Table-ronde sur l’accompagnement psychologique des enfants et adolescents victimes.
Le 24 janvier 2017 à 10h au campus des Cordeliers à Paris, la secrétaire d’État chargée de l’Aide aux victimes, Juliette Méadel, organise une table ronde relative à l’accompagnement psychologique des enfants et adolescents victimes directes, indirectes ou témoins (d’attentat entre autres).
L’objectif de cette table ronde sera de mieux connaître les manifestations des traumatismes chez les enfants et adolescents et, surtout les méthodes pour les traiter au mieux. Il s‘agira également d’alimenter la réflexion sur les mesures à prendre pour préparer et accompagner tous les jeunes à faire face à un contexte de crise grave et à s’approprier une culture du risque efficace.
Infos pratiques :
– Date : Mardi 24 janvier 2017
– Horaire : de 10h à 13h
– Lieu : 21 rue de l’école de médecine 75006 Paris, Campus des Cordeliers, Amphithéâtre Farabeuf.
Gérard Frielander
Doyen de la faculté de médecine de Paris V
• Comment faire le mieux possible respecter des règles de sécurité ?
Aspect financiers, aspects médicaux.
La pédopsychiatrie ces dernières années n’a pas retenue toute l’attention, mais aujourd’hui un projecteur est braqué sur l’aide aux enfants.
• Confrontation des pratiques & recherches au niveau international qui permet d’améliorer les pratiques
Symposium sur la prise en charge des victimes pendant la phase aigüe. Boston Havard l’année dernière.
De ces échanges d’expérience naissent des bonnes pratiques.
Recueil d’expérience et recherche. La recherche nourrit les pratiques.
• La recherche est indispensable.
• Techniques et empathies indispensables.
• Besoin croissant de professionnels dans des actions coordonnées
Sénateur Michel Amiel
Mission d’information sur la pédopsychiatrie.
Parent pauvre de la médecine.
Élargir le champ à la souffrance mentale chez l’adolescent.
Il ne doit pas y avoir de polémiques.
Nous n’avons pas à nous immiscer dans la prise en charge des soins.
Question de moyens et questions de formations.
Depuis le bien-être psychique jusqu’à la maladie mentale. Ce qui requiert plusieurs intervenants.
• Comment les choses peuvent s’articuler dans les champs du social et du handicap ?
La souffrance psychique de l’adolescent n’est certainement pas la même maintenant que celle du jeune Werther.
• La santé s’invite maintenant dans un débat électoral.
Manque de moyens mais aussi manque de formation sur la prise en charge des enfants & adolescents.
Juliette MEADEL, secrétaire d’État auprès du Premier ministre chargée de l’Aide aux victimes
Pluridisciplinarité des métiers coordination de l’ensemble des profils, des acteurs. Rassembler tout le monde dans un objectif unique : améliorer les prises en charge.
• Faire en sorte que les jeunes enfants aient le moins de séquelles possibles.
Accompagnement précoce enfants & ado : impact réel permettant d’éviter les séquelles dans certains cas.
• Spécialisation et professionnalisation toujours renforcée.
Hétérogénéité des professionnels impliqués dans la prise en charge des enfants & adolescents : rassembler pour améliorer.
Mise en place d’une cellule dédiée enfants et ado à l’hôpital Lenval à Nice très rapidement.
• Aider les enfants = aider les familles. L’accompagnement mérite une approche globale, bien coordonnée.
• Objectif moral qui engage l’État.
• La culture de la prévention ne doit pas être une culture de la peur. L’appropriation du risque ouvre la voix à une forme de maîtrise du risque.
Le djihadisme attire les adolescents plus fragiles.
Les adolescents qui reviennent de Syrie sont de plus en plus nombreux.
• La volonté du gouvernement est de mobiliser tous les acteurs.
Réponse au traumatisme, à la peur.
La réponse des pouvoirs publics doit être le 2ème pilier de la prévention.
Suivi post-traumatique au long court.
De nombreuses familles n’ont toujours pas de prise en charge post-attentats.
Diminution du nombre des psychiatres, pas de remboursement des psychothérapies, pas de prise en charge dans la durée.
• Points communs entre la prise en charge d’un enfant victime de pédophilie, et la prise en charge d’un enfant victime d’attentat.
• Prise en charge immédiate et prise en charge dans la durée sont d’égale importance.
Les associations jouent un rôle fondamental en France.
