La parole des victimes contre le terrorisme

La parole des victimes contre le terrorisme
Denis Salas
Date de parution : 11/04/2018
Editeur : DDB
ISBN : 978-2-220-09428-1
EAN : 9782220094281
Format : Grand Format
Présentation : Broché
Nb. de pages : 305 pages
Poids : 0.266 Kg
Dimensions : 12,5 cm × 18,0 cm × 2,1 cm


Denis Salas est magistrat et essayiste. Il dirige la revue Les Cahiers de la Justice et préside l’Association française pour l’histoire de la justice. Dernières publications : Le Courage de juger (2014) et Erreurs judiciaires (2015).


Souvent, la foule est criminelle, émeutière, redoutée pour sa force indomptable. Elle inquiète par la fièvre qui l’anime et la violence éruptive qui s’en dégage. On oublie qu’il est des foules paisibles et inoffensives, qu’elles sont des cibles faciles pour les terroristes et que le cœur de nos villes peut devenir le lieu de crimes de masse. Malgré le choc qui l’étourdit, cette foule innocente se relève.
Elle se recompose et se dresse sur nos places publiques. Là où la panique menace, on voit monter la solidarité ; là où on craint la haine, la dignité s’impose. La foule citoyenne s’avance en marches silencieuses pour résister devant l’épreuve. Elle s’individualise peu à peu : son anonymat s’efface, son bruit se fait voix. De cette âme collective surgissent des gestes, des noms, des visages. La singularité des vies et des liens apparaît.
Un grand récit émerge du désastre initial. Il s’ancre dans un collectif reconstitué, des formes du deuil réinventées, une forte attente de justice. La foule des victimes du hasard devient une communauté de destin. De son parcours, ce livre veut témoigner.



10.07.2018
Livre. Comment un homme ou une femme, une foule, une ville, un Etat, un peuple ou un pays peut vivre avec le trauma d’un attentat meurtrier qui l’a touché ? Comment se relever, continuer, résister, vivre malgré l’horreur vécue ? Comment respecter la mémoire des disparus, accompagner les survivants, écrire un récit à hauteur d’homme, humanisé sans nier la réalité guerrière de l’attaque ?

Ce livre de Denis Salas constitue sans doute l’une des plus belles définitions de la résilience. Pourtant ce mot à la mode n’y est pas écrit. Comme si l’auteur voulait conjurer le risque d’une formule toute faite pour mieux s’en affranchir et explorer le champ en toute liberté. Il le fait de façon forte et personnelle. De fait, le magistrat était à Nice le 14 juillet 2016 quand l’inimaginable s’est produit sur la promenade des Anglais.

Opposer le droit à la barbarie est, bien sûr, la première des réponses. Plaider le contraire eût été déroutant de la part du directeur de la revue Les Cahiers de la justice, éditée par l’Ecole nationale de la magistrature, et président de l’Association française pour l’histoire de la justice. Mais, selon lui, cette réponse n’est pas suffisante.

L’onde de choc de la répétition d’attentats qui fauchent au hasard dans les foules, est amplifiée par les médias et l’instantanéité de la diffusion d’images d’horreur sur les réseaux sociaux. La stratégie de la peur et « l’abjection sublimée » par le djihad médiatique mettent en péril le pacte social par lequel le citoyen a mis sa sécurité entre les mains de l’Etat.

Mais cette confrontation entre l’Etat défié et l’ennemi invisible est une double impasse. D’abord, parce que la réponse guerrière se fait au prix de législations qui menacent les acquis démocratiques sans pour autant garantir la sécurité. Surtout, car les victimes sont exclues de ce tête-à-tête. Dans cette « guerre » au terrorisme, la victime officielle est l’Etat et c’est ce qui…

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Le livre « Le Lambeau », comme une thérapie pour Gaëlle, 36 ans, rescapée du Bataclan

