Une semaine de parenthèse pour les enfants de la guerre avec l’art-thérapie

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15/06/2018

Seine-et-Marne : une thérapie pour cicatriser les blessures de guerre
À Jablines en Seine-et-Marne, une initiative a été lancée pour tenter de cicatriser les blessures de guerre de 24 enfants irakiens accueillis sur une base de loisirs. Pendant une semaine, ils vont essayer de retrouver un peu de sérénité.
En Irak, sous le joug de l’État islamique, la vie n’a pas fait de cadeaux à ces jeunes enfants. Alors pour tenter de soigner un lourd traumatisme, ils commencent par suivre un cours d’équithérapie. Les premières fois furent parfois compliquées. « Il y a un petit garçon qui était très agité de l’intérieur et qui avait une violence contenue, il a donc fallu qu’on prenne du temps avec l’enfant pour qu’il parvienne à s’apaiser « , explique Séverine Pillias, équithérapeute.

Une thérapie qui passe aussi par le dessin

C’est au nord de Mossoul que leurs familles sont installées depuis la capitulation de Daech. En 2014, certains de ces garçons furent enrôlés par l’organisation État islamique alors que les filles ont été arrachées à leur famille pour être prisonnières. Aline a été emprisonnée pendant trois ans. « Daech s’est installé dans notre village le 3 août 2014. Dès ce jour, je suis devenue leur esclave. C’était dur, j’ai souffert », raconte-t-elle. Elle est heureuse d’être arrivée dans la base de loisirs de Jablines (Seine-et-Marne). Leur thérapie passe également par des dessins. Alors qu’ils représentaient leur village comme étant perdu dans les ténèbres, aujourd’hui, des soleils et des arbres apparaissent.

Elise Boghossian – Association EliseCare
Reportage France 3 Ile-de-France
F. Benbekaï/ Philippe Aliès/ Domitille Gavat

Suède : Qu’est ce que le « syndrome de résignation », cette maladie qui ne touche que les jeunes réfugiés ?

De jeunes réfugiés suédois sont touchés par un syndrome endémique. — PANCIC NEMANJA/SIPA
Suède: Qu’est ce que le « syndrome de résignation », cette maladie qui ne touche que les jeunes réfugiés ?

L.Br.
24/05/18
ASILE Les médecins qui se sont penchés sur ces cas n’ont toujours pas trouvé d’explication à cette pathologique qui ne franchit pas les frontières du pays…
C’est une maladie qui n’existe qu’en Suède et que chez les réfugiés. Le « syndrome de résignation », ou « Uppgivenhetssyndrom », sévit en Suède depuis 20 ans. Les médecins qui se sont penchés sur ces cas n’ont toujours pas trouvé d’explication à cette pathologie qui ne franchit pas les frontières du pays.

Dans un article paru début avril dans le New Yorker et traduit par l’Obs, la journaliste Rachel Aviv a révélé au monde entier une maladie que les Suédois connaissent trop bien : le syndrome de résignation. Il touche les enfants d’immigrés dont la demande d’asile n’est pas accordée ou en attente.
Ils ont en général entre 8 et 15 ans, et se mettent en veille pendant des mois. Entre 2000 et 2005, plus de 400 enfants sont tombés dans cet état léthargique. Originaires d’anciens pays soviétiques et de Yougoslavie, la plupart d’entre eux sont issus des communautés Roms et Ouighours.

L’aînée n’a pas bougé depuis deux ans et demi

C’est le cas de Djeneta et Ibaneta, deux sœurs Roms. Leur famille vient d’obtenir en mars un permis de séjour de 13 mois, mais l’aînée n’a pas bougé depuis deux ans et demi. La photo de ces deux jeunes filles allongées, comme endormies, a remporté le prix World Press.
Idem pour Georgi, un fils d’immigrés russes. En Septembre 2015, après avoir lu à ses parents, qui ne parlent pas suédois, une lettre de refus du bureau d’asile, il s’est soudainement senti partir dans cet état léthargique.

« Il dit que son corps a commencé à se liquéfier, que ses membres sont devenus mous et poreux. Il voulait simplement fermer les yeux. Même avaler sa salive lui demandait un effort qu’il n’était pas sûr de pouvoir faire. Il a senti une pression importante à l’intérieur de sa tête et de ses oreilles. Le matin, il a refusé de sortir de son lit et de se nourrir. Son frère Savl a essayé de lui faire ingérer du Coca à la petite cuillère, mais le soda a coulé sur son menton », raconte la journaliste du New Yorker.

Après une semaine dans cet état, il a perdu cinq kilos. Au bout de quelques jours, ses parents l’ont emmené à l’hôpital où les médecins ont diagnostiqué un « syndrome de résignation ». Nourri à la seringue pendant plus de neuf mois, Georgi est finalement sorti de son apathie, quelques semaines après l’obtention d’un visa permanent par ses parents.

Un seul remède, l’assurance de rester en Suède

Malgré les études réalisées sur le sujet, les médecins n’ont pas trouvé d’explication à ce syndrome. L’extrême droite a longtemps assuré que les immigrés agissaient ainsi pour obtenir un visa, mais les médecins y voient la conséquence physique d’un mal-être psychique. « L’opinion de la communauté médicale, c’est que cette maladie est une réaction à deux traumatismes : le harcèlement dans le pays de naissance de l’enfant, et l’effroi, après s’être acclimaté à la Suède, de devoir rentrer. »
Le seul remède à ce syndrome, c’est l’assurance de rester en Suède. « Selon un document publié par le Swedish Board of Health and Welfare, le patient ne recouvrera la santé qu’en recevant une autorisation de résidence permanente en Suède », affirme la journaliste. Le réveil se produit en général entre quelques semaines et six mois après l’obtention d’un droit de résidence permanent.
En Suède, les symptômes de cette maladie ne font plus débat. Le syndrome est réel dans ce pays qui fait de l’accueil des migrants une question d’honneur. Pour le New Yorker, l’apathie de ces enfants y représente « le pire cauchemar de ce que pourraient devenir les plus vulnérables si le pays abandonne ses valeurs. »

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