Aude Selly : « Mon burn-out a failli me tuer »

20/05/2014
Margaux Rambert
Journaliste
Chef des rubriques Travail, Couple, Culture et Les animaux et nous
@MargauxRambert
A seulement 30 ans, Aude, gestionnaire des ressources humaines dans une grande société, a fait un burn-out sévère suivi d’une tentative de suicide. Comment cette employée passionnée, dévouée et ambitieuse, a-t-elle pu en arriver là ? Récit d’une descente aux enfers et d’une lente reconstruction.
« ‘Je ne veux pas y aller. Je n’y arriverai jamais’. Un jour, dans le train pour me rendre au travail, je me suis sentie très mal. Terriblement angoissée. Je me suis mise à pleurer sans pouvoir m’arrêter. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Comme toujours, j’étais stressée à l’idée d’aller au boulot mais là, c’était incontrôlable. Quand je suis descendue du train, j’étais tétanisée. Incapable de mettre un pied devant l’autre.

« Vous faites un début de burn-out », m’a dit mon médecin. Bien que travaillant dans les ressources humaines, je n’avais jamais entendu parler de ce syndrome d’épuisement professionnel. J’étais très fatiguée, voilà tout. « Si vous continuez comme ça, vous allez craquer ». J’ai accepté d’être arrêtée, mais seulement quinze jours, pensant déjà à tous les dossiers qui allaient s’accumuler en mon absence.

Neuf mois après, j’ai fait un vrai burn-out et une tentative de suicide.

« C’était le poste idéal »

Ce poste de gestionnaire des ressources humaines, obtenu trois ans auparavant, était celui dont je rêvais depuis dix ans. Le poste idéal. J’étais très motivée, fière. Ambitieuse, aussi. Je voulais être la meilleure possible. J’adorais mon travail. Pour moi, il consistait à faire en sorte que les gens se sentent bien pour qu’ils soient les plus performants possibles.

Dès le début, j’ai été sous pression. J’ai commencé un 12 novembre, la paye était le 30. Avec, à ma disposition, un outil obsolète. En quinze jours, j’avais déjà fait deux nuits blanches.

Ce poste était très large au niveau des tâches. Il n’y avait d’ailleurs pas de descriptif, donc pas de limites. Chaque fois, on me proposait de nouvelles choses à faire et je disais oui.

Il faut dire que j’étais la quatrième sur le poste. Les trois personnes avant moi n’avaient pas convenu. Je ne devais pas décevoir.

« Je n’avais pas le temps »

J’avais tellement de travail que j’y pensais sans cesse, même pendant la nuit. Souvent, je me réveillais en me disant « je n’ai pas fait ça ! ». Résultat : je dormais mal, j’étais très fatiguée.

Au bout de six mois, j’ai eu ma première névralgie. C’est un trouble musculo-squelettique. Mais je me disais que c’était moi qui dormais mal, qui me tenais mal.

Je faisais très peu de pauses. Comme les salariés avaient des horaires assez rigides, je me rendais disponible pour eux, notamment à l’heure du déjeuner. Et un samedi par mois. La journée, j’étais sans cesse dérangée donc je venais tôt et partais tard, pour travailler au calme.

Je mangeais sur le pouce, souvent devant mon ordinateur – je n’avais pas le temps -. Le distributeur était mon meilleur ami. Au total, j’ai pris dix-huit kilos.

A force de travailler sur ordinateur, j’ai commencé à avoir mal aux yeux, à la tête. J’avais des maux de ventre, aussi (j’ai compris plus tard qu’ils étaient liés au stress). Progressivement, j’ai éprouvé des difficultés à me concentrer, à mémoriser. Je mélangeais les noms des gens.

« La reconnaissance viendra un jour »

Deux ans après mon entrée dans l’entreprise, ma responsable a été licenciée du jour au lendemain. Ca a été un grand choc. La carrière tracée, c’était que je reprenne son poste. Mais c’est un jeune gamin pistonné qui l’a eu. Psychologiquement, ça a été une implosion : toutes mes valeurs, tout ce en quoi je croyais en tant que responsable RH a volé ce jour-là en éclats.

A partir de là, j’ai commencé à me dévaloriser, à me comparer à lui, à me dire que j’étais nulle. Mais je continuais. Je me disais toujours « ça ira mieux, continue, le travail paiera ». Dix mois après, il a été licencié. J’étais de nouveau toute seule, sans responsable.

Un jour, on m’a intégrée à une conférence téléphonique qui rassemblait tous les responsables RH. J’ai pris ça comme un signe : j’étais donc considérée comme l’un d’entre eux. L’un des sujets de discussion était un projet de voyage aux Etats-Unis. Il ne m’est jamais venu à l’idée que je pourrais ne pas en faire partie.

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Belgique – Les coaches en burn out en ont assez des escrocs

Source: Belga
Il sera bientôt possible de porter plainte, en Flandre, contre des coaches en burn out qui posent des diagnostics médicaux, travaillent de façon peu éthique ou qui continuent à donner rendez-vous à des patients juste pour amasser plus d’argent. Un nouveau groupement d’intérêts veut mettre fin aux pratiques des charlatans et mettre en place un organe disciplinaire, écrivent Het Laatste Nieuws et De Morgen samedi.
Le burn out est de plus en plus répandu dans la société actuelle, et avec la maladie sont apparus des coaches en burn out. Leur nombre a augmenté de 400% depuis 2012, pour atteindre 1.000 praticiens. Les formations poussent comme des champignons et les experts inondent le marché de livres.
« Le moteur tourne à plein régime et reçoit du carburant de pouvoirs publics qui distribuent les subsides mais ne posent pas de questions », écrit Het Laatste Nieuws, en rappelant les abus de mécanismes subsidiants tels que le portefeuille PME ou le chèque-carrière, en Flandre.
L’Association des coaches reconnus en anti-stress et burn out (VESB) en a marre et veut entreprendre des actions contre les escrocs. « Une minorité qui ternit notre image », souligne la présidente Annita Rogier. « C’est pourquoi nous avons décidé de fonder un organe disciplinaire indépendant où les patients peuvent déposer plainte. »

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