs du psychisme. Dans les forêts tropicales, les roussettes (ou renards volants) sont de prolifiques pollinisateurs de la végétation qui éclôt la nuit, ce qui les lie au nectar sucré, à l’efficacité magique et à la fécondité de la nuit. Un mythe de création décrit la chauve-souris comme le seul être capable de voir à travers les fissures des ténèbres avant que le monde n’existe, quand le ciel et la terre étaient encore soudés comme un rocher.
Dans la réalité, la chauve-souris est un animal doux et timide, qui se nettoie méticuleusement et entretient son habitat (Ackerman). Plus particulièrement en Asie, elle représente l’aspect maternel de la Grande déesse. La fusion entre la mère chauve-souris et son petit est telle qu’ils peuvent instantanément se reconnaître et se retrouver grâce à leurs cris aigus dans une grotte nurserie abritant des millions d’individus. Les vampires sont connus pour régurgiter du sang dans la bouche de congénères affamés et pour adopter des orphelins (Schutt).
L’alchimie compare parfois l’esprit changeant de l’inconscient à des ailes de chauve-souris. C’est une manière de traduire non seulement l’obscurité, le mystère et l’ambivalence du psychisme mais également sa disposition et ses moyens imprévus, la manière dont il peut guider la conscience vers des sphères nécessitant une autre forme d’orientation et où peut résider l’anticonformisme fructueux de la nature.