15/ Dans le viols par inceste, l’emprise par le regard par l’Auteure obligatoirement anonyme

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Le premier des problèmes auxquels je me suis attaquée fut cette impossibilité de me donner, une importance propre. Les autres sont toujours plus importants que moi.
J’ai pu ainsi devenir une nouvelle compagne qui partageait sa vie, son travail, ses habitudes de vie, ses amis. Mais je n’avais pas d’identité propre, je n’étais capable non plus d’affirmer mon vouloir vivre autrement.
Cette situation se reproduisait non seulement dans ma vie affective mais aussi dans ma vie professionnelle. Lorsqu’on n’a pas d’identité propre, de marge d’action, d’air pour respirer, au bout d’un certain temps, on étouffe et on s’en va.
Cette incapacité d’occuper un espace vital qui nous appartient vient du rituel de l’interdit que le regard hypnotique du père faisait respecter. Ce regard… Il est toujours là… d’autres l’ont aussi. Tout abus de pouvoir, si minime soit-il, nous paralyse parce que nous retrouvons ce regard hypnotique qui nous fige et nous culpabilise. Le regard de l’Autre est d’une importance démesurée même si nous n’en avons pas forcément conscience. Nous avons perdu la réalité de son expression, alors tout regard qui n’est pas vraiment gentil est une attaque qui déclenche notre culpabilité.
Cette culpabilité s’exprime également dans cette façon de vouloir toujours tout prendre en charge, tout arranger. Je sais que, pour ma part, ma famille m’a bien fait entendre que j’étais la fille aînée et que je devais donner le bon exemple, j’avais cette responsabilité. J’insiste là-dessus, car ce n’est pas du tout insignifiant, cela explique pourquoi la seconde et la troisième fille d’une famille ne réagissent pas, devant les viols, de la même façon. Cette culpabilité est devenue plus forte et différente lorsque j’ai réalisé que ma sœur a pu les arrêter, pas moi. Il était trop tard.
Culpabilité insurmontable, sans issue, et cette charité chrétienne dans laquelle j’ai été élevée pour me racheter ; elle a bien contribué à m’assurer que je devais aider les autres, être bonne, quitte à me laisser envahir, étouffer de nouveau, me culpabilisant encore.

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Autres billets sur Viols par inceste de Auteure obligatoirement anonyme
1/ Requête en changement de nom
2/ Définition des viols par inceste
3/ La mémoire des viols
4/ L’Emprise dans le viol par inceste
5/ « En France la mémoire passe plutôt pour une faiblesse, une maladie du cerveau » Georges Mateï
6/ « Pourquoi pleure-t-elle tout le temps ? »
7/ Les conséquences des viols par inceste dans l’échec scolaire
8 /La mémoire et l’intelligence après plus de 10 ans de viols par inceste
9/ La dissociation lors des viols par inceste
10/ La culpabilité qui s’amplifie de viols en viols devient partie intégrante de la personnalité d’un-e incesté-e
11/ Même si ce n’était arrivé qu’une fois, cette culpabilité existerait
12/ L’autoculpabilité entraine des situations d‘évitement
13/ Revictimisation
14/ Le procès
16/ Les deux vies d’une dissociée
17/ L’importance du tuteur de résilience
18/ Viol/mort ; amour/vie – attirance/répulsion
19/ Hypervigilance

Et l’histoire continue
Emploi : revictimisation durant des années après des viols par inceste

14/ le procès après les viols par inceste par Auteure obligatoirement anonyme

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Par ailleurs, pour mener à bien une procédure judiciaire, il nous faut relater les faits.
Avec ce que j’ai écrit ici, je peux me rendre compte combien la démarche judiciaire ne correspond pas du tout à la mienne.
Je veux évacuer, peu à peu, tous les souvenirs, me débarrasser de tout ce qui m’encombre, non pas en oubliant, mais en expliquant et en assimilant.
Le procès demande des détails très précis qui, mêlés à la honte de tout expliquer en public, peut être plus traumatisant que constructif.
Lorsqu’on m’affirme que le procès est très important pour la reconstruction de la victime, je dis non. On peut très bien s’en passer, c’est le fait de formuler, d’exprimer, d’intellectualiser la destruction qui reconstruit. La reconnaissance du crime et la prise en compte de la victime sont fondamentales à ce processus de reconstruction. Et lorsque la victime est morte, quelle sorte de reconstruction pouvons-nous aborder ?
J’accuse notre déplorable tissu social de demander à un procès de prendre en charge ce qu’une vie communautaire affective et aimante devrait faire.

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