9/ Les phobies qui maintiennent la dissociation structurelle

Introduction
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D’après Janet (1904/1983b, 1935a), la phobie centrale dans la dissociation structurelle d’origine traumatique consiste à éviter la synthèse et la pleine réalisation de l’expérience traumatisante et de ses effets dans la vie de la personne : c’est la phobie du souvenir traumatique. Au plan mental et comportemental, les stratégies d’évitement qui maintiennent la dissociation structurelle sont nécessaires pour empêcher l’apparition de ce qui est perçu par la personne comme d’insupportables réalisations au plan de son histoire et du sens de celle-ci. Par la suite, des phobies supplémentaires apparaissent à partir de la phobie fondamentale du souvenir traumatique.
Janet affirmait (1903, 1909b, 1922) que toutes les phobies ont en commun des peurs face à (certaines) actions. Les phobies d’origine traumatique sont donc traitées dans un ordre particulier de sorte que les patients expérimentent graduellement une capacité croissante à s’engager dans des actions adaptatives déterminées et de haute qualité, à la fois mentales et comportementales, c’est-à-dire à parvenir à de plus hauts niveaux d’efficacité mentale. Des expériences plus complexes et plus difficiles (passées et présentes) peuvent alors progressivement être tolérées et intégrées, et l’on peut obtenir une amélioration de la vie quotidienne.


Autres billets sur Le soi hanté

1/ Le soi hanté, dissociation structurelle et traitement de la traumatisation chronique
2/ Pour le thérapeute dans la dissociation structurelle par Erik De Soir 
3/ La dissociation structurelle de la personnalité

4/ Diagnostics et dissociation structurelle

5/ Notion de niveau mental

6/ Les actions substitutives

7/ Les actions intégratrices

8/ Le maintien de la dissociation structurelle de la personnalité
10/ Caractéristiques du souvenir narratif autobiographique

8/ Le maintien de la dissociation structurelle de la personnalité

Introduction
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Plus le niveau mental de l’individu est bas, plus il est obligé de s’appuyer sur des actions substitutives qui peuvent le protéger contre des émotions et des pensées perturbantes, mais qui sont en conflit avec l’intégration des souvenirs traumatiques et des parties dissociatives liées à ceux-ci.
Le niveau mental des survivants de traumatismes reste bas lorsqu’ils souffrent de carences importantes au plan de leurs compétences relationnelles et émotionnelles. Dans de nombreux cas, ces déficits sont essentiellement dus à des carences chez les personnes qui ont pris soin d’eux, au plan des modèles transmis et de la formation : beaucoup de survivants ont en effet grandi dans des milieux où ces compétences n’étaient jamais utilisées.
Un niveau bas ou modeste peut être compensé par des soutiens sociaux et relationnels qui aident de façon décisive un survivant à intégrer les expériences traumatisantes. Cependant, beaucoup de survivants n’ont que peu de soutien, voire pas du tout. Ils affrontent seuls la tâche monumentale de l’intégration et la trouvent au-dessus de leurs forces.
Les modifications neurobiologiques consécutives au traumatisme entravent aussi l’intégration.


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