Centre de ressources de partage des savoirs.
Joindre le groupe Ressources & résilience avec Françoise Rudeski.
SÉQUENCE 1 : LES MANIFESTATIONS DES TRAUMATISMES CHEZ LES ENFANTS ET ADOLESCENTS
(FOCUS SUR LES VICTIMES D’ ATTENTATS) ET COMMENT LES TRAITER ?
Introduction
Dr Marie-Aude Piot
Modératrice de la table ronde.
Pédopsychiatre,
Chef de Clinique, IMM Jourdan
Psychiatre au département de psychiatrie de l’adolescent et de l’adulte jeune à l’Institut mutualiste Montsouris, à Paris.
Il s’agit d’appréhender les manifestations des traumatismes chez les enfants et adolescents, de mieux comprendre comment en évaluer la gravité afin d’adapter l’accompagnement psychologique, qui doit nécessairement évoluer dans la durée. Seront abordés : l’articulation des prises en charge entre l’urgence et la durée, les techniques spécifiques à ces publics jeunes (enfants en bas âge, enfants, adolescents, jeunes adultes), quel accompagnement psychologique des familles ? Comment accompagner l’enfant confronté au deuil ? Comment couvrir les besoins croissants face à la pénurie de psychiatres/ pédopsychiatres ?
Dr Gilbert VILA
Vice-président de l’ALFEST, pédopsychiatre – psycho traumatisme – victimologie – responsable du Centre de Victimologie pour Mineurs (CVM) à l’hôpital Trousseau, à Paris.
Clinique de l’enfant victime de terrorisme, évaluation de la gravité et techniques de prise en charge
• Le travail sur l’ESPT n’est pas le même que celui des vétérans. Le processus de soins a été développé à la suite d’une prise d’otage dans une école Maternelle. Il y a des retentissements fonctionnels.
Prendre en compte l’ESPT par implication psychique : enfants qui sont dans une autre classe que celle prise en otage et vont développer un ESPT par implication psychique.
Quels conseils donner aux parents ? « Le mot clef, c’est le dialogue, l’échange et la communication. Il faut tendre la main, garder le contact, rester disponible au maximum », résume le Dr Vila. Cela repose sur un difficile travail d’équilibriste, selon le praticien. Les parents doivent savoir jouer entre l’excès et l’absence d’interventionnisme.
Être absent ou inactif risque de laisser l’adolescent seul face à ses sensations et ses émotions qui sont assez brutes. Trop intervenir risque d’exaspérer l’adolescent, de le faire fuir et se replier sur lui-même.
Écoutez le Dr Gilbert Vila : « Les parents peuvent échanger entre eux sur le sujet devant lui afin qu’il ait au moins la possibilité d’entendre »
• Données insuffisantes sur l’efficacité et la tolérance des psychotropes dans l’ESPT de l’enfant et la dépression traumatique.
Il y a des thérapies spécifiques mais il n’est pas toujours possible de les mettre en œuvre.
Dr Thierry BAUBET
Professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’université Paris 13, chef du service de psychopathologie à l’hôpital Avicenne (APHP) à Bobigny, chercheur au CESP Inserm 1178, responsable de la CUMP de Seine Saint-Denis
Quels dispositifs adaptés dans les phases immédiate et post-immédiate ?
Dispositifs de soins post-immédiat CUMP 93 adossés dans le 93 à services de pédopsychiatrie universitaire.
Dépasser complètement tout ce qu’il est capable de comprendre.
Confrontés à l’effroi.
• Le jeune âge modifie l’expression des troubles.
Les mesures dont on parle souvent, mais on est aussi face à une situation de deuil, traumatisme psychique et deuil s’additionnent.
• Pour les deuils traumatiques, mettre en place quelque chose qui va durer.
Soutenu, contenu dans un moment où tout est déstructuré.
• Essayer d’évaluer le risque psychopathologique pour chaque famille.
• Lieux dédiés aux enfants et prendre la temporalité adaptée.
• Parler aux enfants sans les parents et faciliter l’expression par la symbolique. Soutenir les liens entre les vivants et les morts.
• Aider les parents à comprendre ce que l’enfant ressent. ESPT relationnel. Parler aux parents sans les enfants.
• Aider les parents à mobiliser leurs ressources. Réinstaller des repères et des routines.
• Essayer d’intégrer les CUMP
• Prendre soin des soignants.
