Transparence digitale et transfert digital dans les consultations en ligne par Frédéric Tordo

CONSULTATIONS EN LIGNETRANSPARENCE DIGITALE ET TRANSFERT DIGITAL DANS LES
CONSULTATIONS EN LIGNE

Tordo, F. (2020). Transparence digitale et transfert digital dans les consultations en ligne. Cahiers critiques de thérapie familiale et de pratiques de réseaux, 65(2), 49-64. https://doi.org/10.3917/ctf.065.0049

Frédéric Tordo. Psychologue clinicien, Docteur en psychologie clinique. Par ailleurs, fondateur et Responsable du Diplôme Universitaire (D.U.) de Cyberpsychologie (Université de Paris).

Résumé

En temps de confinement, le psychisme est mis à l’épreuve. Par conséquent, trois formes de confinement se font jour,  ainsi décrites : physique, psychique et numérique. Au sein même de ces confinements, nous observons une transparence psychique, à savoir un abaissement des défenses qui conduit au surgissement de contenus psychiques. Ceux-ci demeurent habituellement inconscients. Dans ce contexte, le numérique intervient régulièrement comme une échappatoire. Elle étend donc la transparence psychique au digital.

C’est la transparence digitale, que nous définissons comme un état psychique de transparence de sujet à son Moi lui-même.

Or, la pratique des consultations en ligne semble pleinement participer de ces phénomènes de transparence, au travers du transfert digital qui s’exprime par une communication thérapeutique facilitée. Il traduit le fantasme d’un rapprochement de la psyché du thérapeute et du patient.

Introduction

La période de la pandémie du Covid-19 en 2020, et du confinement qui s’en est suivi pour de nombreux pays dans le monde, a été celle d’une transformation, voire d’un bouleversement des pratiques pour les psychologues cliniciens et pour les psychothérapeutes. En peu de temps, les praticiens de la santé mentale ont dû réorganiser leur pratique pour l’adapter en ligne, notamment par la mise en place de consultations à distance – et en particulier pour ceux qui travaillaient en cabinet. Mais ils l’ont fait dans un contexte très particulier, de confinement et de crise.

Le numérique comme échappatoire

Aussi, nous verrons dans ce texte à envisager le confinement comme mettant à l’épreuve le psychisme.  La conséquence de ce confinement organise notamment des processus psychiques singuliers, comme avec la transparence psychique. Pour autant, en temps de confinement, c’est encore le numérique et/ou la technologie qui interviennent, parfois comme des échappatoires, et qui fondent également, comme nous le verrons, une forme particulière de transparence que nous avons nommé la transparence digitale (Tordo, 2020b).

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Des machines qui nous transforment

Interaction humain-robot
Interaction humain-robot]

Comprendre les relations entre les humains et les robots intelligents est l’un des défis de la psychologie du XXIe siècle

Par AURÉLIE FAESCH-DESPONT
Rédactrice en chef de Psychoscope chez Föderation der Schweizer Psychologinnen und Psychologen (FSP)
Les robots dotés d’intelligence artificielle et d’empathie représentent une avancée technologique majeure. Par conséquent, ils rendront aussi les rapports entre l’humain et la machine de plus en plus complexes. Auteur en 2018 de l’ouvrage Petit traité de cyberpsychologie, le psychiatre français Serge Tisseron invite les psychologues à s’intéresser de plus près à l’interaction humain-robot.

Comment en êtes-vous venu à vous intéresser à l’interface entre la psychologie et la robotique ?

Tout d’abord, les liens que nous établissons avec nos objets quotidiens sont les grands absents de la psychologie. Cependant ils jouent un rôle essentiel dans la construction de notre identité et de notre sociabilité. En 1998, j’ai voulu rompre ce silence en publiant Comment l’esprit vient aux objets. J’y montre que l’être humain entretient une relation fondamentalement affective avec les objets. Par ailleurs qu’il n’a jamais cessé de leur déléguer ses propres capacités.
Il s’agit, bien entendu de ses capacités physiques, comme l’ont montré les travaux de l’ethnologue français André Leroi-Gourhan. Cependant, il s’agit aussi de ses capacités psychiques, comme lorsque nous faisons d’un objet le gardien des souvenirs que nous y avons déposés. Quand j’ai découvert que des scientifiques parlaient de robots dotés d’une « empathie artificielle », j’ai été scandalisé qu’ils puissent laisser croire que des machines aient des émotions semblables à celles des humains.

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