BMP – Le clown


C’est un tout petit bonhomme, dont le corps est rembourré de chiffons, vêtu comme un arlequin, avec sa large salopette. Un nez rouge tout rond qui domine son visage et son sourire derrière lequel se cachent parfois de lourd secrets.
Ses rires et ses mimiques nous font oublier un court instant que nous sommes un peu comme lui finalement. J’aurais tendance à écrire que derrière ce masque, le clown a parfois le sentiment d’exister à mi-temps, du moins pas ne pas être regardé en tant que personne entière. C’est ce que je ressens souvent.
Dans le groupe de parole de Chambray, j’étais ce petit clown qui par moment apportait ce petit plus, ce côté détente et ce côté rigolo : « tu me fais rire ». Mais au fil du temps je percevais de plus en plus que finalement on ne me prenait pas totalement telle que j’étais. On ne percevait que la facette du clown ce côté qui ne dérange pas et qui ne plombe pas l’atmosphère. Au début cela ne me faisait pas mal, mais à la longue il s’est passé quelque chose qui a fait que. Je pensais que je ne devais pas “bousiller » cette facette du petit clown qui fonctionnait dans ce groupe, ce côté de moi qui était accepté. Ce côté finalement positif, “tu nous fais du bien » ! Mais en moi je savais ce qui se cachait derrière ce clown joyeux à savoir un clown bien triste par moment et dissocié. Mais je savais que cette facette faisait du bien au groupe et je ne voulais pas l’abîmer, j’avais cette impression que si celle-ci disparaissait il y aurait ce manque et ça je ne le voulais pas, je pensais aux personnes dans ces moments-là. C’était important.
Mais je sais aussi que parfois la plaisanterie aide à dire des situations vraies, grâce à l’humour ; même si ces situations sont tristes. Une pointe d’humour aide à cela.
Alors mon dessin sera de dessiner ce clown qui sous ses blagues, était triste.
J’aurais pu dessiner un clown heureux avec un grand sourire, derrière lequel se cache la tristesse, mais dessiner cela, c’est continuer à masquer. Je peux être un clown joyeux et triste, un peu comme tout le monde finalement ?

Comment avez-vous procédé pour la concrétisation de votre esquisse ?

Pour ce clown, je voulais dessiner un chapeau et nez rouge, mais surtout représenter une tristesse.
Mais peut-être aussi, dessiner une démarcation à ma façon, pour faire comprendre que ce clown c’est peut-être moi. Pour cela, j’avais mon idée : sur le côté droit de ma joue j’ai toujours cette cicatrice que je dissimule toujours avec le maquillage car pour moi, elle est bien trop visible et je la ressens comme énorme.
Mon idée était donc de mettre sur cette joue, une couleur bien différente de l’autre joue. Cela aiderait à comprendre la présence des deux en moi.
J’ai donc commencé à dessiner celle-ci sur ma feuille, c’est la majeure partie de mon dessin. La suite, le reste des détails, ont été faits directement avec mon pinceau et les différentes couleurs.
Je voulais que cette émotion de tristesse envahisse ce visage, même si je voulais y mettre une couleur de « robe » dans un mouvement de gaieté et de tristesse.
Parce que, je peux blaguer, rire et passer dans la minute qui suit, dans une profonde tristesse. Cette tristesse qui peut être incompréhensible pour les autres, ou même ne pas être perçue, mais moi je sais qu’elle est bien là.
C’est ça aussi le charme d’un clown c’est savoir faire, transmettre du rire tout en se servant d’une douleur.
L’émotion est là ! Juste faire oublier pendant un court instant la peine, les soucis d’une personne.

Quels matériaux avez-vous utilisés ?

Dessin conçu sur feuille blanche 36 x 48 cm
Crayons graphic HB. Peinture aquarelle.

Pour terminer, je voudrais rajouter un texte qui a été écrit par A.Schmitt/G.Gustin et chanté par Annie Cordy pour rendre hommage à Charlie Chaplin…
Je trouve cette chanson émouvante, elle dit beaucoup :

Il y a des jours où les pantins
Où les pierrots les arlequins
N’ont plus envie de faire rire
Il y a des jours où dans leur voix
Où dans leur tête ou dans leurs bras
Ils sentent tout le poids de vivre
S’ils font encore des cabrioles
C’est que le rideau s’est levé
Si leurs yeux brillent comme des lucioles
C’est qu’ils viennent juste de pleurer

