Attentats de Paris : le témoignage de Pierre, rescapé du Bataclan

Ajoutée le 17 nov. 2015
Attentats de Paris : le témoignage de Pierre, rescapé du Bataclan

Les conséquences psychiques seront très lourdes pour celles et ceux qui ont vécu l’enfer de attentats de Paris, quand bien même elles s’en seraient sorties physiquement indemnes. Nous avons recueilli le témoignage de Pierre, qui s’est retrouvé piégé vendredi soir dans l’enceinte du Bataclan.

Allodocteurs.fr
Michel Cymes
Marina Carrère d’Encausse
Benoît Thévenet
France 5

Parvenu à s’enfermer dans les sanitaires, il a passé un très long moment – qu’il estime avoir duré 2h30 – à entendre les cris, les tirs, les bruits du rechargement des kalachnikovs, puis les terroristes marcher, et placer ce qui s’avérerait être une bombe. Jusqu’à l’assaut du RAID, où les membres du corps d’élite lui ont demandé de sortir, de lever les mains et de ne pas se retourner…

« Je ne sais pas si c’est de la curiosité mal placée, si c’est quelque chose de malsain, je ne sais pas… mais je pense qu’il y aussi quelque chose de l’ordre de la défense, pour vérifier qu’il n’y a pas quelque chose d’autre qui peut vous arriver… Donc on regarde, et puis là, forcément, on voit : on voit tous les cadavres, le sang… Des jeunes… […] Ce n’étaient que des gamins qui voulaient s’amuser. »

Stéphanie, rescapée du Bataclan : « Je me suis retrouvée assise au balcon, ça m’a sauvé la vie »

Stéphanie, rescapée du Bataclan : « Je me suis retrouvée assise au balcon, ça m’a sauvé la vie »
16 novembre 2015
Stéphanie était présente vendredi dernier au Bataclan pendant les attentats. Un hasard a fait que contrairement à ses habitudes, elle s’est retrouvée à voir le concert assise, dans un balcon, loin de la scène. Cela lui a sauvé la vie.

« Tu es une miraculée. »

Les larmes aux yeux, le père de Stéphanie étreint sa fille sur le trottoir du boulevard des Filles du calvaire, à quelques centaines de mètres du Bataclan. Il est 2 h 20 et les retrouvailles père-fille sont poignantes. La demoiselle d’une vingtaine d’années sort tout juste de la salle de concert, emmitouflée dans une couverture de survie.
Encore abasourdie, elle fait partie des rares témoins du drame à s’arrêter au niveau du cordon derrière lequel sont confinés les journalistes, à une cinquantaine de mètres d’un restaurant japonais transformé en hôpital de fortune où les secouristes prodiguent les premiers soins.

Barricadés derrière une porte

Posément, la jeune femme à lunettes et aux cheveux bouclés raconte les trois heures de cauchemar qu’elle vient de traverser : « Avec une trentaine de personnes, on a couru quand il y a eu les détonations et nous sommes arrivés dans les loges, où nous nous sommes barricadés. On a bloqué la porte d’accès en la barrant d’un frigo et de meubles, et on a attendu… » Pratiquement trois heures. Autant dire une éternité : « On n’avait pas d’air, c’était irrespirable mais on n’osait pas ouvrir la fenêtre de peur de prendre une grenade. »
Si elle n’a jamais vu les terroristes, la demoiselle les a entendus à plusieurs reprises : « Ils ont frappé à la porte, disant qu’ils avaient des ceintures d’explosifs. Après, on les a entendus négocier avec le Raid. Puis il y a eu la fusillade. On sentait les vibrations. »
Les policiers d’élite mettront fin à son cauchemar : « Au début, on n’a pas voulu leur ouvrir. On ne croyait pas que c’était eux », raconte la jeune femme, qui n’a pas encore réalisé : « On pense que cela n’arrive qu’aux autres, qu’on est dans un mauvais rêve et que ça ira mieux après. » Malheureusement, la réalité l’a rattrapée derrière la porte des loges : « Il y avait des corps par terre et du sang partout. »