Violences sexuelles : parler, oui, mais dans de bonnes conditions


Violences sexuelles : parler, oui, mais dans de bonnes conditions
13.03.2018
Par Solène Cordier
Mettre en doute ou minimiser la parole des femmes victimes peut être dévastateur, préviennent les associations.
Les associations sont unanimes. Pour une victime de violences sexuelles, parler est un premier pas vers la reconstruction, même si les conséquences, en particulier lors de prises de parole publiques, peuvent se révéler douloureuses. Encore faut-il que ces témoignages, qui peinent souvent à être formulés, soient reçus avec les égards nécessaires. Pour « déposer leur parole », les victimes ont besoin d’un climat d’empathie, de ne pas se sentir jugées, elles qui éprouvent déjà si souvent une forme de culpabilité. C’est cette qualité d’écoute à laquelle sont formés les bénévoles et les salariés dans les permanences téléphoniques d’urgence ou dans les centres d’accueil spécialisés.
Quand les confidences se font ailleurs, lors d’échanges avec des proches ou encore dans un commissariat lors d’un dépôt de plainte, le témoignage peut se transformer en calvaire. La parole des victimes est parfois questionnée, mise en doute, ce qui constitue souvent un nouveau traumatisme, en particulier quand il s’agit d’un premier récit. Certaines femmes ayant témoigné sur les réseaux sociaux de leurs agressions, dans le sillage de l’affaire Weinstein, l’ont appris à leurs dépens en recevant des réponses très agressives, à mille lieues de la bienveillance prônée par les associations.

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Ces gars-là, c’étaient « nos gars »

Ces gars-là, c’étaient « nos gars »
Virginie Kyburz / 22.03.2016
Nos jeunes, ceux de nos pays européens, ceux qui ont grandi chez nous mais sans nous… devenus jihadistes au service d’organisations terroristes

Les organisations terroristes fonctionnent comme les mafias. Ce ne sont pas des États mais des organisations basées sur le crime. Dans leurs rangs, en Europe, de jeunes recrues que je connais bien pour les avoir rencontrées en prison, mais aussi dans des foyers d’éducation. Et parfois même dans des bars.

Ils ont remis ça ce matin. Nous sommes le 22 mars. Cette fois c’est à Bruxelles que ça s’est passé. A l’aéroport et dans une station du métro. Ils ont fait sauter des bombes, entraînant d’autres êtres humains avec eux.
L’idéologie, c’est le culte d’une idée. C’est une idée fixe : mener le Jihad, convaincre ou tuer les mécréants, mais aussi contrôler la vie sexuelle des hommes et des femmes. Le pur et l’impur, le juste et le faux. Pour moi, l’idéologie, c’est le contraire de la justice et c’est le contraire de la science.
La justice, ce n’est pas faire la lumière sur les faits pour trouver la vérité, mais faire respecter la loi, comme le dit si bien le juge pénal Michel Racine, personnage joué par Luchini dans le très beau film « L’hermine » (2015). Et la science, c’est l’art de cultiver le doute. Comme le montre le fabuleux long-métrage de Mike Cahill, « I Origins » (2014), pour faire honneur à cette culture du doute mieux vaut se déclarer agnostique (sceptique) qu’athée (incroyant).
Les gamins qui ont attaqué des jeunes de leur génération en ce douloureux mois de novembre 2015 sont fâchés avec la culture du doute. Ils croient savoir. Et ils sont convaincus d’une chose : la justice, ce n’est pas pour eux. Et, quelque part, ils ont raison. Ils en veulent à ceux qui peuvent vivre avec cette justice sans en être blessés. En effet, ceux-ci, elle les protège. Le plus souvent. Mais ces gamins qui sont fâchés avec la justice le sont pour une bonne raison : ils croient qu’elle est contre eux. Ils la trouvent injuste, justement. Car celui qui ne peut reconnaître la responsabilité de ses actes ne peut qu’être blessé lorsque l’on cherche à la lui imputer.

Ces gamins de Molenbeek, je les ai connus en prison il y a une quinzaine d’années. Pour moi, ils n’ont pas changé. Rien de neuf entre les délits de droit commun que je leur connaissais et ces nouveaux crimes. C’est la même chose qui les fait se mouvoir. Une forme de radicalité, comme dit Olivier Roy. Ce politologue français spécialiste de l’Islam analyse : « Il ne s’agit pas de la radicalisation de l’islam mais de l’islamisation de la radicalité ». S’il savait comme je partage !

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