Le clown est triste
Pardonne-moi  Il y a des jours où le cœur n’y est pas
Pardonne-moi
C’est comme ça
Tu n’y es pour rien
C’est que je viens
De faire à l’envers le chemin
Le clown est triste
Tu vois Il y a des jours où l’ont se dit
J’en ai fait rire des petits
Et des grands
Quelle récompense !
Je me souviens de mes débuts
Lorsque j’étais si loin du but
A répéter mes pas de danse
J’imaginais des foules entières
Se dresser quand j’apparaissais
Comme pour les stars dans les lumières
Qu’avec passion
J’applaudissais
Le clown est triste
Pardonne-moi
Il y a des jours où le cœur n’y est pas
Pardonne-moi
C’est comme le parfum des jardins
Lorsque l’automne tire à sa fin
Le clown est triste
Tu vois Puis les photos, les projecteurs
Les bravos qui vont droit au cœur
Et mon portrait sur les affiches
Et les tournées dans tous les sens
A ne plus avoir de bon sens
Et la solitude
Des riches
Ne plus savoir à qui se plaindre
Sans qu’on t’dise
De quoi t’plains-tu?
N’avoir soi-disant rien à craindre
Alors que l’on se sent perdu
Le clown es triste
Pardonne-moi Il y a des jours ou le cœur n’y est pas
Pardonne-moi
C’est comme ça
C’est mon chagrin
C’est pas le tien
Mais j’compte sur toi pour me tendre la main
J’en ai besoin
Tu sais Fallait qu’j’en parle à quelqu’un
Voilà
C’est fait Ça fait du bien
Le clown est triste
C’est tout

Que ressentez-vous en regardant votre production ?

Quand je regarde ce clown sur le chevalet, je me dis que oui c’est cela. On connaît tous ces clowns mais que se cachent-t-ils vraiment derrière ces rires ?
Je me disais que tous les peintres dessinaient leur clown qui était en eux. On a tous une partie de ce clown en nous finalement. Peut-être que je dessinerais un autre clown mais là plus joyeux !
Quelques liens :
BERNARD BUFFET, LES CLOWNS

Bernard Buffet, Les Clowns

https://www.google.fr/search?q=bernard+buffet+clown&tbm=isch&source=hp&sa=X&ved=2ahUKEwj6vK6Hs8PiAhWRyoUKHQjgDlcQsAR6BAgDEAE&biw=1131&bih=368

BD – Recherches sur la tristesse

Après avoir fait des recherches sur le net, c’est celui là que je trouve le mieux pour aborder cette émotion sur la tristesse.

http://www.ithaquecoaching.com/articles/role-des-emotions-tristesse-et-manque-affectif-1021.html

Nous éprouvons de la tristesse quand nous sommes privés de quelque chose ou quelqu’un qui a de l’importance à nos yeux. Quelle qu’en soit l’origine, perte, séparation, non obtention, changement difficile, l’ampleur de la tristesse dépend directement de la valeur que nous accordons à son objet. Notre sensibilité à l’absence est révélatrice du déficit affectif qui la suscite. Car c’est bien du lien (et donc du manque) affectif dont il s’agit ici.La tristesse est en fait un  instrument de mesure intégré de nos besoins et manques affectifs.
Elle peut d’ailleurs intervenir de façon plus ou moins directe et parfois sans lien apparent avec la situation. Ainsi peut-on lire sur le siteRedpsy, qu’une gentillesse peut faire ressortir chez le destinataire : toute la tristesse accumulée durant une longue privation.
Erigée en art de vivre par les amateurs de spleen, méprisée comme une faiblesse intolérable par d’autres, la tristesse est comme toute les émotions : mal connue, mal perçue, et elle est le signal d’un besoin non ou mal comblé : ici le besoin de nourriture affective.


• Je suis triste car essayer de faire naître ces ateliers, c’était aussi pour moi de montrer qu’avec le dessin on peut remplacer les mots qui sont parfois difficiles à trouver pour expliquer son ressenti profond.
• Je suis triste aussi car je voulais essayer de faire passer ce message que ces ateliers pouvaient aussi être comme une aide, un pansement pour avancer d’une autre façon dans la reconstruction de chacun et chacune.
• Je suis triste car je me dis qu’on loupe un beau partage, et de beaux échanges entre nous mais aussi avec les autres personnes qui nous entourent. C’était un bel ensemble d’enrichissement.
• Je suis triste de ne pas pouvoir continuer, car je me disais que si je me lançais dans ces ateliers c’était aussi pour amener du renouveau, un autre outil de travail tout en continuant à aller de l’avant.
• Je suis triste aussi car je me disais que cela aurait pu permettre à d’autres victimes de rejoindre le groupe, et de sortir du silence.
• Je suis triste aussi car j’avais des idées de travail sympa, qui auraient pu permettre aux autres personnes de s’exprimer sans avoir d’angoisse, de la peur, mais ça aurait été l’occasion de laisser une trace de ce travail en commun.
• Je suis triste aussi car cela aurait pu permettre aux personnes d’exister autrement que par leur passé et leur souffrance.
• Je suis triste car je ne pourrais pas partager ma belle expérience que je vis moi avec l’art-thérapie. Le mot construire est présent dans ma tête.
• Je suis triste car j’ai aussi le ressenti que mes troubles dissociatifs causent des soucis et posent des questionnements sur la confiance que l’on peut m’accorder. Il y a ce doute constant qui plane.
• Je suis triste car ça aurait été un exemple que j’aurais voulu partager, expliquer comment une « ancienne victime » peut aider les autres à sa façon sans se prendre pour une professionnelle, car il ne faut pas oublier que je ne suis pas une art-thérapeute et que je n’ai pas les diplômes pour cela non plus.
Mais c’était juste transmettre la façon comment moi je me reconstruis simplement, avec le blogue et l’aide d’Emmanuelle qui elle est une professionnelle, qui aurait pu aussi apporter son aide.