Analyser le cerveau pour évaluer les risques de récidive criminelle

Logo Science&vieÉvaluer le risque de récidive criminelle chez des délinquants, en analysant leur activité cérébrale ? Des neurologues de l’université de Duke (Durham, États-Unis) l’ont fait. Ce résultat, qui n’est pas sans rappeler le film de science-fiction Minority Report réalisée par Steven Spielberg, a été publié le 27 mars 2013 dans la revue des Annales de l’Académie Américaine des Sciences (PNAS).

Pour parvenir à ce résultat, Eyal Aharoni et ses collègues ont analysé le niveau d’activation cérébrale de 96 détenus à leur sortie de prison via imagerie à résonance magnétique fonctionnelle. Ces derniers ont été ensuite suivis pendant quatre ans par les chercheurs, afin de relever d’éventuels actes de récidive.

Résultat ? Les neurologues de l’université de Duke ont découvert que les délinquants qui présentaient un faible niveau d’activation dans le cortex cingulaire antérieur (une zone cérébrale située dans les zones dites « frontales » de notre cerveau, soit la partie avant de notre crâne) présentaient un taux de récidive deux fois supérieur à celui des anciens détenus caractérisés par un niveau d’activation normale du cortex cingulaire antérieur.

Ce résultat était si surprenant que cela ? En réalité, pas vraiment. En effet, le cortex cingulaire antérieur, une zone notamment impliquée dans la réaction empathique à la douleur physique d’autrui, ou encore dans l’inhibition dite des « réponses surapprises » (par exemple, être capable de répondre « rouge » à la question « quelle est la couleur de l’encre qui a été utilisée pour écrire ce mot ? » lorsque le mot BLEU, écrit en rouge, est présenté), est une aire cérébrale bien connue des neurobiologistes spécialisés dans l’analyse du comportement criminel (lire à ce titre l’article « neurobiologie de l’impulsivité, de l’agressivité et de la violence » ).

Ainsi, une étude intitulée « Neurocognitive elements of antisocial behavior: Relevance of an orbitofrontal cortex account« , publiée en 2004 dans la revue Brain and Cognition pointait déjà le fait que des dysfonctionnements affectant cette zone, comme des lésions par exemple, étaient susceptible d’être associés à des comportements impulsifs, agressif, et par un manque de retenue en société.

En 2005, une autre étude intitulée « Deficient fear conditioning in psychopathy: a functional magnetic resonance imaging study »  mettait en lumière la faible activation du cortex cingulaire antérieur chez les psychopathes, lors de l’apprentissage de tâches via un conditionnement reposant sur la peur de la douleur (via l’envoi d’un stimulus douloureux comme une piqûre d’aiguille, par exemple). Un résultat qui renforce une hypothèse aujourd’hui souvent formulée par les spécialistes des personnalités psychopathiques, selon laquelle la faible aptitude des psychopathes à éprouver de la peur serait liée à leur propension plus grande à adopter des comportements criminels.

Un résultat qui incite les auteurs de l’étude à penser qu’un procédé similaire pourrait être utilisé pour évaluer le risque de récidive criminelle chez les délinquants. Un procédé baptisé dans leur étude sous le terme de « neuroprédiction ».

L’étude a été publiée le 27 mars 2013 dans la revue des Annales de l’Académie Américaine des Sciences (PNAS) sous le titre « Neuroprediction of future rearrest »

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