• Soutenir la recherche fondamentale sur la clinique et les dispositifs de soins. Comment suivre les gens ? A qui envoyer les patients en libéral ? Comment choisir les professionnels ?
Attention à tout ce qui est à même de dépasser les capacités de l’enfant.
Pr Florence ASKENAZY
Pédopsychiatre, professeur de psychiatrie infanto-juvénile, cheffe du service Psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent au CHU Lenval, à Nice
Impacts de l’attentat de Nice sur les enfants et adolescents et pistes d’évolution
• Peu de dissociation chez les enfants mais la clinique est très particulière. Enfants poly-endeuillés.
708 victimes reçues entre le 15 et 28 juillet 2016 : familles élargies : tante, cousin, grand-parent, parfois des familles entières. Enfants 6-12 ans principalement.
7 cas de dissociation : 5mères/2pères
Chez les enfants les cas de dissociation sont difficiles à détecter (risque de repli autistique observé après).
Le dispositif a bien fonctionné.
Nombreux débriefings pour les soignants car beaucoup de jeunes infirmières.
• L‘attaque de Nice a été l’attaque des liens fondamentaux.
Les attentats sont l’attaque de la parentalité.
Les enfants peuvent ne plus reconnaître leurs parents.
30 à 40 % de psychopathologie chronique se développent après 2 ans.
Soutien des réservistes de l’@EPRUS tout au long de la prise en charge.
Menace par quelque chose qui vient de l’extérieur et qui reste à l’intérieur.
Depuis le 14 juillet plus de 1000 jeunes sont venus pour les suites de cet attentat.
Dr Marie-Jo BRENNSTUHL
Docteur en psychologie clinique et de la santé à l’université de Lorraine, psychologue, thérapeute de l’EMDR, à Metz
Application de l’EMDR auprès d’adolescents après l’attentat au stade de France, 2015
La Thérapie EMDR – Eye Movement Desensitization and Reprocessing – permet la remise en route d’un traitement adaptatif naturel d’informations douloureuses bloquées (par exemple après un choc traumatique ou un évènement de vie difficile), la mobilisation de ressources psychiques et la restauration de l’estime de soi.
Ce traitement adaptatif est un phénomène naturel de « digestion » des évènements de vie ou de souffrances existentielles et permet :
– une baisse et remise à niveau des émotions
– une résolution des déséquilibres psychocorporels
– une intégration des souvenirs pathogènes dans la mémoire (qui cessent alors d’être douloureux)
– une restauration de l’estime de soi.
• l’EMDR permet de remettre en route processus de traitement de l’information
• Formations universitaires et associatives encadrées au niveau français & mondial
Dissociation péri-traumatique : facteur de risque important de développer un ESPT
Prise en charge précoce comme il y a urgence cela se fait en groupe
tactiles pour désensibilisation
Formation spécifique pour un protocole d’urgence.
Pr Jean-Philippe RAYNAUD
Psychiatre et psychothérapeute, chef du service Psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital La Grave, à Toulouse
Prise en charge des jeunes patients après l’explosion de l’usine AZF à Toulouse en 2001
• 10 leçons post AZF
n°1 – Collaborer, être solidaire, accepter la coordination.
n°2 – Accepter les familles.
n°3 – Tracer les interventions.
n°4 – S’inscrire dans la durée.
n°6 – Se donner le temps et ne pas se laisser influencer.
n°7 – Soigner les soignants.
• Rôle important de la cohésion des familles. Échelle d’évaluation du Stress post-traumatique aigüe.
On a vu 300 enfants après AZF.
Un hôpital psychiatrique a été détruit.
Une flambée des psychotropes.
Pas seulement pédopsychiatre ou psychiatre, parler d’Équipe au sens large.
Nous nous entraînons à des plans blancs et réel avec des enfants. « Incroyable de dire cela mais nous nous entraînons ». Se préparer à pouvoir faire face à des attentats retentit au quotidien à faire face à l’imprévu.
Il y a encore des trous dans le maillage.
On se prépare à faire face aux événements exceptionnels
• Intervention dans l’urgence, dans l’après-coup et dans la durée.
Action de la temporalité.
Les plexi glasses pour changer les vitres, ça a duré toute une année. Réparer les fenêtres (destruction matérielles qui durent dans le temps amènent des reviviscences).
• Soigner le travail indirect. Les libéraux, les écoles.
