‘This is it. I love you. Goodbye’: Inside the Bataclan – Newsnight

BBC Newsnight

‘This is it. I love you. Goodbye’: Inside the Bataclan – Newsnight

Six témoins racontent

ajoutée le 18 déc. 2015

What was it like to be inside the Bataclan on the night of the Paris attacks? Here are the stories of six people who survived. This report by Newsnight’s Warwick Harrington contains some distressing material.

Six témoins racontent

LE SCAN TÉLÉ / VIDÉO – Dans ce reportage diffusé un mois après les attaques terroristes qui ont touché plusieurs lieux de la capitale française, six témoins racontent le déroulé de la soirée du 13 novembre.

Lundi soir, la BBC proposait un document inédit sur les attentats parisiens du 13 novembre dernier. Appelé This is it. I Love you. Goodbye, ce mini-documentaire s’intéresse à l’attaque survenue dans l’enceinte du Bataclan, lieu qui compte le plus de morts.

Six témoins ont accepté de revenir sur cet épisode pour la chaîne publique britannique. Benoît, Stéphane ou encore Lydia racontent leur soirée, du début du concert des Eagles of Death Metal jusqu’à l’arrivée des terroristes dans la salle de spectacle. Le reportage alterne entre les entretiens des témoins, des images amateurs tournées par des spectateurs et du texte inscrit sur fond noir. «Nous pensions passer la plus belle soirée de notre vie», raconte une jeune femme. «Le concert était génial jusqu’à la cinquième ou sixième chanson où tout a commencé», ajoute l’un d’entre eux.

L’agent de sécurité du Bataclan, Noumouké Sidibé, déjà interrogé dans Sept à Huit peu après les attentats, décrit son état d’esprit lorsque les tirs ont éclaté : « Tout ce que j’ai ressenti, c’est de l’instinct de survie », explique-t-il, en français, avant de donner plus de détails. « Ça pétait dans tous les sens. Les vitres ont éclaté. (…) C’était une scène de guerre dès le départ ».

Au cours de ce reportage de 25 minutes, la chaîne dévoile un document inédit : un sonore de quelques secondes où l’on entend les coups de feu en rafales donnés après 21h dans la salle de spectacles (à partir de 5’30). Ce soir-là, cette scène cauchemardesque a duré entre 12 et 15 minutes.

Après les attentats de novembre, les services psy saturés de victimes qui « pensaient aller bien »

17 décembre 2015Logo Le Monde
Par
 Manon Rescan

Jusqu’à présent, Fabrice (le prénom a été changé) n’avait pas eu envie de revenir à Paris. Reprendre le TGV en gare de Marseille-Saint-Charles, comme ce vendredi 13 novembre au soir où il avait rendez-vous au Bataclan. Monter dans le métro. Affronter ces lieux où il a vécu l’indicible. Les tirs, l’angoisse, le sang et la mort. Presque un mois après les attentats perpétrés à Paris et à Saint-Denis, il l’a finalement fait : il est venu porter plainte au 36, quai des Orfèvres. Puis il s’est rendu à la cellule d’urgence médico-psychologique de l’Hôtel-Dieu pour obtenir une évaluation du préjudice moral subi, lui qui a évité de peu la blessure : la balle n’a fait qu’effleurer son bras.

Depuis, comme un certain nombre de victimes, il pensait que ça allait. Et puis finalement non, ça n’allait pas. Un contrecoup « classique après un tel traumatisme », observe Nicolas Dantchev, responsable du service de psychiatrie de l’Hôtel-Dieu, qui accueille un centre de consultation médico-psychologique d’urgence pour les victimes des attentats de Paris.

Troubles différés

« Certains reprennent leur vie comme avant, retournent au travail, et puis les symptômes de traumatisme – flash-back, troubles du sommeil, scènes choquantes qui tournent en boucle – apparaissent plus tard. On parle alors de troubles différés ». Ces signaux peuvent apparaître jusqu’à trois mois après le choc. Pour Fabrice, cela se soldera par trente jours d’arrêt de travail.

C’est ainsi que les consultations n’ont pas cessé à l’Hôtel-Dieu, depuis le 13 novembre. Elles ont diminué, bien sûr, loin des quatre-vingts rendez-vous des premiers jours. Mais, quotidiennement, les psychiatres reçoivent encore entre dix et quinze nouveaux patients. Et, chaque jour, « on en voit dont c’est la première consultation psychologique », poursuit Nicolas Dantchev.

« Il y a plusieurs profils de personnes que l’on reçoit pour la première fois », explique Thierry Baubet, responsable de la cellule d’urgence médico-psychologique (CUMP) de Seine-Saint-Denis (93). Outre les témoins de scènes de fusillades, ou arrivés sur place peu après, atteints de troubles différés, « il y a des blessés, ou les proches de personnes décédées, qui ont été occupés à d’autres choses depuis les attaques… », énumère-t-il.

Évitement

Mais il y a aussi ceux qui ne sont pas allés consulter tout de suite, non pas parce que « ça allait », mais parce qu’ils étaient déjà très atteints, sans forcément le savoir. « Ces personnes ont tout fait depuis les attentats pour éviter d’évoquer les événements traumatisants », explique le médecin.

« C’est ce que l’on appelle l’évitement », détaille M. Dantchev. Les victimes désertent alors les lieux publics très fréquentés comme les transports en commun, ou les lieux qui leur rappellent les traumatismes, territoires où elles se sentent oppressées. « Pour certains, cela devient invalidant au point de ne plus pouvoir sortir de chez eux », explique le psychiatre.

Pour ceux-là, une simple séance de débriefing psychologique ne suffira pas à apaiser les troubles. « Lorsque les symptômes persistent, il faut une vraie prise en charge », note M. Dantchev, qui évoque un suivi du patient dans la durée, comprenant une psychothérapie et, parfois, un traitement médicamenteux.

Ces patients sont d’habitude orientés vers des services de psychiatrie spécialisés en psychotraumatologie. « Le problème, c’est que, en Ile-de-France, toutes les structures sont débordées et saturées, s’inquiète Nicolas Dantchev. En temps normal, on a déjà du mal à trouver des consultations pour les victimes de viols ou de violences, qui ont besoin de ce genre de soin. Dans le contexte actuel, c’est encore plus compliqué. »

Renforcer l’aide

A Paris, l’Hôtel-Dieu comme l’hôpital Tenon (spécialisé en psychotraumatologie) ne sont ainsi plus en mesure d’accueillir de nouveaux patients pour un suivi de longue durée. Ces derniers sont alors orientés vers des psychiatres moins spécialisés. « Des services ont ouvert des consultations supplémentaires, mais ça n’est pas suffisant », poursuit le médecin.

Selon Thierry Baubet, qui a bâti sa consultation en psychotraumatologie à Bobigny « sans moyens publics supplémentaires », « il faut que les pouvoirs publics se posent la question de renforcer l’aide » dans ce domaine de la psychiatrie, « et pas uniquement dans Paris intra-muros », plaide-t-il. Car, d’après M. Dantchev, la demande de soins psychotraumatologiques n’est pas uniquement conjoncturelle. « On voit qu’elle augmente depuis quelques années, mais avec ces attentats, ça va exploser. »

De son côté, la Direction générale de la santé précise que ces questions seront abordées dans le cadre des « retours d’expérience » sur la mise en place du dispositif de prise en charge des victimes des attentats, dont elle promet que « les résultats, attendus mi-janvier, permettront son amélioration ».

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