Le Bataclan deux mois après…

Le Bataclan deux mois après…
Ajoutée le 8 févr. 2016

Logo L'Obs le plusMon esprit est resté au Bataclan.
Amaury Baudoin est un jeune mannequin français, et le 13 novembre, il était au Bataclan.

« Au mauvais endroit, au mauvais moment »

Dans une vidéo postée sur YouTube, il raconte sa soirée :

“ Ce soir-là, ma copine et moi étions au mauvais endroit au mauvais moment. (…) Au Bataclan, j’ai croisé Caroline, une fille de mon âge qui m’a servi au bar et Gilles qui était à côté de moi dans la salle et que j’avais remarqué pour l’élégance de sa barbe et de ses lunettes rondes. Tous les deux sont morts. Je ne les connaissais pas et pourtant je pense fort à eux. ”

Amaury Baudoin nous montre quelques images du début du concert des Eagles of Death Metal, avant le chaos.

“Le 13 novembre, j’ai cru que j’allais mourir. (…) J’éprouve encore des scrupules à avoir eu autant de chance de m’en être sorti avec un simple éclat dans la cuisse et dans le dos.”

« Confronter mes valeurs, remettre en question mes idées »

Amaury Baudoin compte se battre

“Je refuse de perdre mes yeux d’enfant. (…) Je vais utiliser ma caméra comme ils utilisent leurs fusils. Je vais la tourner vers le réel pour y confronter mes valeurs et remettre en question mes idées.”

Si cette vidéo est notre vidéo du soir, c’est qu’elle nous a émus.
On souhaite beaucoup de courage à Amaury Baudoin, et à tous ceux qui ont été touchés de près ou de loin par ces événements.

Pour lire l’article, cliquez sur le logo de l’Obs plus

3/ Livre – Gérer la dissociation – Préface française de la Dre Muriel Salmona

Gérer-la-dissociation

Exercices pratiques pour patients et thérapeutes
Suzette Boon, Kathy Steele, Onno Van der Hart

Muriel Salmona (Préfacier)

page 16

(Le livre) Et il pallie la méconnaissance, la sous-estimation et l’incompréhension qui entravent l’identification des violences et de leurs conséquences psychotraumatiques. Restituer aux victimes traumatisées une parole, une cohérence, une vérité, une solidarité et des droits dont elles sont privés. Redonner du sens dans ce qui leur arrive, est une nécessité absolue.

page 17

Grâce aux travaux de nombreux cliniciens, nous savons que cette mémoire traumatique est une véritable torture. Elle fait revivre à l’identique pendant des années, voire des dizaines d’années, lors de réminiscences, flash-backs et cauchemars, les scènes de violences. Plus les violences ont eu lieu tôt dans la vie des victimes, plus ce dernières risqueront de se construire avec ces émotions, ces sensations de terreur, ces actes et ces propos pervers, à devoir lutter contre eux sans les comprendre, et sans savoir où se trouve la ligne de démarcation entre leur vraie personnalité et leur vraie sexualité, et ce qui est dû à leur mémoire traumatique. La mémoire traumatique les hante (van der Hart, 2010, Salmona, 2013), les dissocie sans cesse, les exproprie et les empêche d’être elles-mêmes ; pire, elle leur fait croire qu’elles sont doubles, triples, voire quintuples : une personne normale (ce qu’elles sont), une personne traumatisée (la victime qu’elles ont été au moment de la/des agression(s), elles peuvent se retrouver le petit enfant terrorisé, perdu, avec une angoisse d’abandon massive, leur vraie personnalité avec sa cohérence, ses désires, ses projets) une personne absente, vide (celle qui est totalement déconnectée pour sur-vivre, absente à elle-même, envahie par le néant), une moins-que-rien qui a peur de tout, et une coupable dont elles ont honte et qui mérite la mort, une personne qui pourrait devenir violente et perverse et qu’il faut sans cesse contrôler, censurer.

page 18

Le but, que ce soit pour le psychothérapeute ou le patient, est de ne jamais renoncer à tout comprendre, ni à redonner du sens. Tout symptôme, tout cauchemar, tout comportement qui n’est pas reconnu comme cohérent avec ce que l’on est fondamentalement, toute pensée, réaction, sensation incongrue doit être disséqué pour le relier à son origine, pour l’éclairer par des liens qui permettent de le mettre en perspective avec les violences subies et pouvoir ainsi le désamorcer. Il s’agit pour le patient de devenir expert en gestion et en « déminage » et de poursuivre le travail seul, pour que la mémoire traumatique se décharge de plus en plus et que les conduites dissociantes ne soient plus nécessaires.