Programme 2017-2018 : Traces, Empreintes, Engagements

Programme 2017-2018 : Traces, Empreintes, Engagements
28/09/2017


Créé à la rentrée 2011 au Réseau Asie et Pacifique (CNRS), puis hébergé à la Fondation Maison des sciences de l’homme (2012-2015), le programme Non-lieux de l’exil mis en place par Alexis Nouss et Alexandra Galitzine-Loumpet est dirigé par celle-ci depuis janvier 2016. Une équipe multidisciplinaire en élabore les travaux en collaboration avec différentes institutions académiques et réseaux dans le cadre de séminaires et de programmes de recherche (EHESS, Migrobjets -INALCO, Centre espaces / écritures Université Paris Ouest, réseau Terra-HN…) de même qu’avec des acteurs des scènes culturelles et associatives. Il organise une dizaine de rencontres par an, ainsi que des colloques et journées d’étude.


Pour sa 7ème année consécutive, le programme Non-lieux de l’exil, dans le cadre du séminaire IIAC/ EHESS – NLE comme pour l’ensemble de ses rencontres 2017-2018, portera sur les thématiques suivantes :

Traces, empreintes, engagements

Il s’agira d’aborder les traces ou empreintes de l’exil dans leur dualité constitutive, entre intériorité et extériorité, assignations et expériences, et de les réinscrire dans des contextes en constante transformation.

Les termes de trace et d’empreinte renvoient à la disparition ou à la survisibilité du sujet, à une totalité soumise à l’épreuve du temps, de l’action, de la destruction, du contrôle. Tous deux énoncent à la fois une trace matérielle et une impression sur l’esprit. De fait, les traces de l’exil marquent fortement les corps, les psychismes, les représentations, métamorphosent les sujets ; elles créent également de nouveaux régimes de traces, c’est à dire des empreintes durables, interprétées ou instrumentalisées à des fins antagonistes. La trace devient alors traçabilité, contrôle ou alerte, produisant autant de stratégies pour l’effacer ou au contraire l’exposer et la documenter, notamment à travers l’image et le son.

De la même façon, les mises en relations entre ces trois notions interrogent ce qui, dans le passé, peut modeler le présent par son empreinte, et ce qui, dans le présent, fait trace pour un futur, aussi bien sous forme matérielle (traces des camps, traces de la violence, traces de l’exil) que symbolique (empreintes coloniales, empreintes traumatiques) et politique.

Ce dernier point souligne les relations entre traces, empreintes et engagements. L’exil est, en lui-même, une puissante forme d’engagement. Il remodèle non seulement les vies individuelles – des exilés, de ceux qui les accueillent -, mais des communautés, des projets collectifs, des prises de position, à l’origine de nouveaux réseaux de solidarité et de nouvelles formes d’actions politiques. Le rapport des traces et empreintes à l’engagement produit du commun et tout autant d’importants clivages qu’il parait intéressant de confronter. Il oblige par ailleurs à penser les engagements citoyens en relation avec l’engagement des exilés, des solidarités aux modalités d’expression et de critique de l’accueil. Faire trace, pour les exilés, c’est aussi engager des mouvements qui puissent durer et se transmettre dans le temps, dans la continuité d’une réalité permanente et toujours renouvelée de l’exil.

Calendrier
  • Mercredi 11 OCT 2017 /  Exil, empreintes & engagements, séance introductive  
  • Mercredi 15 NOV. 2017 / Philosophie et actions autour de l’exil
  • Mercredi 20 DEC. 2017  / Exil : mettre en images, mettre en scène
  • Lundi 15 JANV. 2017 / Exil & empreintes des traumas (en partenariat avec le COMEDE) 
  • Mercredi 14 FEV . 2018 /   Exil & empreintes du corps 
  • Lundi 5 MARS. 2018 / Empreintes et mémoires des camps de refugiés (en collaboration avec la Bibliothèque publique d’information, Centre Georges Pompidou) 
  • Mercredi 04 ou 11 AVRIL 2018 (en attente de confirmation de l’une ou l’autre date)Exil postcolonial & empreintes artistiques
  • Mercredi 16 MAI 2018 /Exils et empreintes des voix
  •  JUIN 2018 (date en attente de confirmation) / Exils & subjectivités  
Pour joindre le site, cliquez sur le logo de Non lieu de l’exil