Le livre « Le Lambeau », comme une thérapie pour Gaëlle, 36 ans, rescapée du Bataclan
Edité par Alexandra du Boucheron & Sandrine Etoa-Andegue
08/05/2018
Gaëlle, blessée lors de l’attentat du Bataclan a dévoré « Le Lambeau », le récit de Philippe Lançon, rescapé de l’attaque contre Charlie Hebdo la même année.
Récit dense d’un rescapé meurtri dans sa chair lors de l’attentat du 7 janvier 2015 au siège du journal Charlie Hebdo, Le Lambeau (éd. Gallimard, 19 avril 2018) est le livre dont tout le monde parle et dont le lecteur ne ressort pas indemne. Son auteur, Philippe Lançon, écrivain et journaliste à Libération et Charlie Hebdo, raconte avec minutie et un pouvoir d’évocation puissant, le carnage, sa vie d’avant et le lent travail de reconstruction physique et psychique.
L’ouvrage, tiré à 30 000 exemplaires, a été réimprimé deux fois et s’est vendu à 75 000 exemplaires. Gaëlle aussi a traversé cette épreuve tragique. Grièvement blessée au Bataclan le 13 novembre 2015, elle a croisé Philippe Lançon à l’hôpital. La lecture du livre l’a bouleversée. Le Lambeau, c’est aussi son histoire.
Le Lambeau est posé sur la table basse de son salon. Gaëlle a lu les plus de 500 pages du roman en 10 jours. La nuit surtout. Elle a même noté certains passages dans un carnet. « C’est quand le terroriste était dans la salle et tirait sur les gens. Lui, explique qu’il voyait deux jambes noires et le bout de son fusil, et qu’il faisait le mort. En fait, c’est exactement ce que j’ai dû faire pour ne pas y rester. Il écrit : ‘Je me croyais toujours étranger à toute blessure. J’étais blessé pourtant. Assez immobile et la tête baignant probablement déjà dans assez de sang pour que le tueur n’ait pas jugé nécessaire de m’achever. »

« Ça a été dur de le lire et, en même temps, je me suis dit : ‘Lui aussi a fait ça.’ Faire le mort a un sens quand même fou. »

Gaëlle à franceinfo

Les balles des terroristes ont atteint Philippe Lançon et Gaëlle aux mêmes endroits. Le côté gauche de la mâchoire arrachée de la jeune maman de 36 ans se reconstitue lentement comme un puzzle de chair. Son bras gauche, qui tient avec une plaque et une dizaine de vis, est encore douloureux. Elle doit subir sa 22e opération chirurgicale mi-juin.

Les mots de l’écrivain, la vérité du rescapé

« Moi aussi, à l’époque, j’avais voulu tenir un journal, confie Gaëlle. Je me suis dit que de toute façon je m’en souviendrai. En fait, aujourd’hui, je me rends compte que j’ai complètement enfoui tout ça. »
« Il a fait ce travail un peu de mémoire auquel je m’identifie complètement. De façon ultra-réelle. Un réel un peu âpre, un peu infernal. »

Gaëlle à franceinfo

« Il a un talent d’écrivain et à ce titre, ça aide, poursuit-elle. Ça aide à comprendre et à mettre des mots sur des choses que l’on a en soi mais dont on ne parle pas forcément, soit parce qu’on n’a pas envie, soit parce qu’on ne sait pas. »

La lecture comme une thérapie

L’écriture de ce récit, intense, traversé par des références littéraires et musicales (Proust, Kafka, Bach), a sauvé Philippe Lançon. Pour Gaëlle, c’est une thérapie. « Il fait comprendre la violence, la souffrance, la solitude… Toutes ces notions-là, mais sans que ce soit finalement si lourd à porter. C’est ça qui m’a plu. »

« Ce n’est pas dans le mélodramatique. Il apprend à affronter sa gueule cassée. »

« C’est tout ce cheminement-là qui est un peu effroyable, mais ça sert pour avancer », affirme la jeune femme qui a prévu de lire Le Lambeau une seconde fois : « Je vais le relire avec encore plus d’attention. Là, j’ai mangé le livre parce que j’avais besoin d’aller au bout et aussi pour intégrer la dimension littéraire qu’il donne à ses descriptions et aussi pour me cultiver », conclut-elle dans un rire.

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