Ce que tout le monde doit savoir sur la cyberpsychologie

Ce que tout le monde doit savoir sur la cyberpsychologie
24 septembre 2018
Youcef MAALLEMI – Alger
« Nous sommes encore bien loin de la reconnaissance de la cyberpsychologie », Dr Djalila Rahali
– Première cyberpsychologue en Algérie, depuis 1999. Psychothérapeute et cyberpsychothérapeute spécialisée en addictions à internet (aux réseaux sociaux, jeux en ligne, smartphones et hacking).
– Ex conseillère de ministres chargée de l’e-communication.
– Chercheur en comportements des cybers délinquants et cybercriminels.
– Membre du Laboratoire des Moyens d’Investigation et Techniques Thérapeutiques des Troubles du comportement à l’Université d’Oran.
– Auteure de plusieurs articles autour de l’addiction à internet, et du passage chez l’algérien de la citoyenneté à la « netoyenneté » par des processus psychologiques. Activiste dans les opérations de sensibilisation des parents d’élèves et des écoliers en milieu pédagogique.


(CIO Mag) – La psychologie est en train de se numériser en allant vers la numérisation des tests psychologiques ainsi que l’application des psychothérapies à travers internet. L’utilisation de la réalité virtuelle, ainsi que la réalité augmentée,  ne sont plus des manières de faire nouvelles. la réalité virtuelle est employée pour guérir quelques troubles et quelques pathologies telles que la phobie, la dépression, l’anxiété post-traumatique, etc. Ce passage de la psychologie classique à la psychologie digitale a un nom : la cyberpsychologie.

Cette dernière consiste à étudier l’impact des nouvelles technologies sur les comportements humains.

Selon le Dr Rahali « les nouvelles plateformes numériques, surtout connectées, ont valu l’émergence de nouveaux troubles psychologiques et psychopathologiques. Ce sont le FoMO (anxiété de rater quelque chose sur internet), le selfitis (addiction au selfies , la cyberchondrie, l’addiction à internet et aux réseaux sociaux, le jeu pathologique en ligne, etc.
Pour cette psychologue, « la cyberpsychologie gagne de plus en plus de terrain et touche actuellement même à la cybercriminologie. Tantôt elle est utilisée pour analyser les cyber-comportements des internautes en danger, surtout quand il s’agit de cyber-harcèlement, de cyber-escroquerie, de sextortion ou de cyber-pédophilie . Mais, dans d’autres cas, elle peut être utilisée dans le domaine juridique pour aider la jurisprudence à comprendre mieux la personnalité de l’attaquant et les mobiles et motivations derrière son acte criminel commis dans l’espace cyber ». En ce qui concerne l’Algérie, le Dr Rahali Djalila estime « que nous sommes encore bien loin de la reconnaissance de la cyberpsychologie comme spécialité à part entière ».

La cybercriminalité : ravage dans le milieu féminin

Pour information, le Dr Rahali a adopté cette discipline, il y a presque une vingtaine d’années, par des recherches scientifiques académiques. C’est son propre site web qu’elle a dédié aux consultations et conseils en ligne puis aux psychothérapies en ligne dans le cadre de la recherche scientifique. Sans s’arrêter là, mais à travers ses nombreuses activités et conférences nationales et internationales, elle présente cette spécialité. Elle met en exergue son importance au profit de la transformation numérique, des investigations sécuritaires pour avoir des résultats plus rapides. Il est même possible de prédire les actes cybercriminels avant leur survenance.
La veille cybersécuritaire sur les réseaux sociaux en se basant sur des éléments psychologiques sont, à son sens, importants . Elle estime que la cybercriminalité fait ravage dans le milieu féminin sur les réseaux sociaux et qu’elle est un réel danger pour certains jeunes qui se voient recrutés par des groupes cyberterroristes.

Dans ce contexte, le Dr Rahali parle dans ses conférences de cyberprofiling psychologique au profit de la société civile ainsi qu’au profit des cyber-agents. Cela n’exclut pas que l’addiction à internet est sous-estimée quand il s’agit de comportements cybercriminels commis par des enfants, adolescents ou jeunes adultes (hackers criminels).

Élue parmi les dix personnalités qui contribuent au développement des TIC en Algérie, le Dr Rahali espère aller encore plus loin dans ses recherches au profit de l’éducation au numérique. Elle intervient dans les établissements scolaires à partir de l’école préparatoire ainsi que pour la sensibilisation de la société civile. Elle participe à la formation pour la chaire universitaire et aussi l’aide spécialisée pour la lutte contre la cybercriminalité et le cyberterrorisme.

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Serge Tisseron : « Les  robots vont modifier la psychologie humaine »

Robots et psychologie humaine

Serge Tisseron : « Les  robots vont modifier la psychologie humaine »
16.07.2018
Propos recueillis par Catherine Vincent
Satisfaction des désirs, solitude, mémoire, relation à l’espace… Pour le psychiatre Serge Tisseron, les machines dotées d’une intelligence artificielle vont bouleverser non seulement notre quotidien mais aussi notre manière d’être au monde.
Serge Tisseron est psychiatre, docteur en psychologie et, depuis 2015, membre de l’Académie des technologies. Il a cofondé, en 2013, l’Institut pour l’étude des relations homme/robots (IERHR), dont il est toujours un membre actif.

Comment l’omniprésence de machines dotées d’une intelligence artificielle (IA) dans notre quotidien va-t-elle modifier le psychisme humain ?

Les robots vont modifier la psychologie ­humaine autant que les progrès de l’alimentation et de la médecine ont modifié nos corps. Notre taille et notre corpulence ont changé, notre résistance aux maladies et à la douleur aussi, mais nous ne nous en rendons pas compte car ces changements nous sont devenus naturels. Il en sera de même avec les ­machines intelligentes, qui vont bouleverser non seulement notre quotidien mais aussi notre manière d’être au monde.

Pepper robots by SoftBank Robotics are seen in an exhibitor’s suite during CES 2018 in Las Vegas on January 11, 2018.
The humanoid robot is designed to be a companion and is capable of recognizing human emotions. / AFP PHOTO / Mandel Ngan

Quatre domaines, au moins, seront profondément modifiés. D’abord, notre capacité à différer la satisfaction de nos désirs. Le téléphone, puis le mail, ont déjà commencé à altérer notre capacité de résistance à l’attente relationnelle : avec la livraison quasi instantanée par drone, nous allons aussi devenir intolérants à l’attente des objets. Le degré suivant sera probablement l’intolérance à nos attentes de reconnaissance, car nos robots de proximité pourront nous gratifier de quantité de félicitations et gentillesses. Dès lors, serons-nous capables de supporter que la société humaine qui nous entoure soit moins aimable avec nous ? Aurons-nous seulement envie de continuer à la fréquenter ?

Le deuxième changement concerne le rapport à la solitude et au discours intérieur. Avec nos « chatbots »[« agents conversationnels »], nous allons développer une tendance à nous raconter en permanence. Contrairement à la plupart des humains, ces machines nous ­feront constamment rebondir par des questions, des plaisanteries et des gentillesses. Pour une raison simple : la capture de nos données personnelles…

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