Je vous salue, névrosés !

Parce que vous êtes sensibles dans un monde insensible, n’avez aucune certitude dans un monde pétri de certitudes,
Parce que vous ressentez les autres comme s’ils étaient vous-mêmes,
Parce que vous ressentez l’anxiété du monde et son étroitesse sans fond et sa suffisance,
Parce que vous refusez de vous laver les mains de toutes les saletés du monde,
Parce que vous craignez d’être prisonniers des limites du monde,
Pour votre peur de l’absurdité de l’existence,
Pour votre subtilité à ne pas dire aux autres ce que vous voyez en eux.
Pour votre difficulté à gérer les choses pratiques et pour votre pragmatisme à gérer l’inconnu,
Pour votre réalisme transcendantal et votre manque de réalisme au quotidien,
Pour votre sens de l’exclusivité et votre peur de perdre vos amis proches,
Pour votre créativité et votre capacité à vous extasier,
Pour votre inadaptation à « ce qui est » et votre capacité d’adaptation à « ce qui devrait être »,
Pour toutes vos habiletés si grandes et pourtant inutilisées,
Pour la reconnaissance tardive de la vraie valeur de votre grandeur qui ne permettra jamais l’appréciation de la grandeur de ceux qui viendront après vous,
Parce que vous êtes humiliés alors que vous veillez toujours à ne pas humilier les autres,
Parce que votre pouvoir immense est toujours mis à bas par une force brutale ;
Et pour tout ce que vous êtes capables de deviner, tout ce que vous n’exprimez pas, et tout ce qui est infini en vous
Pour la solitude et l’étrangeté de votre cheminement
Soyez salués !

Auteur : K. Dabrowski (1902-1980)

Concept de désintégration positive

Activité collective et réélaboration des règles comme ressources pour la santé psychique : le cas de la police nationale  par S. Caroly 


par S. Caroly
Le travail humain
2011/4 (Vol. 74)
Pages : 108
ISBN : 9782130587651
DOI : 10.3917/th.744.0365
Éditeur : Presses Universitaires de France
Pages 365 – 389


Dans le cadre d’une recherche sur le stress dans la police, l’observation des relations professionnelles au sein des collectifs de travail a conduit à nous interroger sur les modalités de construction du métier de policier dans les brigades de Police secours. Dans une approche ergonomique, les causes du stress sont à rechercher dans l’organisation de travail qui crée des imperfections dans la prescription par rapport aux besoins de l’usager et ceux des professionnels. Face aux mutations profondes des politiques publiques et à l’évolution sociale des populations, le travail des policiers se caractérise par des situations critiques dans la relation de service pouvant être à l’origine de tensions. Dans cette conception, les situations de stress sont à interroger du côté des conditions de l’activité de travail, c’est- à-dire des modalités de régulations individuelles et collectives mises en œuvre pour gérer des conflits de buts et les gênes occasionnées par la tâche, et non du côté des fragilités individuelles à gérer les situations de violences rencontrées par les policiers. Le collectif de travail, y compris l’encadrement, apparaît comme une ressource pour réaliser l’activité et préserver la santé de chacun.

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