Irina – L’anxiété – Consigne de collage d’après Agnès Albertini

Irina – L'anxiété – Consigne de collage d’après Agnès Albertini
Consigne de collage d’après Agnès Albertini

Les mains : la dominante celle qui détient le pouvoir et la « secondaire » celle qui n’agit pas en puissance mais qui seconde.
La puissance des mots
Le découpage, collage,
Le (re)lien
L’unification de l’être

Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre esquisse ?

J’ai donc pris une feuille de papier dessin blanche et je me suis rendu compte évidemment qu’elle n’était pas si petite que ça. Je dis évidemment parce que je n’avais pas envie d’une petite feuille mais d’une surface assez spacieuse pour que ma « petite » main gauche puisse y être encadrée, entourée et surtout qu’elle n’en déborde pas. Une espèce de sécurité pour moi : sentir la matière de la feuille sous ma main et voir la matière dépasser de ma main par en-dessous.

Le cercle

Créer dans votre esprit un cercle protecteur central, comme un ancrage. Sur la petite feuille tracez un cercle qui prend toute la place. Exprimez à l’intérieur du cercle les appréhensions pour l’avenir à l’aide de votre moyen d’expression préféré. En observation faites tourner le cercle. Mettre la main non dominante sur le cercle et tracez le contour de la main au crayon. Avec des ciseaux, découpez le contour de la main qui représente nos difficultés, nos nœuds, notre anxiété. Comme il s’agit de la main non dominante, nous représentons celle qui ne sait pas quoi faire.

Puis j’ai pris des crayons de couleur et j’ai imaginé ce cercle protecteur, assez grand lui aussi, le mental entourant tout mon corps et le physique dessiné sur la feuille, en bleu. Couleur que j’ai choisie pour sa symbolique.
J’ai tracé le cercle à la main, vite et je l’ai trouvé plutôt réussi. J’étais rassurée car il pouvait largement contenir ma main.

L’écriture des pensées négatives

La partie désagréable a commencé avec l’inscription à l’intérieur du cercle des mots négatifs qui exprimaient mes inquiétudes pour l’avenir. J’ai pris un crayon à papier car avec, on peut effacer les mots facilement et que ces mots générant du stress en moi je les voulais « volatils » en tout cas effaçables.

J’ai rempli tout le cercle du plus évident au plus éloigné dans mon esprit à ce moment-là. La dernière ligne était une phrase que je me suis surprise à écrire. Quelque chose du genre « la terre se meurt et nous avec et j’ai participé à ça… » Puis je l’ai tourné de manière à ce que les mots soient la tête en bas.

C’est drôle maintenant que je l’écris : les « maux » la tête en bas. Et j’ai souvent des vertiges en ce moment…
Puis j’ai apposé ma main gauche dessus. Évidement les mots dépassaient par en dessous et donc seules quelques bribes étaient contenues dans le tracé de la main. Comme si je ne voulais pas tout voir, ou bien tout dévoiler alors que les mots étaient bien là.
Avant de découper la main j’ai éprouvé le besoin de la colorier. Quatre couleurs appliquées au crayon à papier l’une après l’autre : rose, orange, bleu, vert. J’avais envie de colorier toute la main mais ça devait rester pale pour ne pas effacer les mots. J’aime beaucoup le coloriage car la couleur remplit le blanc et est contenue par les tracés. Cela m’apaise de colorier et de plus j’aime beaucoup entendre le léger bruit du crayon à papier sur la feuille. C’est régulier et apaisant.
Ensuite j’ai découpé la main et je l’ai donc détachée de la plupart des mauvais mots mais il subsiste des traces sur elle.

