Un mal bien policier – Le « police trauma syndrom »

Force à la loi – Analyse juridique et judiciaire du port et de l’usage des armes par les forces de l’ordre
Laurent-Franck Liénard
Date de parution : 01/05/2009
Editeur : Crépin-Leblond
ISBN : 978-2-7030-0334-2
EAN : 9782703003342
Présentation : Broché
Poids : 0.305 Kg
Dimensions : 14,3 cm × 20,0 cm × 1,5 cm

Le Docteur Beverly Anderson, présidente de l’American Academy of Police Academy, a déterminé une syndrome particulier qu’elle désigne sous l’appelation « police trauma syndrom ».

Selon le Docteur Anderson, le suicide des policiers peut devenir l’extension ultime de ce syndrome particulier.
Au stade intermédiaire, on constate les taux de divorces importants, la violence domestique, l’alcoolisme, les maladies cardio-vasculaires, les cancers et les dépressions, dont la fréquence en milieu policier est alarmante.
Les cinq phases identifiées par le Docteur Anderson correspondent à des stades différents de tentative d’adaptation comportementale par le policier au stress qu’il subit

1)-Le stade initial ou du débutant

Il s’agit du choc initial, qui correspond à la mise en miettes des idées que le policier avait pu se faire sur les gens ou sur le monde dans lequel il évoluait.
A ce stade, et dans ses premières années d’exercice, le policier prend conscience de la réalité du monde dans lequel il vit, de l’injustice criminelle, de la bureaucratie, de la politique et de l’incapacité de mener à bien une lutte efficace contre le crime.

2)-Le stade John Wayne

A ce stade, le policier tente de compenser le choc initial et devient accro à l’adrénaline. Il devient très dur verbalement et physiquement et enfouit ses émotions.

3)-Le stade professionnel de contrôle

Le policier a alors atteint un certain équilibre dans son travail et son « armure » s’est installée. Il se sent totalement hors d’atteinte, dégagé par rapport à la violence qui l’entoure ou à la médiocrité humaine à laquelle il fait face.

4)-Le stade du burnout

Le policier est alors consummé par l’engourdissement émotionnel et la rage. Il devient irritable, fâché tout le temps, il se plaint de tout. Il est incapable de supporter le changement, il se sent victime de tout et de tout le monde et est très susceptible de commettre des violences policières ou d’autres graves fautes professionnelles.

5)-Le police trauma syndrom

A ce stade, le policier a totalement perdu le contrôle. Ce syndrome frappe plus particulièrement les policiers isolés émotionnellement qui vivent l’accumulation de plusieurs évènements critiques non résolus, tels que le décès d’un collègue. Pour le Docteur Anderson, cette évolution est en quelque sorte naturelle et résulte des caractéristiques particulières de la fonction policière. Selon elle, il serait totalement erroné de considérer qu’il s’agit d’une pathologie, ce qui entrainerait un regard critique sur les policiers qui vivent cette expérience, alors même qu’il s’agit d’effets normaux de l’exposition prolongée au stress, qui suppose la mise en place de procédures d’assistance et d’aide afin d’éviter d’aboutir au stade ultime du processus.

Extrait du livre de Maitre Laurent-Franck LIENARD, Avocat à la cour d’appel de Paris, « Force à la Loi »

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Attention à analyser et développer :
http://www.aaets.org/article59.htm
http://ssbec.over-blog.net/article-15720397.html

Stress et suicide dans la police, l’organisation policière en question


19 février 2018

En 2017, 48 policiers français ont mis fin à leurs jours. Une année noire pour la police et une problématique récurrente chez les policiers qui avaient déjà connu une vague de suicides en 2014. Et avec deux nouveaux cas, début janvier, l’année 2018 s’annonce déjà difficile. Selon un rapport de l’Inserm datant de 2010, le risque de suicide dans la police est supérieur de 36 % par rapport au reste de la population.

Si de manière générale, les causes de ce phénomène ne sont pas nécessairement imputées au travail (soucis d’ordre privé, maladie, séparation…), ces chiffres invitent à prendre du recul quant au métier de policier. Ils semblent en effet indiquer un malaise persistant qui puise ces racines dans le travail de policier.

Aussi, pour endiguer le phénomène, le ministère de l’Intérieur a récemment annoncé une série de mesures visant à allouer des fonds supplémentaires à la prévention des risques psycho-sociaux, avec notamment le recrutement de psychologues, la redynamisation des cellules de veilles et de référent.
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Cercle vicieux

Dès lors, lorsque les policiers font face à des facteurs organisationnels élevés, sur lequel ils n’ont aucun contrôle, ils épuisent leurs ressources mentales et physiques et ont donc des ressources limitées pour gérer les exigences physiques et cognitives induites par leur métier.

Ce stress collectif qui se diffuse dans les équipes a un effet direct sur le travail des policiers. Comme le montre notre étude, déjà citée, les policiers épuisés vont faire davantage d’erreurs, dépasser certaines limites, être davantage absent et rendre le travail de leurs collègues plus difficile… ce qui aura pour effet d’épuiser les autres collègues. Un cercle vicieux… qu’il est nécessaire de casser.

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