BMP – Se décoller de la douleur de son corps !

BMP – Se décoller de la douleur de son corps !
J’ai trop de douleurs et donc je souhaitais la poser sur ma feuille, comme pour symboliser que la douleur aille couler en dehors de moi dans un endroit sécurisant.

Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre esquisse ?

Avant de concrétiser mon esquisse, dans ma tête, je devais essayer de me faire une image de la manière dont je percevais cette douleur ; par exemple lourde comme des briques, plus légère comme des cailloux, ou encore comme des branches d’arbre… C’est quelque chose que j’ai appris chez l’ostéopathe. Là je la verrais chaude comme le feu et lourde comme des briques serrées les unes contre les autres où rien ne pourrait se faufiler. Avec par moment des court-jus électriques.
Imaginez une forme quand la douleur est pas mal présente. Quand mon cerveau est canalisé sur celle-ci, l’ensemble à faire est légèrement tempête.
Mais c’est un travail que j’essaie de faire c’est important de ne pas rester en boucle dans ma tête avec cette douleur. D’autant plus que cela augmente mes dissociations, ça je l’ai observé.
Une fois cette étape passée, je dois ensuite imaginer ma douleur dans une autre forme mais là, je vais la dessiner sur ma feuille, c’est l’étape que je préfère car mon esquisse sera réelle et devant moi et non dans ma tête et puis le fait d’y mettre de la couleur c’est encore mieux.
Celle-ci je la percevais avec des gros clous qui sortaient de mon corps. Un peu comme ci les clous aspiraient ce qui me faisait mal.
L’idée aussi est que je garde cette image de se “décoller” de cette douleur, c’était pour moi sortir de ce corps qui fait des siennes. Un peu comme si je sortais de cette enveloppe douloureuse. Pour me transformer dans un autre corps, dans un autre cocon qui ne serait que dans la douceur.
Voilà mes idées étaient là, il ne me restait plus qu’à les rassembler en une seule forme sur une feuille.
J’ai donc fait apparaître le premier corps celui qui me fait mal, avec son visage. Puis a suivi ce corps qui rentrerait un peu plus dans la douceur et lui aussi avec un visage. J’ai dessiné les clous, une fois les deux corps présents. Pour recouvrir mon esquisse, des tons apaisants et pâles pour l’enveloppe “douce”. La couleur jaune pour retranscrire la chaleur, la douceur alors qu’au début, cette couleur n’existait pas dans ma tête.
Pour la partie de ce corps qui me faisait souffrir, du noir nuancé jusqu’au gris et du rouge pour faire parler la douleur que les clous retranscriraient par leur forme. Les finitions ont été faites aux marqueurs à pointes fines.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Dessin conçu sur feuille blanche 36 x 48 cm. Crayon de papier HB, peinture aquarelle.

Que ressentez-vous en regardant votre production ?

J’observe ma production et je sens que dans ma tête c’est plus aérien, plus léger ; la douleur est là, mais elle ne me fait plus comme une lourdeur. C’est comme si elle avait circulé, qu’elle était devenue plus fluide dans tout le corps. Ça va aller, car je garde en tête que le fait de faire apparaître cette douleur sur ma feuille, faire ce geste va la faire fuir petit à petit. Le positif encore et encore !

BMP – Un corps dans un élan de couleurs

BMP – Un corps dans un élan de couleurs
– Faire bouger et faire peut-être danser les couleurs.
– Un corps peut-être sans pieds, sans vraiment de forme de bras ou de main.
Mais cela n’empêche pas Les couleurs d’apparaître dans mon dessin.
Je pense que ce corps sera emporté par le mouvement de toutes ces couleurs, parce que c’est grâce à celles-ci qu’il va se mettre à bouger, par cet élan pas bien maîtrisé. Cela se ressentira parce que mes traits partent un peu dans tous les sens, car je ne voulais pas y mettre un point central comme point de départ.
Je voulais laisser une certaine liberté dans mon dessin, aussi bien dans la façon de faire et d’être. Un peu comme une nouvelle danse qui voulait se faire connaître. Une danse de rubans de plusieurs couleurs qui nous emmènerait danser.
Comme un jeu de cache cache qui nous donnerait cette envie d’aller se cacher dans toutes ces couleurs pour en réapparaître dans une autre.

Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre esquisse ?

Je ne savais pas pourquoi je voulais faire et dessiner une œuvre telle que celui-ci. Pourtant je suis douloureuse dans mon corps. Mais je voulais que de grands mouvements se montrent. Tant pis si par moment les proportions ne sont pas respectées et que rien n’est au carré.
Dans un mouvement, rien n’est proportionnel et par moments les limites ne sont pas présentes.
Comme je l’ai écrit, le corps je l’ai dessiné. Mais seule la forme m’intéressait, les détails tels que les jambes, les pieds et les mains n’avaient aucune importance pour moi.
La forme du corps était là et le principal était que les couleurs puissent entraîner, faire bouger celui-ci et vice et versa.
Je souhaitais qu’au final, on puisse se demander qui entraîne l’autre : est-ce que ça serait le corps, est-ce que ça serait les couleurs ? ou les deux…
Comme une symbiose et que le tout fasse un seul mouvement dans l’ensemble de mon dessin.
Pour les couleurs, j’avais ce jaune dans ma tête et ce rouge et des couleurs plus claires, plus douces. Il n’était pas question que j’y incorpore du noir, ni de la couleur grise, car je ne voulais pas que cela fasse « deuil ».
Je ne voulais pas de larmes non plus. Pourtant je suis douloureuse dans mon corps. Mais le corps que j’ai dessiné, au milieu de toutes ces couleurs, lui n’a pas mal, car cette panoplie de tons, fait comme un pansement. Ce pansement, c’est moi, même si c’est moi qui l’ai déposé sur ce corps avec le geste de mon pinceau. On reste dans les couleurs, mais on reste loin de la danse des rubans. Mais peu importe, ce corps sur cette feuille n’a pas mal. C’est cela le plus important. Danse ou pas…

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Dessin fait sur feuille de format de 50 x 70 cm à grain fin.
Crayon HB
Peinture aquarelle.