Soigner les traumatismes des réfugiés de guerre


Bruno catalano – Les mains
06/10/2017
ledailypsy
Depuis six ans, plus de cinq millions de Syriens fuient la guerre qui a fait des centaines de milliers de victimes dans leur pays. Lorsque certains se résignent à se réfugier dans un foyer d’un territoire voisin, d’autres risquent leurs vies en traversant la mer afin d’atteindre les côtes européennes. De nombreuses associations et équipes de bénévoles se mobilisent pour offrir aux exilés une aide de base, mais cela suffit-il à soigner leurs blessures de guerre, tant physiques que psychologiques ?
Dans son reportage La santé mentale des réfugiés, un problème négligé en Europe, datant du 9 mars 2016, le service de nouvelles et d’analyses humanitaires IRIN constate que, malgré la présence d’équipes de psychologues et de conseillers bénévoles accueillant les réfugiés syriens, la mise en place de ces structures restent rares et rencontrent plusieurs difficultés à soigner les traumatismes des patients. Au manque de temps et d’argent s’ajoutent les barrières linguistique et culturelle qui empêchent d’appliquer fondamentalement les moyens thérapeutiques pour travailler avec les réfugiés. Et pourtant, pratiquement tous sont victimes de névroses traumatiques.

Des séquelles psychologiques ancrées dans leurs corps

Arrivée sur l’Île de Lesbos, Hayat, une jeune femme syrienne, ne comprend pas pourquoi ses mains sont paralysées. Ce syndrome de stress post-traumatique se retrouve chez d’autres réfugiés, se manifestant de différentes manières.
Altération de la mémoire, cauchemars, flashbacks, insomnies, délires de persécution, phobies, obsessions, dépression, modification du caractère et de la personnalité, inhibition intellectuelle, perturbation neurovégétative… les symptômes traumatologiques sont divers et s’aggravent à mesure que le patient n’est pas pris en charge. Et pourtant, lorsque la possibilité d’apporter des soins psychologiques aux réfugiés se présente, ces derniers refusent parfois catégoriquement d’en recevoir.

Ne pas vivre, mais survivre

Pour leur article intitulé Liban : soigner les blessures psychologiques des enfants réfugiés syriens, publié le 9 janvier 2017, les journalistes Rime Abdallah et Constance Léon rencontrent la psychologue Monette Kraitem qui travaille avec les réfugiés syriens des camps situés dans la zone de Zahlé, au Liban. La spécialiste affirme que de nombreux réfugiés rejettent les aides psychothérapeutiques qu’on leur propose car ils préfèrent d’abord se nourrir correctement avant de s’occuper de leur état mental, négligé par plusieurs d’entre eux. Pour Jean-Baptiste Pesquet, chercheur à l’Institut Français du Proche-Orient, spécialiste des réfugiés syriens au Liban :

« Accepter un soutien psychologique signifie reconnaître que les réfugiés ne sont pas de bons parents. D’une part, parce qu’ils ne parviennent pas à offrir ce dont leur enfant a besoin et d’autre part, parce que reconnaître que son enfant a des “problèmes” revient à dire que ce sont eux, les parents, qui lui ont transmis et qu’ils ont donc, eux-mêmes, des problèmes psychologiques ».

D’autres réfugiés, à la recherche d’un travail et débordés par les problématiques bureaucratiques dans leur pays d’accueil, ne parviennent pas à se consacrer du temps pour entamer un travail psychothérapeutique.

Un manque de confiance

Il est difficile pour la plupart des réfugiés de se confier à des inconnus, dans un pays qui n’est pas le leur. Certains d’entre eux se sentent même persécutés au point de penser que si ils parlent, ils se mettent en danger de mort. Ce refus de soutien psychologique pousse certains réfugiés à nier leur traumatisme.
Le manque de confiance ne provient pas seulement des Syriens, mais également des habitants des territoires voisins qui accueillent les réfugiés de guerre. Au Liban, les campements se situent dans des villes pauvres. Les habitants libanais ont du mal à accepter d’apporter de l’aide aux réfugiés lorsqu’eux-mêmes sont, pour la plupart, confrontés aux problèmes de chômage et de précarité. Ce rejet de leur part incite les Syriens à se refermer davantage sur eux-mêmes et à renforcer leurs sentiments d’impuissance et de solitude, ce qui ne favorise pas la communication et aggrave par surcroît leur santé mentale.
…/…

De nouvelles méthodes pour travailler avec les patients

…/…
D’autres organismes mettent en place des moyens thérapeutiques non spécifiques au traitement des traumatismes, comme par exemple à Outremont, au Canada, où l’organisme Hay Doun a fait découvrir cette année l’art-thérapeutique à des enfants réfugiés syriens afin qu’ils apprennent à exprimer leurs émotions ressenties pendant la guerre à travers l’art. Lorsque les mots manquent, les images sont toujours là…

Pour joindre l’article, cliquez sur l’image