L’énergie de la main dominante

Collez, sur la feuille plus grande, la main non dominante et faites le contour de l’autre main en face. Il s’agit donc de la main qui a les capacités d’agir. Elle n’est pas paralysée par l’anxiété, elle garde son calme, elle est capable de s’ancrer. Créer à l’intérieur de cette main la force en s’inspirant des mots échangés inscrits sur le tchat des mots qui permettent de rester ancré. Avec les matériaux que vous voulez, vous remplissez la main en respectant un espace d’avec le texte. Vous soulignez les contours de la main avec un feutre.
Entre les deux mains, dans l’espace vide, vous inscrivez les mots de l’énergie qui va passer de la main dominante à l’autre. La main est le symbole du toucher, interdit en cette crise sanitaire. Il s’agit de la considérer, de la mettre en mouvement malgré l’interdiction.

Irina – L'anxiété – Consigne de collage d’après Agnès Albertini 1
Je l’ai collée avec application. C’est presque comme du coloriage dans le geste. Sauf que j’ai collé cette main sur une surface vierge pour qu’elle aille à la rencontre de l’autre main.
La représentation de la main droite, la forte, celle qui détient le faire et donc le pouvoir faire m’a donné de l’énergie. J’ai eu envie de la dessiner en rouge et de la colorier elle aussi en rouge, couleur du feu et de la vie.
Puis j’y ai inscrit les mots qui représentent mes soutiens et ressources avec un stylo indélébile cette fois. J’ai du coup apporté avec ce même stylo des détails à la main : ses ongles et ses phalanges. Comme pour l’ancrer encore plus dans la réalité.
Les mots ont rempli la main dans une effusion.
C’est bon de se rendre compte de toutes les ressources dont on dispose.
J’ai représenté l’énergie que la main droite apportait à la main gauche et comme cela ne me suffisait pas j’ai imaginé que poser physiquement ma main gauche sur le dessin de la main droite pouvait réchauffer l’une et rafraîchir l’autre. Et j’ai aussi posé ma main droite sur le dessin de la main gauche pour rééquilibrer les énergies. J’ai tracé furtivement ces deux appositions au crayon de couleur : du bleu autour de la main droite et du rouge autour de la main gauche pour rééquilibrer.
J’ai inscrit sur la feuille les quelques mots qui venaient encore. Puis j’ai arrêté.

Quels matériaux avez-vous utilisé ?

Feuille blanche
Crayons de couleur
stylo indélébile

Que ressentez-vous en regardant votre production ?

J’ai consacré 45 minutes à ce faire.
A la fin je me sentais plus unifiée, plus équilibrée.
J’ai constaté avec surprise que j’ai perdu quelques points d’anxiété en refaisant le test.
Je pensais ne pas être anxieuse avant de commencer (tous les mots ne sont pas visibles = tous les maux ne sont pas visibles) mais finalement je comprends que je subis comme tout le monde ce climat délétère et que je dois regarder cette anxiété en face afin qu’elle puisse me traverser sans dommages.
C’est ainsi que je pourrai me consacrer aux autres.

Sophie G. – L’épidémie et la peur

Sophie – Epidémie peur
Ce travail a été fait d’après une processus proposé par Chantal Nahas

L’art et toi : transformer la peur par Chantal Nahas

Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre esquisse ?

J’ai préparé, avec beaucoup de soin, tous les outils qui me semblaient nécessaires à cette production. Paradoxalement en ce temps de confinement où l’on devrait justement avoir plus de temps pour soi (surtout si l’on se retrouve au chômage partiel), j’ai le sentiment de m’octroyer enfin un temps essentiellement pour moi et durant lequel je vais peut-être pouvoir apaiser mon état général. J’ai donc particulièrement veillé à ne pas être dérangée durant ma production et surtout à ce que rien ne puisse venir rajouter à mes pensées ruminantes du moment comme par exemple la télévision ou mon portable que j’ai fait attention d’éteindre. Une fois tout en place, j’ai pu passer à la concrétisation de cette production.

Quels matériaux avez-vous utilisé ?