• Prendre le temps de réfléchir à certaines demandes institutionnelles. Réfléchir à certaines demandes politiques, de la presse pour les infirmer, refuser ou accepter.
Nous avons fait nos premières armes dans l’ESPT chez les enfants avec l’affaire Mérah.
• Ce que nous avons mal fait : ne pas avoir assez soutenues les infirmières aux urgences psychiatriques qui ont accueilli les enfants victimes.
Réparer l’environnement : enveloppe sociale qui passe par la reconstruction.
S’appuyer sur la cohésion communautaire des familles.
Échelles de dissociation très importantes.
Validation de l’ESPT
Collaboration avec les CUMP
Débat et échanges avec la salle
Gilbert Vila : Chaque thérapie a son importance mais nécessité de centres spécialisés. Survictimation dans la recherche de soins.
Il faut que les professionnels sachant faire leur travail qui apporte quelque chose.
Sortir du parcours du combattant des victimes.
Problème de la prise en charge globale de la chronicité.
Marie-Jo Brenstuhl : Non reconnaissance du statut de victimes = survictimisation.
Caroline Langlade de Life for Paris : problème des enfants in-utéro au moment des attentats non reconnus comme victimes.
Nous avons une membre enceinte de sept mois à qui on a dit : »votre enfant n’existait pas alors ! »
Francoise Rudetzki : juridique : importance de l’ONAC protection des enfants #victimes nés dans les 300 jours après l’attentat.
Thierry Baubet : centre ressource à l’échelle d’un département. Annonce de décès aux enfants : soutien du médecin ou OPJ qui a constaté le décès.
Jean-Philippe Raynaud : Soutien des parents qui ont plus d’ESPT quand leur enfant est impacté (ESPT relationnel).
SÉQUENCE 2 : ACCOMPAGNER ET PRÉPARER TOUS LES ENFANTS ET LES JEUNES, VICTIMES OU NON, A FAIRE FACE A UNE CRISE GRAVE ET COMMENT PROMOUVOIR UNE CULTURE DU RISQUE ?
A partir des enfants victimes directes, indirectes ou témoins et en élargissant à tous les enfants – en tant que victimes potentielles – il s’agit d’échanger sur la meilleure manière de parler aux jeunes et très jeunes des attentats, du risque terroriste et d’autres risques
graves auxquels ils doivent apprendre à se préparer, à l’école et ailleurs (rôle de la famille, des adultes proches, lieux de loisirs…), pour réagir au mieux en cas de crise.
Sur l’articulation entre la position de victime et celle d’auteur potentiel de violences ou autres infractions, un focus sera fait sur la lutte contre la radicalisation (prévention, détection, traitement).
Plusieurs outils et méthodes de sensibilisation et formation seront présentés pour réfléchir à toute autre mesure qui permettrait de promouvoir davantage une véritable culture du risque.
Dr Jean Chambry
pédopsychiatre, chef de pôle, CHI Fondation Vallée, Gentilly, CHU Le Kremlin-Bicêtre, responsable du Centre Intersectoriel d’Accueil Permanent pour Adolescent à Paris, président du Collège de pédopsychiatrie de la Fédération française de psychiatrie, Secrétaire général de la Société française de psychologie de l’enfant et de l’adolescent et des disciplines associées
Rôle de la pédopsychiatrie dans la pédopsychiatrie dans la prévention et la lutte contre la radicalisation des jeunes
• Projet de recherche Fédération Française de Psychiatrie : rôle de la pédopsychiatrie, lutte contre la radicalisation
• La maladie mentale n’est pas un facteur de #radicalisation
• La majorité des personnes radicalisées n’ont pas de troubles mentaux avérés.
• Très grande hétérogénéité personnalités radicalisées mais très souvent mal-être et grande souffrance
• L’enveloppe doit être plus contenante pour accompagner jeunes en souffrance. Halte au saupoudrage.
• Processus de dé-subjectivation, mais évaluation de la dangerosité ?
Véronique GASTE
Comment aborder les attentats et autres drames avec les élèves en milieu scolaire ?
Débat et échanges avec la salle
SYNTHÈSE DES ÉCHANGES
Marie-Aude Piot
• Rôle primordial des secouristes et pompiers qui ne savent pas toujours recevoir
• Favoriser le soutien par les pairs et le repérage par d’autres dispositifs que les systèmes de soins
• Travail en réseau pluridisciplinaire et intercatégoriel avec l’ensemble des professionnels.