J’ai utilisé des crayons de papier HB et 2B, stylo bille de couleur noire, Une moitié de feuille Canson 300 g format raisin (ce qui donne 50×33 cm) destinée à l’aquarelle donc très épaisse pour pouvoir être libre d’utiliser n’importe quelle technique s’il m’en prenait l’envie, de la gouache aquarellable, et des pastels aquarellables également.

Qu’avez-vous ressenti tout au long de l’évolution de votre création ?

Lorsque j’ai commencé cette création, je n’avais aucune idée de la manière dont les choses allaient tourner. J’ai beaucoup pratiqué avec des patients ces derniers temps, mais justement les derniers événements, et cette période de confinement qui en résultent m’ont ramenée brutalement à ma réalité et surtout m’ont positionnée devant le fait que moi aussi je pouvais avoir besoin de travailler sur moi-même. D’autre part, récemment diplômée j’éprouve un grand besoin de me situer en tant qu’art-thérapeute, non seulement par rapport à cette crise, mais aussi par rapport aux conditions dans lesquelles je souhaite pratiquer ce métier. Je me retrouve donc figée dans un état de stress latent.

C’est donc dans cet état de stress que j’ai commencé ma production, ce qui explique certainement le fait que j’ai eu du mal à m’arrêter au moment de réaliser le fond chaotique qui est vraiment à l’image de mon état d’esprit actuel.

Cependant, au bout d’un moment qui m’a tout de même paru assez long, j’ai éprouvé le besoin de m’installer plus confortablement… Étais-je enfin prête à lâcher prise ?

Les premières couleurs utilisées sont très proches de la couleur rouge, et j’ai du mal à les quitter. Il est vrai que je ressens de la colère, surtout au moment de sortir faire les courses. Mon mari continuant à travailler, je vais seule faire les courses (d’habitude nous y allons ensemble). C’est donc toute seule que je fais face à l’agressivité, la méfiance, et les comportements immatures des personnes qui demeurent incrédules, régnant dans les grandes surfaces. Je rentre sans force, mais aussi avec beaucoup d’amertume et profondément déçue par l’attitude de tous ces gens.

Enfin ! je parviens à changer de couleur et à utiliser du jaune. Mes idées ruminantes commencent à s’estomper et je commence clairement à m’apaiser. Ma création devient plus lumineuse. Parfois les couleurs se mélangent avec le contour noir, mais cela m’est égal, au contraire, je n’aime pas forcément le noir… Pour moi c’est enfin une explosion de couleurs, et toutes les pensées qui pourraient m’empêcher de mener cette production à son terme se sont envolées. Je garde volontairement deux grandes surfaces que je souhaite colorer en orange, ma couleur préférée signe d’énergie. J’y prends du plaisir et je profite vraiment de ce moment enfin apaisée. d’ailleurs mon café est froid !

Au moment de faire rayonner le cœur central, j’aimerais d’ailleurs qu’il rayonne encore plus, mais pour le moment je n’y parviens pas. Je voudrais trouver une autre idée que la peinture blanche : je vais essayer avec de l’aquarelle dorée. Je voudrais qu’il ne se contente pas de rayonner mais qu’il illumine également…

Que ressentez-vous en regardant votre production ?

Je suis surprise de ma production. Je n’ai pas cherché à faire du beau, ni de l’esthétique et je la trouve justement très joyeuse, ce qui me parait en fait beaucoup plus important. Elle explose de couleurs et cela me procure en la regardant beaucoup de plaisir. J’aimerais beaucoup la garder dans un coin de mes pensées, comme une petite piqûre de rappel dans les moments compliqués que la situation actuelle nous impose, de manière à repousser les mauvaises ondes quand elles surgiront à nouveau.

J’apprécie énormément aussi ce moment d’écriture qui me permet d’aller encore plus à la rencontre de mes émotions, et les écrivant d’abord sur le papier au brouillon, et ensuite en les reprenant sur le blog (J’ai toujours adoré écrire). Pour moi, il s’inscrit de façon indispensable dans la continuité de la production et représente dès-lors une étape toute aussi cruciale que la production en elle-même.